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L'expédition de mo'tah. La conquête de la mecque. La bataille de honayn et d'autres evénements impor

L'EXPÉDITION DE MO'TAH. LA CONQUÊTE DE LA MECQUE. LA BATAILLE DE HONAYN ET D'AUTRES EVÉNEMENTS IMPORTANTS SE TERMINANT AVEC LA HUITIÈME ANNÉE DE L'EMIGRATION La Conversion de Khâlid Ibn al-Walîd et de 'Amr Ibn al-'Âç Etant donné que Maymûnah appartenait aux hauts cercles de la noblesse mecquoise, à la fois par naissance et par liens familiaux, le Prophète s'était attendu à la croissance de son influence
L'expédition de mo'tah. La conquête de la mecque. La bataille de honayn et d'autres evénements impor

L'EXPÉDITION DE MO'TAH.
LA CONQUÊTE DE LA MECQUE.
LA BATAILLE DE HONAYN ET D'AUTRES EVÉNEMENTS IMPORTANTS SE TERMINANT AVEC LA HUITIÈME ANNÉE DE L'EMIGRATION


La Conversion de Khâlid Ibn al-Walîd et de 'Amr Ibn al-'Âç

Etant donné que Maymûnah appartenait aux hauts cercles de la noblesse mecquoise, à la fois par naissance et par liens familiaux, le Prophète s'était attendu à la croissance de son influence par son mariage avec elle, et avait donc accepté volontiers la proposition de son oncle 'Abbâs, et il ne fut pas déçu. Une autre sur de Maymûnah était mariée à Moghîrah, un chef parmi les nobles de la Mecque (mais il était un infidèle exécrable, comme y fait allusion le Coran (Sourate al-Muddathir, versets 11-26).

C'est après le mariage de sa cousine Maymûnah avec le Prophète, que Khâlid fils de Walîd se repentit, la huitième année de l'Emigration, et entra dans la nouvelle religion. (165) Ces deux hommes avaient été jusque là des opposants résolus du Prophète et de sa foi. Khâlid avait pris une part active contre le Prophète dans la bataille d'Ohod, et dirigé sans succès plusieurs tentatives pour briser la ligne de retranchement des Musulmans dans la Bataille du Fossé. 'Amr Ibn al-'Âç avait souvent usé de ses talents poétiques en défaveur et au détriment du Prophète.(166) Chacun de ces deux hommes deviendra une figure de proue de l'histoire de l'Islam.

 

La Chaire

Jusqu'ici, le Prophète prononçait ses sermons en s'appuyant sur un tronc de palmier enfoncé dans le sol du Masjid. Au cours de la huitième année de l'Hégire, une chaire à trois marches fut préparée pour cet usage. Désormais, pour faire ses sermons, il s'asseyait sur la marche supérieure de la chaire et posait ses pieds sur la marche inférieure. Lorsqu'Abû Bakr accéda au califat, il s'assit sur la marche moyenne, plaçant ses pieds sur la première marche. Quand 'Omar lui succéda, il s'assit sur la première marche en mettant ses pieds sur le sol. Son successeur, 'Othmân suivit pendant six ans l'exemple de son prédécesseur, mais par la suite, il remonta de deux marches pour s'asseoir sur la marche supérieure que le Prophète avait l'habitude d'utiliser. Mu'âwiyeh rehaussa la chaire de trois étages supplémentaires pour en compter désormais six, et il se plaçait sur la marche supérieure.

La Campagne de Mo'tah

Après son retour du Pèlerinage ('Omrat al-Qadhâ') de la Mecque, le Prophète avait passé environ six mois à Médine lorsqu'il reçut la nouvelle de l'assassinat de son messager Hârith Ibn 'Omayr qu'il avait envoyé porteur d'une missive pour le Gouvemeur de Basrah, l'invitant à embrasser l'Islam. Le messager avait été tué lors de sa halte à Mo'tah, par Charahbil, le Chef de Ma'ab ou Mo'tah. La triste nouvelle chagrina profondément le Prophète qui résolut de punir le chef fautif afin que ses ambassadeurs soient respectés dans l'avenir. Rassemblant, pour ce faire, une armée de trois mille hommes, au mois de Jumâdî-I de l'an 8 de l'Hégire (Sep. 629 ap. J. -C. ), le Prophète fit porter à son ex-serviteur affranchi une bannière blanche pour commander l'expédition, et lui donna l'ordre de presser le pas afin de surprendre le peuple de Mo'tah, de les appeler à l'Islam ou de les combattre au nom du Seigneur s'ils refusaient d'embrasser la Religion.

Si, ordonna-t-il, Zayd venait à être tué dans la bataille, Ja'far (le frère de 'Alî) devrait prendre le commandement, et si ce dernier venait à être tué à son tour, 'Abdullâh Ibn Rawaha devrait le remplacer, et au cas où celui-ci tomberait lui aussi, l'armée devrait choisir quelqu'un dans ses rangs pour assumer le commandement. Cet ordre s'avérera être une prophétie.

En effet, arrivé à Ma'an, Zayd fut informé que l'Empereur romain Héraclius campait à Ma'ab, sur le territoire de Belqa, avec une armée forte de cent mille combattants. En fait c'était Théodorus, le frère de Héraclius, qui se trouvait à la tête d'une force formidable renforcée par les hommes que Charahbil avait recrutés chez les tribus voisines pour venir à son aide, après avoir appris la nouvelle de l'expédition musulmane. Zayd fit halte à Ma'an où les chefs de l'armée musulmane discutèrent, pendant deux jours entiers, des difficultés de leur position.

Beaucoup d'entre eux suggérèrent d'informer le Prophète de la situation et d'attendre ses instructions. Toutefois, 'Abdullâh Ibn Rawahah s'opposa à cette solution et recommanda une avance immédiate. Il dit: «Est-ce que nous devons compter sur notre nombre ou sur l'aide du Seigneur, le Tout-Puissant? Nous combattons pour le Seigneur et dès lors nous ne pourrons jamais être des perdants. Victoire ou Martyre! Nous devrons avoir l'un ou l'autre. Aussi il n'y a pas à hésiter, il faut foncer». Encouragés par ce discours ardent, ils crièrent tous d'une seule voix: «Par Dieu! Le fils de Rawahah a dit la vérité. Avançons!». L'armée se mit donc en marche.

L'État Désastreux de l'Armée Musulmane

S'approchant de Mo'tah, les Musulmans se trouvèrent face-à-face avec l'ennemi. L'armée romaine prit l'offensive et la bataille fut déclenchée. Zayd conduisant en avant sa colonne, le drapeau à la main, se battit courageusement jusqu'à ce qu'il fût tué. Il avait cinquante-cinq ans. Le drapeau fut rapidement ramassé par Ja'far qui descendit de son cheval qu'il estropia sur-le-champ, geste qui signifiait qu'il décidait de se battre jusqu'à la mort ou la victoire. Il conduisit en avant ses hommes pour attaquer, mais son corps fut rapidement couvert de blessures. Il continua à se battre vaillamment jusqu'à ce qu'il s'accrochât avec quelques Romains et qu'il perdît sa main droite. Il reprit le drapeau dans sa main gauche qui fut, elle aussi, coupée. Il tint alors l'Etendard avec les restes mutilés de ses bras, mais il reçut vite un coup sur le crâne et tomba mort. Ensuite 'Abdullâh Ibn Rawahah redressa le drapeau, il connut lui aussi rapidement le même sort.

On ne compta pas moins de quatre-vingt dix blessures, toutes du côté face de son corps, lorsque Ja'far fut enterré avec Zayd Ibn Hârithah et 'Abdullâh Ibn Rawahah dans une seule et même tombe. Ja'far avait quarante et un ans lorsqu'il fut tué. Dès lors les chefs de l'armée musulmane, suivant les instructions du Prophète, se réunirent en un conseil urgent et élurent Khâlid pour assumer le commandement. Mais les chances de remporter un succès ou même de sortir honorablement, sans vainqueur ni vaincu, s'étaient déjà affaiblies, et les hommes avaient perdu courage.

Ils avaient d'ores et déjà pris la décision de prendre la fuite. «Se mettant à leur poursuite, les Romains firent de gros dégâts parmi les fugitifs» (Wackidi, p. 125, de "Muir", vol. IV, p. 100). Khâlid ne put que retirer du champ de bataille le reste dispersé de son armée avec le moins de pertes possibles, pour le sauver de la destruction totale. Il le conduisit directement à Médine.

Comme l'armée s'approchait de la ville, les gens sortirent à la rencontre des survivants, jetant sur leurs visages des poignées de sable et criant des reproches: «Vous avez fui! Vous avez fui l'ennemi alors que vous combattiez pour le Seigneur»(167). Toutefois, on dit que Khâlid avait reçu le titre de Sayfullâh ou "l'Epée de Dieu" à cette occasion.

Lorsque Om Salma, la femme du Prophète, demanda un jour à la femme de Salama Ibn Hichâm Ibn Moghîrah pourquoi ce dernier n'était pas sorti même pour accomplir la prière avec le Prophète, elle lui répondit que les gens le taquinaient en le traitant comme un fugitif de Mo'tah, et que pour cela il s'abstenait de sortir de chez lui.(168)

Les Lamentations du Prophète

Les péripéties de la bataille avaient été rapportées instantanément au Prophète à Médine, et il les avait transmises tout de suite à son entourage.(169) Le jour même où Ja'far avait été tué, le Prophète était allé chez lui pour embrasser ses enfants tendrement et verser un flot de larmes en signe d'affliction. Asmâ', la femme de Ja'far, ayant deviné la vérité, s'était mise à gémir si bruyamment que les femmes s'étaient rassemblées autour d'elle.

Le Prophète était retourné alors chez lui pour demander aux membres de sa propre famille d'envoyer la nourriture chez les Ja'far, parce que, avait-il dit, il n'y aurait pas de nourritures cuisinées là-bas étant donné que cette famille était plongée dans le chagrin causé par la perte de Ja'far.

Le Prophète était allé par la suite visiter la famille de Zayd, et prenant la petite fille de Zayd dans ses bras, il pleura avec des sanglots. La fille pleurait d'amertume et à cette scène tout le monde fut ému. Quelqu'un dans l'assistance demanda, toutefois au Prophète: «Pourquoi cela! Ô Prophète de Dieu?» «C'est, dit-il, l'ardente affection qui s'agite dans le cur d'un ami pour son ami».

Le lendemain matin, le Prophète était entré en souriant dans le Masjid, et lorsque les gens l'avaient accosté, il dit: «Hier, ce que vous avez vu sur moi était dû au chagrin que j'avais éprouvé pour le massacre de mes compagnons, mais par la suite je les ai revus au Paradis, confortablement installés, et j'ai vu un Ja'far avec deux ailes, comme les anges». Depuis lors, Ja'far est connu sous le nom de Ja'far al-Tayyâr ou Ja'far Thul-Janâhayn (le Martyr Ailé).

La Violation du Traité de Hudaybiyyah

En vertu du Traité de Hudaybiyyah, les Banû Khozâ'ah s'étaient déclarés alliés du Prophète alors que les Banû Bakr, agissant sous la même autorité, se proclamèrent partisans des Quraych. Toutes les deux tribus habitaient des vallées contiguës à la Mecque, et un vieux conflit permanent existait en elles. Chaque clan brûlait d'envie de venger les assassinats commis par l'autre clan. Le Traité de Hudaybiyyah qui était entré en vigueur depuis bientôt deux ans stipulait que pendant les dix années à venir il ne devrait pas y avoir d'agressions commises de part et d'autre, c'est-à-dire d'une part le Prophète, de l'autre les Quraych.

Mais certains notables des Quraych avaient dissimulé leurs alliés de Banû Bakr, qui attaquèrent pendant la nuit un campement, sans défiance, des Banî Khozâ'ah, tuant quelques-uns d'entre eux. Les Khozâ'ites envoyèrent une délégation de quarante hommes au Prophète, lui demandant de punir les traîtres meurtriers. Le Prophète ressentit cet incident comme une violation du Traité de Hudaybiyyah, et promit de s'occuper de leur cause comme si elle était la sienne.

Lorsque les Quraych apprirent la nouvelle de la délégation, ils furent excessivement alarmés et députèrent Abû Sufiyân qui se rendit auprès de Mohammad pour remettre les choses sur la bonne voie et renouveler l'accord de paix.(170) En arrivant à Médine, Abû Sufiyân était allé tout d'abord chez fille Om Habîbah, une femme du Prophète, sur laquelle il comptait beaucoup. Mais sa mortification commença à l'endroit même où il cherchait à réparer le tort, car à peine voulut-il s'asseoir sur un tapis dans sa maison qu'elle l'enleva en s'écriant: «C'est le lit du Prophète de Dieu et il est trop sacré pour être souillé par un idolâtre impur».

Abû Sufiyân ressentit vivement l'humiliation dont il venait d'être l'objet, et maudissant sa fille, il quitta le lieu pour se rendre chez le Prophète à qui il donna quelques explications en vue de rétablir l'accord de paix, mais le Prophète ne voulant pas écouter ces explications, Abû Sufiyân ne put obtenir aucune assurance de sa part. Il sollicita ensuite l'intervention de 'Alî et d'Abû Bakr, mais eux aussi le renvoyèrent. Enfin il essaya d'obtenir la faveur de Fâtimah, la fille bien-aimée du Prophète et la femme de 'Alî, la suppliant de faire de son fils al-Hassan son protecteur. Fâtimah répondit qu'al-Hassan était trop jeune (il n'avait qu'environ six ans) pour prendre qui que ce soit sous sa protection, en ajoutant qu'aucune protection n'était valable contre la volonté du Prophète.

Puis il retourna encore chez 'Alî, lui demandant de la conseiller dans sa mission ingrate. 'Alî lui dit qu'il (Abû Sufiyân) ne pouvait rien de plus que proclamer de la part des Quraych les relations amicales qu'ils désiraient maintenir et une continuation de sa propre protection en tant que chef des Quraych. Abû Sufiyân se leva dans la cour du Masjid du Prophète et proclama à haute voix ce que 'Alî lui avait demandé de proclamer, et il retourna à la Mecque pour rapporter aux Quraych ce qu'il avait fait.

Ces derniers le reçurent avec sarcasme et lui firent observer que sa proclamation n'était pas valable sans l'assentiment du Prophète. Ils dirent que 'Alî avait fait de lui un simple jouet. Abû Sufiyân répliqua qu'il savait cela, mais qu'il ne savait pas quoi faire d'autre.(171)

Les Préparatifs en Vue de la Conquête de la Mecque

La tentative avortée d'Abû Sufiyân de renouveler l'accord de paix confirma l'affirmation de la délégation Khozâ'ite et ne laissa aucun doute sur la culpabilité des Quraych. La violation des termes du Traité de Hudaybiyyah ayant été établie, le Prophète résolut de prendre la Mecque et les Mecquois par surprise. Il convoqua ses alliés de tous les quartiers de Médine, mais sans donner aucun détail sur les raisons particulières de cette réunion. L'objectif en resta secret. Un jour Abû Bakr, entrant dans la maison de sa fille 'Âyechah, la trouva en train de préparer le fourniment du Prophète. L'interrogeant sur la raison de ces préparatifs, elle lui répondit qu'on projetait d'entreprendre bientôt une expédition mais dont elle ignorait la direction. Toutes les routes menant à la Mecque furent par la suite fermées afin de prévenir l'arrivée d'informations sur les mouvements du Prophète aux Quraych.

Lorsque tous les préparatifs furent presque terminés, le Prophète ordonna à ses partisans de Médine d'être prêts à l'expédition en leur recommandant de garder le plus grand secret afin que pas le moindre indice de leur mouvement ne parvienne à la Mecque. Malgré toutes ces précautions, le secret fut presque découvert.(172)

En effet, Habîb Ibn Balta'a, l'un des Muhâjirin, partisan du Prophète, digne de foi, et dont la famille était restée à la Mecque, écrivit une lettre à un ami resté lui aussi dans cette ville et l'envoya par une femme nommée Sara. Elle était déjà sur la route de la Mecque, lorsque le Prophète apprit par une source céleste l'envoi de cette missive. Aussi dépêcha-t-il 'Alî et Zubayr, accompagnés par quelques autres bons cavaliers, à la poursuite de la messagère. Ils la rattrapèrent et la fouillèrent soigneusement mais sans trouver la lettre sur elle. Tous les hommes abandonnèrent la recherche et s'en retournèrent bredouilles, excepté 'Alî qui pensa que le Messager de Dieu ne pouvait pas se tromper ni être mal informé. Rendu furieux par cette déception, il tira son cimeterre, et le brandissant au-dessus d'elle, il jura de lui trancher la tête si elle ne donnait pas la lettre. La femme trembla de terreur, sortit la lettre des longues tresses de ses cheveux. Son contenu était le suivant: «De Habîb Ibn Balta'ah aux Mecquois. Santé! Envoyé de Dieu est en train de se préparer pour vous attaquer à l'improviste! Aux armes!»

L'auteur de la lettre ayant été découvert, fut convoqué par le Prophète. Il affirma qu'il était un Croyant sincère, et se justifia en affirmant que sa famille était sans protection à la Mecque et qu'il avait voulu la sauver en assurant d'une façon ou d'une autre la protection de quelques Mecquois. Prenant en considération les services qu'il avait déjà rendus, le Prophète accepta son repentir et lui pardonna. Les neuf premiers versets de la Sourate al-Mumtahanah furent par la suite révélés pour mettre les autres en garde de refaire la même chose.

La Marche sur la Mecque

Le 10 Ramadhân de l'an 8 de l'Hégire (le 1er Janvier, 630 ap. J. -C.) la marche commença. Sur la route, le Prophète demanda un verre plein d'eau pour rompre son jeûne en présence de tous ses hommes qui observaient, eux aussi, le rite puisqu'on était au mois du Jeûne. Son exemple fut suivi par tous à l'exception de quelques-uns dont il dit qu'ils seraient considérés comme pécheurs et comme désobéissant au Seigneur et à Son Prophète s'ils persistaient à observer leur jeûne.

C'était la plus grande armée que Médine eût jamais lancée dans la bataille. La force comptait, outre les Muhâjirîn et les Ançâr les bédouins de Ghifâr d'Aslam de Johaynah et d'Achja'. Les Mozaynah, les Solaym et les Khozâ'ah rejoignirent l'armée sur la route. Il y avait mille bédouins de Mozaynah et mille de Solaym. La force comptait en tout dix mille hommes à la tête desquels marchait le Prophète en direction de la Mecque. Le Prophète avait amené avec lui deux de ses femmes Om Salma et Zaynab Bint Johach, excluant 'Âyechah qui ne l'avait plus accompagné dans une expédition depuis l'affaire de l'expédition de Banî Moçtalaq.

Lorsqu'ils arrivèrent à Johfa ou Thul Holayfah, 'Abbâs, l'oncle du Prophète, accompagné de sa famille qui émigrait à Médine, rencontra le Prophète, lequel le retint pour lui tenir compagnie, et envoya sa famille à Médine. L'armée se mit à marcher aussi rapidement que possible afin de pouvoir camper le soir du septième ou huitième jour à Marr al-Zohrân, en bordure du territoire sacré, au nord-ouest de la ville. Une fois arrivée à ce point, l'armée fut autorisée, pour la première fois depuis le début du voyage, à allumer librement le feu sur les sommets de la montagne de Marr al-Zohrân. Les hauteurs de la montagne furent ainsi rapidement embrasées avec dix mille feux, et les Mecquois qui n'avaient pas été prévenus de ce danger imminent furent frappés de teneur à la vue de ce spectacle.

La Soumission d'Abû Sufiyân

Abû Sufiyân sortit avec Hâkim (le neveu de Khadîjah) et Bodayl (un chef Khozâ'ite)(173) en mission de reconnaissance. Se dirigeant tout droit vers Marr al-Zohrân, il tomba sur 'Abbâs qui, par sentiment de sympathie pour les habitants de sa ville, s'était écarté de l'armée dans l'espoir de rencontrer un voyageur à qui il pourrait confier la mission d'informer les Mecquois de l'approche d'une grande armée et de leur conseiller de se rendre s'ils voulaient éviter la destruction.

'Abbâs ayant reconnu Abû Sufiyân à sa voix, s'approcha de lui. Celui ci demanda impatiemment à 'Abbâs ce qui se passait sur les hauteurs de ces montagnes-là, 'Abbâs lui dit que c'était Mohammad qui y campait avec dix mille partisans dans le but d'envahir la ville le lendemain matin. A ces nouvelles, Abû Sufiyân tomba dans un état de profonde rêverie. 'Abbâs lui conseilla alors de se soumettre immédiatement au Prophète. Se rendant compte qu'il n'y avait aucun espoir de pouvoir s'opposer à l'avancée de la force musulmane, il se résigna aux recommandations de 'Abbâs, lequel le fit monter derrière lui sur son cheval, l'amena jusqu'au Camp et informa le Prophète de la visite de son ami distingué. Le Prophète ordonna à 'Abbâs de le ramener le lendemain matin.

Alors que 'Abbâs se dirigeait vers la tente du Prophète, il était passé devant la tente de 'Omar, lequel, apercevant Abû Sufiyân en compagnie de 'Abbâs, se précipita sur lui pour le tuer. Bien qu'il eût été empêché de commettre cette mauvaise action par 'Abbâs qui lui avait dit qu'Abû Sufiyân était pour le moment sous sa protection, il continua cependant à les suivre, brandissant son épée, et ce jusqu'à ce qu'ils se fussent rendus auprès du Prophète. 'Omar ne s'était retiré qu'après avoir entendu le Prophète garantir un refuge pour Abû Sufiyân chez 'Abbâs à condition qu'il soit ramené auprès de lui le lendemain matin. D'aucuns s'étonnèrent que 'Omar, qui n'avait jamais abattu aucun combattant ennemi dans aucune bataille, s'apprêtât à dégainer son épée pour mettre à mort un prisonnier!

Lorsqu'Abû Sufiyân réapparut le lendemain devant le Prophète en compagnie de 'Abbâs, on lui demanda s'il croyait qu'il n'y a de dieu que l'Unique et le Tout-Puissant Dieu. Il répondit par l'affirmative. Puis on lui demanda s'il croyait que Mohammad était le Prophète du Seigneur. Là, Abû Sufiyân hésita et dit qu'il avait quelques doutes là-dessus.(174) «Malheur à toi! lui dit 'Abbâs. Ce n'est pas le moment de faire montre de fierté futile ni d'avoir de scrupules! Atteste et professe une fois pour toutes et très clairement qu'il n'y a de dieu qu'Allâh et que Mohammad est Son Prophète, sinon ta tête sera séparée de ton corps».

Abû Sufiyân s'exécuta immédiatement, et ainsi, le grand dirigeant des Quraych se retrouva aux pieds du Prophète comme converti. En même temps, Hâkim et Bodayl se convertirent à l'Islam eux aussi. Le Prophète renvoya rapidement Abû Sufiyân à sa ville pour annoncer aux gens que quiconque se réfugiait dans sa maison (d'Abû Sufiyân) ou dans le Sanctuaire de la Ka'bah ne serait pas inquiété et que les occupants des maisons dont les portes resteraient fermées ne seraient pas molestés.

Il n'est pas difficile pour le lecteur de se rappeler les positions extrêmement hostiles d'Abû Sufiyân à l'égard de l'Islam et de son fondateur. Il avait été le pire des ennemis du Prophète à la vie duquel il n'avait pas hésité à attenter. Maintenant la Providence le mettait à la merci du Prophète qui pouvait se venger de lui en prononçant un seul mot ou un seul ordre pour qu'il fût décapité ou enchaîné pour servir d'exemple et terrifier les Mecquois. Mais le contraste entre les nobles Hâchimites et les Omayyades est très net lorsqu'on regarde la magnanimité incomparable dont fit preuve le Prophète envers son adversaire déchu.

Notre noble et bienveillant Prophète Mohammad (Que la Paix soit sur lui et sur ses nobles descendants) non seulement pardonna à Abû Sufyân, mais il lui permit de rehausser sa position encore plus parmi son peuple en lui accordant le privilège de pouvoir donner refuge à ceux qui le lui demanderaient. Quelle autre attitude pourrait être aussi magnanime?

Avant qu'Abû Sufiyân eût quitté le Camp, les Forces avaient été placées en rangs. Se tenant debout à côté de 'Abbâs, il observa chaque colonne et impressionné par le spectacle, il s'exclama, l'air étonné: «Ton neveu est un roi puissant, sans aucun doute!»(175) 'Abbâs répondit sur un ton de reproche qu'il était plus qu'un roi, un Prophète puissant.

Ayant reconnu la vérité, Abû Sufiyân retourna vite à la Mecque où il cria à haute voix que Mohammad était aux portes de la ville avec une grande force, que toute résistance et toute opposition étaient vouées à l'échec, que par conséquent la seule issue raisonnable était une reddition inconditionnelle, et que Mohammad avait garanti la sécurité de ceux qui se cloîtreraient dans leurs maisons ou qui se réfugieraient dans le Sanctuaire de la Ka'bah ou dans sa propre maison. Les gens, terrifiés, n'avaient d'autre possibilité que de suivre son conseil. Aussi fuirent-ils en toutes directions pour s'enfermer chez eux ou chercher secours à la Ka'bah.

L'Entrée du Prophète à la Mecque

Entre-temps, l'armée avait reçu l'ordre de faire mouvement vers la Mecque. Arrivé à Thû Towâ, près de la ville, et n'ayant rencontré jusque là aucune résistance à sa progression, le Prophète fit un grand salut, sur son chameau, et accomplit la prière en signe de gratitude envers Dieu. Dans son "Life of Muhammad", page 150, W. Irving fait la relation suivante de l'entrée du Prophète dans la Mecque:

«A l'entrée de la Mecque, Mohammad, qui ne savait pas quelle sorte de résistance il rencontrerait, avait soigneusement réparti ses forces avant de pénétrer dans la ville. Alors que le principal corps s'avançait directement, de puissants détachements progressaient sur les hauteurs, de deux côtés. 'Ali qui commandait un grand corps de cavaliers avait reçu la mission de porter le drapeau sacré qu'il devait planter sur la Montagne de Hajun et de l'y maintenir jusqu'à ce qu'il fût rejoint par le Prophète.

»Des ordres formels avaient été donnés à tous les généraux afin qu'ils fassent preuve de patience et qu'ils n'attaquent en aucun cas les premiers, car Mohammad désirait de tout cur plutôt gagner la Mecque par la modération et la clémence que la soumettre par la violence. Il est vrai que tous ceux qui opposèrent une résistance armée furent abattus, mais personne parmi ceux qui s'étaient rendus sans résistance ne fut inquiété. Surprenant l'un de ses Capitaines(176) (Sa'd b. 'Obâdah) en train d'affirmer dans un excès de zèle qu'il n'y avait pas de lieu sacré le jour de la bataille, il le fit immédiatement remplacer par un Commandant plus calme. Le corps principal de l'armée avançait sans violences. Mohammad l'abandonna, faisant avancer la garde arrière. Il portait une veste écarlate et il était monté sur son chameau favori, al-Qaswa. Il continuait à avancer, mais lentement, car son mouvement était ralenti par l'immense multitude qui se pressait autour de lui. Arrivé sur la montagne de Hajun où 'Alî avait planté l'étendard de la foi, il eut une tente dressée pour lui. Là il descendit de son chameau, ôta sa veste et enfila le turban noir et le costume de pèlerinage.

»Jetant un coup d'il en bas, sur la plaine, il aperçut avec affliction et indignation les reflets des sabres et des lances, et Khâlid, qui commandait l'aile gauche, en pleine course de carnage. Ses troupes composées d'hommes de tribus bédouines, convertis à l'Islam, étaient exaspérées par une volée de flèches lancées par l'armée de Quraych. Là, le guerrier furieux, fonça sur le regroupement le plus dense de l'ennemi avec sa lance et son sabre, suivi rapidement par ses troupes qui mirent les adversaires en fuite, et traversèrent pèle-mêle avec eux les portes de la Mecque. Seuls les commandements du Prophète appelant à la modération purent préserver la ville d'un massacre général».

Dans cette échauffourée, seulement vingt-huit Mecquois furent tués.

Amnestie Générale Décrétée par le Prophète

Peu après, le Prophète remonta sur son chameau et se rendit directement au Sanctuaire de la Ka'bah où il fit les salutations rituelles à la Pierre Sacrée, accomplit les sept tournées autour du Sanctuaire, et offrit les prières de dévotion. A la vue des chefs hautains et des autres Mecquois qui avaient voulu détruire sa Religion, toutes les souffrances et les blessures qu'ils lui avaient faites: leurs persécutions impitoyables, leur traitement brutal réservé à ses partisans et adeptes, les privations auxquelles ils l'avaient condamné, lui et les Hâchimites, en leur imposant le blocus et la proscription à Chi'b Abî Tâlib, les attentats à sa vie qu'ils avaient entrepris sans succès, la chasse à l'homme qu'ils avaient organisée en vue de l'assassiner et qui l'avait conduit à fuir de sa maison à la faveur de la nuit, tous ces souvenirs durent passer par sa mémoire à ce moment-là.

A présent il avait le pouvoir de se venger de tous les maux qu'on lui avait infligés. La ville était à sa merci. Mais la magnanimité, la générosité et la patience dont fit preuve le Prophète alors ne sauraient retrouver un exemple similaire dans l'histoire: «A quoi pouvez-vous vous attendre de ma part?» leur demanda-t-il. «La miséricorde! O Noble et Généreux Maître!», le supplièrent-ils. Les larmes perlèrent dans les yeux du Prophète, lorsqu'il les entendit crier miséricorde. «Je vais vous parler, leur dit-il, comme Joseph parla à ses frères. Je ne vais pas vous faire de reproches aujourd'hui: Dieu vous pardonnera, car IL est Miséricordieux et Affectueux. Allez, vous êtes libres!».

Y a-t-il une attitude plus sublime? (Que la Paix éternelle soit sur Mohammad et sur sa descendance).

La Destruction des Idoles de la Ka'bah

Il y avait trois cent soixante idoles tout autour de la Ka'bah. Le Prophète, pointant son bâton vers chacune d'elles, récita ce verset: «La vérité est venue, l'erreur étant périssable, a disparu». (Sourate Banî Isrâ'il, 17: 81) et les idoles tombèrent sur leur face.

Les images d'Ibrâhîm, d'Ismâ'î1 et des Anges, sous forme féminine, qui couvraient les murs de la Ka'bah, disparurent. La grande idole, appelée Hobal, considérée comme la déité de la Mecque, était fixée dans une position élevée et difficilement accessible. Pour la détruire, le Prophète incita 'Alî à monter sur ses épaules. 'Alî exécuta le désir du Prophète, monta sur ses épaules, arracha l'idole et la jeta par terre.(177)

Elle se brisa en éclats. Une proclamation fut faite dans les rues de la Mecque intimant l'ordre à quiconque croyait en Dieu et au Jour du Jugement de détruire toute image ou toute idole pouvant se trouver dans sa maison. Quelques personnes furent chargées de détruire les idoles dans les habitations avoisinant la Mecque.

L'Attribution des Postes relatifs à la Ka'bah

L'heure de la prière de midi étant venue, 'Alî, qui avait repris la clé du Sanctuaire à son ex-conservateur, 'Othmân Ibn Talhah Ibn 'Abd al-Dar, la donna au Prophète, lequel ouvrit la porte, entra dans le Sanctuaire, et y accomplit les prières. Bilâl lança son appel à la prière du haut du toit du Sanctuaire.

Après les prières, le Prophète rendit la clé miséricordieusement à 'Othmân Ibn Talhah, lui réattribuant la garde de la clé, comme poste héréditaire et perpétuel. 'Othmân fut si touché par la justice du Prophète qu'il embrassa volontiers l'Islam sur-le-champ, alors qu'il avait refusé au début de transmettre la clé à 'Alî, afin d'empêcher le Prophète d'accéder au Sanctuaire.

Puis se tournant vers son oncle 'Abbâs, le Prophète le confirma dans son poste de fournisseur d'eau des pèlerins. Ces postes sont encore détenus par les descendants respectifs des deux personnages précités. Il confia à quelques Khozâ'ites la mission de réparer les colonnes de démarcation entourant le territoire sacré, décrétant la Ka'bah comme étant dorénavant un Sanctuaire inviolable à l'intérieur duquel il serait interdit de répandre le sang et même d'abattre un arbre.

Hommage Rendu par les Mecquois au Prophète

Le Prophète se rendit ensuite sur la colline de Çafâ et convoqua les Mecquois pour qu'ils lui présentent leur hommage et lui jurent fidélité. Ces mêmes gens qui, quelque huit ans auparavant, avaient abusé de lui, et l'avaient contraint à fuir pour sauver sa vie, semblaient maintenant honteux, la tête baissée, reconnaissant Mohammad comme leur maître, leur dirigeant, et le vrai Messager de Dieu. Tous les hommes d'abord toutes les femmes ensuite, se présentèrent et prêtèrent serment de fidélité et d'allégeance au Prophète, et jurèrent de rester Musulmans sincères. Puis les hommes vinrent toucher les mains du Prophète, les femmes, un morceau de vêtement couvrant sa main.

Les Personnes Proscrites

Seuls onze hommes et six femmes avaient été exclus de l'amnistie générale étendue aux Mecquois. Ils furent proscrits et le Prophète ordonna à ses compagnons de les tuer où qu'ils les trouvent. Houwayrith et Hârith, les deux ennemis invétérés de l'Islam furent exécutés par 'Alî dès qu'ils les eut trouvés.

«Parmi les exclus de l'amnistie, il y avait un autre apostat nommé 'Abdullâh B. Sa'd (dit Ibn Abî Sarh) que Mohammad avait employé à Médine pour transcrire les passages du Coran qu'il lui dictait. (Il s'ingéniait à changer les mots dictés. Une fois son méfait découvert, il fuit de Médine comme apostat). Son frère adoptif ('Othmân B. 'Affân, qui deviendra plus tard le troisième calife) lui avait donné refuge jusqu'à ce que le calme fût restauré. Après quoi, il implora le Prophète de lui pardonner. Le Prophète, peu désireux d'accorder son pardon à un si grand offenseur, resta silencieux pendant un certain temps, mais à la fin il lui fit grâce.

»Lorsque 'Abdullâh se retira, Mohammad s'adressa à ses compagnons qui étaient assis autour de lui, en leur disant: "Pourquoi aucun d'entre vous ne s'est-il levé pour lui briser le cou. Je suis resté silencieux dans l'attente d'un tel geste". "Mais tu ne nous as fait aucun signe dans ce sens", répondit l'un d'eux. "Donner des signes, c'est trahir. Il n'est pas convenable pour un Prophète d'ordonner la mort de quiconque d'une telle façon». ("Life of Mohammad" de W. Muir)

Parmi les onze hommes proscrits quatre seulement furent exécutés. Les autres avaient échappé à la peine capitale, ayant obtenu leur grâce d'une façon ou d'une autre. Quatre des femmes condamnées furent mises à mort, et les deux autres pardonnées. Avec sa magnanimité incroyable et son endurance incomparable, le Prophète gagna les curs de toute la population de la Mecque, au point qu'au cours des deux premiers jours de son arrivée, presque tous les habitants de la Mecque, renonçant à leur idolâtrie profondément enracinée, embrassèrent sa Religion et le reconnurent comme Prophète de Dieu.

La Conduite Cruelle de Khâlid

Les Banû Juthaymah, qui vivaient sur un territoire situé à un jour de marche de la Mecque, avaient déjà embrassé l'Islam, mais aucun d'eux n'était encore venu présenter ses respects au Prophète alors qu'il se trouvait tout près. Le Prophète délégua donc Khâlid avec un petit détachement pour une mission de renseignement et avec des instructions formelles l'invitant à éviter de provoquer un conflit.

Khâlid s'était réjoui au fond de lui-même d'avoir cette mission qui lui offrait la possibilité de venger la mort de son oncle Alfaka que les Juthaymites avaient tué en même temps que 'Abdul-Rahmân, père de 'Awf, quelques années auparavant, en pillant une caravane en provenance du Yémen. Khâlid et ses hommes se dirigèrent vers leurs demeures et firent halte à l'extérieur. Un groupe de Juthaymites prit les armes et sortit à leur rencontre, ne sachant pas s'ils étaient des amis ou des ennemis.(178) Khâlid les saluant sur un ton arrogant, leur demanda s'ils étaient Musulmans ou infidèles. Ils répondirent d'une façon hésitante qu'ils étaient des "Musulmans".

«"Pourquoi, donc demanda Khâlid, êtes-vous sortis avec des armes à la main?" "Parce que, répondirent-ils, nous vous avons pris pour des gens de quelque tribu hostile, venus ici pour nous attaquer par surprise". Khâlid leur ordonna sèchement de déposer leurs armes. "Ils offrirent une soumission immédiate, avouèrent qu'ils étaient des convertis et déposèrent leurs armes conformément à l'ordre de Khâlid. Mais celui-ci, mû par l'ancienne inimitié et donnant avidement preuve de sa cruauté sans scrupule qui marquera sa carrière par la suite et qui lui vaudra le titre de "l'Epée de Dieu", les fit prisonniers et ordonna leur exécution». ("Life of Mohammad", p. 135 de W. Muir)

'Alî Énvoyé pour Réparer l'Effusion de Sang

En recevant la nouvelle de cet outrage gratuit, le Prophète fut affligé, levant les mains vers le ciel et appela Dieu à témoigner qu'il était innocent de ce que Khâlid avait fait.(179) A son retour, Khâlid, réprimandé vertement, rejeta la responsabilité du massacre sur 'Abdul-Rahmân, mais le Prophète, indigné, repoussa cette accusation, et envoya 'Alî avec une somme d'argent pour la distribuer parmi les familles des victimes en guise de réparation de l'effusion de sang, et pour leur restituer ce que Khâlid leur avait arraché.

Le généreux 'Alî exécuta fidèlement sa mission. S'enquérant de la perte et des souffrances subies par chaque individu, il lui paya autant d'indemnité qu'il demanda. Une fois que tout le sang répandu eut été expié, et que toutes les souffrances eurent été indemnisées, 'Alî distribua l'argent qu'il avait porté sur lui, parmi la population, égayant chaque cur par sa bonté. Le Prophète applaudit à cette générosité, loua et remercia 'Alî. Khâlid fut blâmé et désavoué.

Le traitement cruel infligé par Khâlid aux Banû Juthaymah laissa toutefois une si mauvaise impression sur les autres tribus qui n'avaient pas encore embrassé l'Islam que les Banû Hawâzin, les Banfi Thaqîf, les Banfi Sa'd et beaucoup d'autres qui pensaient depuis un certain temps déjà à se soulever contre le pouvoir grandissant de l'Islam, voulant maintenant prévenir toute attaque contre eux, décidèrent d'attaquer eux-mêmes.

Sous le commandement de leur chef, Mâlik Ibn 'Awf, les Banû Thaqîf et les Banû Hawâzin rassemblèrent avec d'autres tribus quatre mille combattants à Awtas, une vallée située entre la Mecque et Tâ'if, afin de faire face aux forces du Prophète, si elles osaient s'approcher d'eux. Ils amenèrent avec eux leurs femmes, enfants, troupeaux et bétail qui les suivaient en arrière. Dorayd, un vieux guerrier très âgé, qui les accompagnait dans sa litière, protesta contre cette démarche dangereuse, mais la jeune Mâlik ne prêta aucune attention à ses dires, pensant qu'en présence de leurs familles et pour assurer leur sécurité et préserver leur honneur, les hommes ne tourneraient pas le dos à l'ennemi et risqueraient plutôt leur propre vie en combattant vaillamment jusqu'à la victoire.

La Bataille de Honayn

Les nouvelles alarmantes en provenance de Tâ'if contraignirent le Prophète à abréger son séjour à la Mecque où il avait été occupé au règlement des affaires publiques pendant une quinzaine de jours, depuis la Conquête, le 20 Ramadhân.(180)

Il quitta donc la Mecque, le 6 Chawwâl de l'an 8 de l'Hégire avec ses dix mille partisans qui étaient venus avec lui de Médine, ainsi que deux mille hommes de la Mecque, qui se portèrent volontaires pour combattre à ses côtés. Comme d'habitude, 'Alî porta l'Etendard de l'Islam.

Lorsque cette imposante force de douze mille hommes, composée de différentes tribus, chacune dressant son propre drapeau en tête, se mit en marche, Abû Bakr s'exclama joyeusement: «Nous ne serons pas vaincus aujourd'hui par manque de nombre». L'armée arriva au milieu de la nuit près de la vallée de Honayn, située presque à michemin entre la Mecque et Tâ'if.

En même temps, les Banû Hawâzin et leurs alliés, conduits par Mâlik B. 'Awf, ayant avancé dans la vallée de Honayn et pris position dans un endroit sûr commandant le passage étroit qui formait l'entrée de la vallée, attendaient tranquillement l'approche de l'armée du Prophète.

La Fuite des Musulmans

Tôt le matin du 10 Chawwâl, l'armée musulmane commença sa marche vers le Passage. Le Prophète, monté sur sa mule blanche, Duldul, suivait la marche, à l'arrière de ses forces. La colonne la plus avancée, composée des Banî Solaymân et conduite par Khâlid, progressait à une allure mesurée vers le Passage escarpé et étroit. Lorsque les Banû Hawâzin surgirent de leur lieu d'embuscade et chargèrent la colonne de Khâlid impétueusement, celui-ci ne put soutenir le choc et sa colonne, frappée de stupeur par l'assaut, fut brisée et recula.(181)

Le choc fut transmis d'une colonne à l'autre. Toute l'armée, paniquée, prit la fuite. Comme colonne après colonne filaient pêle-mêle devant lui, le Prophète s'écria: «Où allez-vous? Le Prophète de Dieu est ici! Revenez! Revenez!» Mais personne ne prêtait attention à ses injonctions. Les compagnons distingués du Prophète, y compris 'Omar Ibn al-Khattâb, avaient pris eux aussi la fuite.(182) Seuls quatre hommes, tous des Banî Hâchim, restèrent avec le Prophète. C'étaient: 'Abbâs et son fils Fadhl, Abû Sufiyân B. Hârith et son frère Rabî'ah.(183)

Les Sarcasmes des Mecquois

Certains des notables mecquois, rendus heureux par ce revers, ouvrirent leurs curs pour faire des remarques vindicatives contre les Musulmans.(184) Ainsi, Abû Sufiyân Ibn Harb dit: «Ils ne s'arrêteront pas avant d'arriver au bord de la mer (dans leur fuite)». Jabala ou Kalda, le frère de Çafwân se moqua: «La magie de Mohammad a fait faillite aujourd'hui». Chaybah, un fils de 'Othmân B. Abî Talhah (tué à Ohod) jura qu'il tuerait à présent Mohammad. La confusion alla croissant.

Le Retour des Compagnons

A la fin, le prophète demanda à son oncle 'Abbâs qui tenait sa mule, de crier à haute voix: «Ô citoyens de Médine! Ô hommes de l'Arbre de Fidélité (allusion à ceux qui firent serment sous l'arbre à Hudaybiyyah)! Ô vous de la Sourate al-Baqarah (leur rappelant l'hommage qu'ils avaient présenté au moment de leur conversion à l'Islam)!»

La voix de stentor de 'Abbâs, retentissant à plusieurs reprises, fut entendue par les fuyards qui y répondirent par "Labbayk" de toutes parts et amorcèrent un mouvement de retour. Environ cent hommes, tous des Ançârites,(185) arrivèrent au Passage étroit et mirent en échec l'avance de l'ennemi. Le porte-drapeau des Banî Hawâzin, nommé 'Othmân ou Abû Jarwal, qui était un homme d'une taille et d'une stature extraordinaires, et fort bien bâti, s'avança et défia les Musulmans en combat singulier.

'Alî s'avança et engagea le combat contre lui. Entre-temps l'armée musulmane se ressemblait peu à peu autour du Prophète. 'Alî réussit à tuer son adversaire.(186) A présent les deux parties étaient proches l'une de l'autre et se battaient au corps à corps. La bataille était féroce. Le Prophète, qui observait le combat du haut d'une colline, prit une poignée de gravier et la lança en direction de l'ennemi en disant: «Que la ruine se saisisse d'eux!» Tout de suite ils se mirent à trembler et peu après ils prirent la fuite. Les Musulmans les suivirent de près et en tuèrent plusieurs. Les versets coraniques suivants font mention de cette bataille:

«Dieu vous a secouru de nombreux engagements et le jour de Honayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre, mais cela ne vous a servi d rien, et la terre, toute vaste qu'elle est vous paraissait étroite, puis vous avez tourné le dos en fuyant (c'est-à-dire que la terre vous a semblé être trop étroite dans votre fuite précipitée). Dieu fit descendre ensuite la tranquillité sur Son Prophète et sur les Croyants et IL fit descendre des soldats invisibles. IL a châtié ceux qui étaient incrédules. Telle est la rétribution des incrédules». (Sourate al-Tawbah, 9: 25-26).

Khâlid, toujours d'une cruauté frappante, fut là encore réprimandé pour avoir tué une femme.

La Défaite et la Fuite des Infidèles

La bataille fut gagnée.(187) L'ennemi ayant perdu soixante-dix de ses meilleurs combattants, dont quarante avaient été tués par 'Alî, fuit vers son camp à Awtas. Il fut immédiatement poursuivi par un fort détachement de l'armée musulmane, commandé par Abû Amir al-Ach'arî. Abû Amir, après avoir tué plusieurs adversaires, fut tué lui-même. Son cousin, Abû Mûsâ al-Ach'arî, prit ensuite le commandement et mit l'ennemi en fuite. En fuyant vers Tâ'if celui-ci abandonna son camp qui tomba dans les mains des Musulmans. A part les six mille prisonniers de guerre - y compris les femmes et les enfants, le butin de Honayn et d'Awtas fut comme suit: quarante mille moutons et chèvres, quatre mille "okes" d'argent et vingt-quatre mille chameaux. Les prisonniers et le butin furent transférés à Je'rana, et mis à l'abri en attendant le retour de l'armée de Tâ'if vers lequel les Musulmans étaient en train de progresser.

Le Siège de Tâ'if

Tout de suite après le retour du détachement d'Awtas, le Prophète partit avec ses armées à travers Nakhlah pour Tâ'if devant lequel il mit le siège. Les Hawâzin et leurs alliés, pour prévenir le siège de Tâ'if, avaient déjà pris des mesures défensives. Le siège se prolongea au-delà de vingt-quatre jours sans produire l'effet escompté, et le Prophète ayant fait un rêve conclut que les opérations n'auraient pas de succès et se résolut à enlever le siège. Mais en recevant l'ordre de se retirer l'armée commença à grogner, ce qui amena le Prophète à l'autoriser à lancer un assaut général le lendemain. L'assaut eut lieu comme prévu et les assaillants furent repoussés après avoir subi des pertes. 'Abdullâh, un fils d'Abû Bakr, fut blessé et il mourra des suites de ses blessures quelques années plus tard. Abû Sufiyân, le Chef mecquois perdit un il par le tir d'une flèche. A la fin l'armée fît marche arrière et se retira vers Je'rana où le butin de Honayn était conservé dans l'attente d'être distribué.

La Distribution du Butin de Guerre de Honayn

Malgré le long intervalle entre la bataille de Honayn et la distribution de son butin, aucune tribu ennemie n'était revenue engager des négociations en vue de récupérer ses familles captives, comme s'y attendait le Prophète. Maintenant l'armée, craignant que les tribus ne reviennent et que le Prophète, avec sa nature magnanime, ne leur restitue leurs biens, se pressa autour de lui et poussa des clameurs pour que les dépouilles des récentes batailles fussent distribuées, manifestant son impatience pour le retard de cette distribution.

Exaspéré par leur attitude, le Prophète leur dit avec indignation: «M'avez-vous jamais vu faux ou malhonnête?» Et arrachant des poils du dos d'un chameau, il ajouta en élevant la voix: «Par Allâh! Je n'ai jamais détourné même l'équivalent d'un cheveu du butin, ni pris pour ma part plus que le cinquième, et même ce cinquième je l'ai dépensé pour votre bien».

Le butin fut toutefois partagé comme d'habitude, à raison de quatre cinquièmes pour l'armée et un cinquième pour le Prophète. Ainsi, quatre chameaux et quarante moutons ou chèvres furent la part de chaque soldat, et trois fois plus, ainsi que quelques captifs pour chaque cavalier.

En tenant compte de l'exultation des nobles des Quraych de la Mecque, qui attendaient impatiemment la défaite du Prophète à Honayn, on peut douter sérieusement de leur foi malgré leur conversion à l'Islam. Pour gagner leurs curs (Sourate al-Tawbah, 9: 60) et pour les faire s'attacher plus solidement à lui et à sa Foi, le Prophète leur offrit beaucoup de cadeaux et de dons prélevés sur sa propre part (le cinquième du butin), dans le but de les convaincre qu'en se convertissant à l'Islam ils gagnaient plus et perdaient moins.

Ainsi, Abû Sufiyân obtint cent chameaux et cinquante "okes" d'argent. D'autres cadeaux, prélevés toujours sur sa part, furent distribués, selon une proportion adéquate, à Yazîd et Mu'âwiyeh fils d'Abû Sufiyân, à 'Ikrimah fils d'Abû Jahl et à son frère Hârith, à Çafwân Ibn Omayyah, à Hâkim B. Hozam, ainsi qu'à d'autres notables. Les bénéficiaires de tels dons sont connus dans l'histoire de l'Islam sous l'appellation les "Amnistiés" (Al-Tulaqâ').

«Parmi cette catégorie de convertis ainsi réconciliés figurait 'Abbas B. Marwân, un poète. Il n'était pas satisfait de sa part et exprima son mécontentement par des vers satiriques. Mohammad le surprit en train de réciter ces vers. "Prends cet homme et coupe-lui la langue", ordonna-t-il. 'Omar, toujours partisan des mesures rigoureuses, allait exécuter la sentence à la lettre et sur place. Mais 'Alî qui avait mieux compris l'intention du Prophète,(188) conduisit 'Abbâs qui tremblait sur le lieu où était rassemblé le bétail capturé et lui ordonna d'en choisir ce qu'il voulait. "Quoi!", cria le poète joyeusement soulagé de la terreur de la mutilation. "C'est cela que le Prophète voulait me faire? Par Allâh! Je n'en prendrai rien". Mohammad persista toutefois dans sa générosité et lui envoya soixante chameaux. A partir de ce jour, le poète ne se lassera pas de chanter la libéralité du Prophète». ("Life of Mohammad", W. Irving, p. 162)

Le Mécontentement des Médinois

Les Médinois, qui avaient vécu plus que quiconque les péripéties de toutes les batailles de l'Islam, se sentirent frustrés par ce traitement de faveur accordé aux Quraychites. Ils le prirent pour une marque de népotisme de la part du Prophète, et d'irrespect pour les services méritoires qu'ils avaient rendus eux-mêmes pendant les années passées de la lutte. Ils grognèrent contre la préférence donnée aux Quraych. Abul-Fidâ' dit: «Une fois la distribution terminée, Thul Khuwayçarah critiqua franchement le Prophète, lequel le qualifia d'homme dont la postérité serait constituée des dissidents (Khârijites); et c'est ce qui arriva effectivement lorsque Harqûs fils de Thul Thaddiyah, un descendant de Thul Khuwayçarah, sera le premier à prêter serment d'alliance contre le Calife 'Alî et qu'il deviendra dissident ou Khârijite».

Les Médinois Réconciliés

S'étant rendu compte du mécontentement des Médinois, le Prophète entra sous sa tente en compagnie de 'Alî et peu après il convoqua les notables de Médine.

Selon W. Ivring, le Prophète leur dit: «Ô vous les hommes de Médine! N'étiez-vous pas en désaccord entre vous-mêmes et n'est-ce pas moi qui vous ai apporté l'harmonie? N'étiez-vous pas dans l'erreur et n'est-ce pas moi qui vous ai mis sur le droit chemin? N'étiez-vous pas pauvres et n'est-ce pas moi qui vous ai rendus riches?» Ils reconnurent la véracité de ces propos. «Voyez-vous?» ajouta-t-il. «Lorsque je suis venu parmi vous, vous m'avez cru, alors que j'avais été stigmatisé (par les Mecquois) comme un menteur; vous m'avez protégé, alors j'étais un fugitif; et vous m'avez aidé, alors que j'étais sans secours! Croyez-vous donc que je sois inconscient de tout cela? Pensez-vous que je sois ingrat? Vous vous plaignez du fait que j'accorde à ces gens-là des cadeaux et que je ne vous en donne pas. C'est vrai, je leur donne des biens de ce monde, mais c'est pour gagner leurs curs attachés à ce monde. A vous qui êtes des hommes vrais, je vous donne moi-même! Ils retournent chez eux avec des moutons et des chameaux, mais vous, vous retournez avec le Prophète de Dieu parmi vous. Car, par Celui qui détient entre Ses mains l'âme de Mohammad, si le monde entier allait d'un côté et vous de l'autre, je resterais avec vous! Lequel donc, de vous ou d'eux, ai je récompensé le plus?»

Les Ançâr furent si touchés par ce discours du Prophète qu'ils sanglotèrent à haute voix et que leurs barbes furent mouillées par leurs larmes. Aussi s'écrièrent-ils: «Ô Messager de Dieu! Nous sommes contents de ta compagnie et satisfaits de nos parts».

Les Prisonniers de Guerre

Parmi les captifs figurait une femme âgée, nommée Chaymâ', qui affirmait qu'elle était la fille de Halîmah, la nourrice du Prophète, donc la sur de lait de ce dernier.(189) Elle fut amenée devant le Prophète qui reconnaissant en elle la fille qui le gardait et le portait lorsqu'il avait été nourrit par Halîmah chez les Banî Sa'd, tendit son manteau vers elle et la fit s'asseoir affectueusement à côté de lui. Il lui offrit de l'amener avec lui à Médine, mais elle préféra rester avec sa tribu. Elle eut alors l'autorisation de retourner chez elle, après qu'on lui eut offert de beaux cadeaux et fourni généreusement tout ce qu'il fallait pour son voyage.

Encouragée par cet excellent traitement réservé par le Prophète à une proche, une délégation de Banî Sa'd, de Banî Hawâzin et d'autres tribus vint voir le Prophète, se soumit à son autorité et le pria de leur rendre leurs femmes, leurs enfants et leurs biens. «Qu'est-ce qui est le plus cher, vos familles ou vos biens?» demanda-t-il aux Hawâzin. "Nos familles» répondirent-ils. «C'est bien, dit-il. Pour autant que cela concerne 'Abbâs et moi-même, nous sommes prêts à renoncer à notre part de prisonniers; mais il faudrait convaincre les autres aussi. Venez me voir après la prière de midi et dites: Nous implorons l'Envoyé de Dieu de recommander à ses partisans de nous rendre nos femmes et nos enfants, et nous implorons ses adeptes d'intercéder auprès de lui en notre faveur». Les délégués firent ce qui leur avait été conseillé. Mohammad et 'Abbâs renoncèrent immédiatement à leur part de prisonniers de guerre, ils furent suivis alors par tous les autres.(190)

'Alî Inspiré de Secrets Divins

Pendant la période où l'armée campait autour de la ville assiégée de Tâ'if, le Prophète avait envoyé un détachement sous le commandement de 'Alî afin d'inviter les tribus habitant aux alentours de Tâ'if à embrasser l'Islam et à détruire les idoles qu'elles adoraient. 'Alî avait eu quelques accrochages, spécialement avec le clan de Khoth'am qui lui avait résisté. Mais le chef de ce clan, Chabab, ayant été tué par 'Alî, les autres s'étaient soumis. Ayant exécuté avec succès et fidélité sa mission, il était retourné auprès du Prophète, lequel en le voyant s'était écrié: "Allâh-u-Akbar" et l'avait amené seul dans son appartement sacré pour avoir avec lui une longue et confidentielle conversation. Ses compagnons éminents, et tout spécialement, 'Omar, se mirent à murmurer, se demandant pour quoi le Prophète engageait avec son cousin une si longue conversation confidentielle, sans permettre à d'autres d'y assister. Ayant reçu l'écho de ces murmures, le Prophète dit que c'était Dieu Lui-Même Qui avait inspiré à 'Alî quelques Secrets Divins, et que c'était pour cette raison qu'il avait eu avec lui un long entretien confidentiel.(191)

Mâlik Ibn 'Awf

L'un des chefs des Banî Hawâzin, Mâlik B. 'Awf, qui s'était enfermé dans sa citadelle à Tâ'if, avait reçu de la part du Prophète la promesse de reprendre ses biens et sa famille et d'obtenir en outre un cadeau de cent chameaux, s'il consentait à embrasser l'Islam. Il accepta l'offre et il obtint, outre ce cadeau, le commandement de tous ses hommes qui devraient se convertir à l'Islam. Après sa conversion à l'Islam, il s'avéra être un Musulman utile et enthousiaste.

Le Retour du Prophète

La distribution du butin de la guerre ayant été achevée, le Prophète fit le vu d'accomplir le Pèlerinage. Le 18 Thilqa'dah de l'an 8 de l'Hégire, vêtu de l'habit de pèlerinage, il se rendit à la Mecque et y accomplit, le Pèlerinage Mineur.

'Otbah B. Osayd et Mo'az B. Jabal, que le Prophète avait nommés respectivement Gouverneur et Chef du Clergé de la Mecque lors de son départ pour Honayn, furent confirmés maintenant dans leurs fonctions. La même nuit, il retourna à Je'rana, et le lendemain matin il prit le chemin du retour à Médine.

Ibrâhîm, Fils du Prophète

Lors du retour du Prophète à Médine, Marya, la fille copte qui avait été envoyée par le Gouverneur d'Egypte au Prophète, mit au monde un fils au mois de Thilhaj de l'an 8 de l'Hégire. L'enfant fut appelé Ibrâhîm, mais il ne vécut que quatorze mois.

La Prohibition de l'Alcool

En l'an 8 de l'Hégire, la consommation du vin fut formellement interdite, bien que sa désapprobation ait déjà commencé en l'an 4 de l'Hégire, à la suite de la révélation du verset coranique suivant:

«Ils t'interrogent au sujet du vin et du jeu de hasard; dis: "Ils comportent tous deux, pour les hommes, un grand péché et un avantage, mais le péché qui s y trouve est plus grand que leur utilité"». (Sourate al-Baqarah, 2: 219).

Après cette révélation, certains Musulmans renoncèrent à l'alcool, alors que d'autres continuèrent à en consommer jusqu'au jour où au cours d'une réception organisée par 'Abdul- Rahmân B. 'Awf et à laquelle assistaient beaucoup de Compagnons du Prophète, l'un d'eux, après avoir mangé et bu abondamment, se mit à divaguer honteusement pendant la prière du soir. Selon al-Baydhâwî, cet incident fut à l'origine de la révélation suivante intervenue en l'an 6 de l'Hêgire:

«Ô les Croyants! N'approchez pas de la prière, alors que vous êtes ivres - attendez de savoir ce que vous dites!» (Sourate al-Nisà', 3: 43).

Cependant certains Musulmans ne s'étaient pas défaits de cette habitude jusqu'à ce qu'un autre incident survienne: l'un des plus éminents Compagnons du Prophète ayant trop bu un jour, attaqua 'Abdul-Rahmân Ibn 'Awf et lui fractura le crâne avec un maxillaire de chameau.

Le Prophète se mit en colère en apprenant cette nouvelle. Il se leva et se dirigea tout de suite, son manteau traînant par terre, vers le lieu où gémissait le Compagnon. Ramassant un objet qu'il tint dans la main, il l'en frappa jusqu'à ce que le Compagnon se soit mis à crier: «Je demande protection contre la colère de Dieu et de Son Prophète». Cet incident fut, dit-on, la cause de la révélation des versets coraniques, ordonnant une abstinence totale de la consommation d'alcool:

«Ô les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires sont une abomination et une uvre du Démon. Evitez-les. Peut-être serez-vous heureux. Satan veut susciter parmi vous l'hostilité et la haine au moyen du vin et du jeu de hasard. Il veut ainsi vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. Ne vous abstiendrez-vous donc pas? Obéissez à Dieu! Obéissez au Prophète! Prenez garde! Mais si vous vous détournez, sachez qu'il n'incombe à Notre Prophète que de transmettre le message en toute clarté». (Sourate al-Mâ'idah, 5: 90-92).

«Nous nous en abstiendrons, nous nous en abstiendrons», répliquèrent les offenseurs. ("Mustatraf", chap. 74, de Cheikh Chahâbuddin Ahmad Abchîhî).


source : sibtayn
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