Conformément aux accords de Houdeybiyya, les uns et les autres devaient éviter de se livrer bataille pe,ndant dix ans. Le prophète (ç) profita de cette période pour étendre l’appel à l’islam vers des autres horizons. La paix régnait bien jusque –là surtout avec la chute de Kheybar.
VIOLATION DES ACCORDS APR LES QORAYSHITES
En vertu du traité de Houdaybiyya, les Bani Khouzâ'a étaient devenus alliés du prophète (ç). Les Bani Bakr, agissant sous la même règle, se proclamèrent partisans des Qorayhites. Toutes les deux tribus habitaient des vallées près de la Mecque Une vieille querelle existait déjà entre elles. Chaque partie brûlait d'envie de venger les meurtres commis par l'autre. Le traité de Houdaybiyya qui était entré en vigueur depuis bientôt deux ans stipulait que pendant les dix années à venir il ne devrait pas y avoir d'agressions de part et d'autre.
Mais certains notables des Qorayshites avaient dissimulé leurs alliés de Bani Bakr, qui attaquèrent pendant une nuit de la 8ème année hégire un campement des Bani Khouzâ'a, tuant quelques-uns. Les Khouzâ'a envoyèrent une délégation de quarante hommes au prophète (ç) (ç), lui demandant de punir les traîtres meurtriers. Le prophète (ç) ressentit cet incident comme une violation du traité de Houdaybiyya, et promit de s'occuper de leur cause comme si elle était la sienne.
Lorsque les Qorayshites apprirent la nouvelle de la délégation, ils furent excessivement alarmés et députèrent Abou Soufiyân qui se rendit auprès du prophète (ç) Mouhammad (ç) (ç) s’expliquer, remettre les choses sur la bonne voie et renouveler l'accord de paix. En arrivant à Médine, Abou Soufiyân était allé tout d'abord chez sa fille Oummou Habiba, une des femmes du prophète (ç) (ç), sur laquelle il comptait beaucoup. Mais son trébuchement commença à l'endroit même où il cherchait à réparer le tort, car à peine il voulut s'asseoir sur un tapis dans sa maison qu'elle l'expusa disant en: «C'est le lit du prophète (ç) de Dieu et il est trop sacré pour être souillé par un idolâtre impur».
Abou Soufiyân ressentit vivement l'humiliation et maudissant sa fille, il quitta les lieux pour se rendre chez le prophète (ç) à qui il donna quelques explications en vue de rétablir le traité de paix, mais le prophète (ç) (ç) ne voulait pas écouter ces explications. Abou Soufiyân ne put obtenir aucune assurance de sa part. Il sollicita ensuite l'intervention de Ali et d'Abou Bakr, mais eux aussi le renvoyèrent. Enfin il essaya d'obtenir la faveur de Fatima, la fille du prophète (ç), la suppliant de faire de son fils Hassan (ç) son protecteur. Fatima répondit que Hassan (as) était trop jeune (il avait à peine six ans) pour jouer les protecteur de qui que ce soit. Elle ajouta qu'aucune protection n'était valable contre la volonté du prophète (ç) (ç).
Puis il retourna encore chez Ali, lui demandant de la conseiller dans sa mission ingrate. Ali (as) lui dit qu'il (Abou Soufiyan) ne pouvait rien de plus que proclamer de la part des Qorayshites les relations amicales qu'ils désiraient maintenir et une continuation de sa propre protection en tant que chef des Qorayshites. Abou Soufiyan se leva dans la cour du Masjid du Prophète (ç) et proclama à haute voix ce que Ali (as) lui avait demandé de proclamer, et il retourna à la Mecque pour rapporter aux Qorayshites ce qu'il avait fait.
Ces derniers le reçurent avec sarcasme et lui firent observer que sa proclamation n'était pas valable sans l'assentiment du prophète (ç). Ils dirent que Ali (as) avait fait de lui un simple jouet. Abou Soufiyan répliqua qu'il savait cela, mais qu'il ne savait pas quoi faire d'autre.
La tentative désespérée d'Abou Soufiyan de renouveler l'accord de paix confirma l'affirmation de la délégation Khouzâ'a et ne laissa aucun doute sur la culpabilité des Qorayshites. La violation des termes du traité de Houdaybiyya ayant été établie, le prophète (ç) résolut de prendre la Mecque par surprise. Il convoqua ses alliés des environs de Médine, mais sans donner aucun détail sur les raisons particulières de cette réunion. L'objectif en resta secret. Un jour Abou Bakr, entrant dans la maison de sa fille Aicha, la trouva en train de préparer les affaires du prophète (ç). L'interrogeant sur la raison de ces préparatifs, elle lui répondit qu'on projetait d'entreprendre bientôt une expédition mais dont elle ignorait la direction. Toutes les routes menant à la Mecque furent par la suite bloquées afin de prévenir la fuite d'informations sur les mouvements du prophète (ç) aux Qorayshites.
Lorsque tous les préparatifs furent presque terminés, le prophète (ç) ordonna à ses partisans de Médine d'être prêts à l'expédition en leur recommandant de garder le plus grand silence afin que le moindre indice de leur mouvement ne parvienne à la Mecque. Malgré toutes ces précautions, le secret fut quand même découvert.
En effet, Habîb ibn Balta'a, l'un des Emigrés, partisan du prophète (ç), digne de foi, et dont la famille était restée à la Mecque, écrivit une lettre à un ami resté lui aussi dans cette ville et l'envoya par une femme nommée Sara. Elle était déjà sur la route de la Mecque, lorsque le prophète (ç) apprit par voie divine l'envoi de cette lettre. Aussi dépêcha-t-il Ali (as) et Zoubayr, accompagnés par quelques autres bons cavaliers, à la poursuite de la messagère. Ils la rattrapèrent et la fouillèrent soigneusement mais sans trouver la lettre sur elle. Tous les hommes abandonnèrent la recherche et s'en retournèrent bredouilles, excepté Ali (as) qui pensa que le Messager de Dieu ne pouvait pas se tromper. Rendu furieux par cette déception, il tira son cimeterre, et le brandissant au-dessus d'elle, il jura de lui trancher la tête si elle ne donnait pas la lettre. La femme trembla de terreur, sortit la lettre des longues tresses de ses cheveux. Son contenu était le suivant: «De Habîb ibn Balta'ah aux Mecquois. L’nvoyé de Dieu est en train de se préparer pour vous attaquer par surptise. Aux armes!»
L'auteur de la lettre ayant été découvert, fut convoqué par le prophète (ç). Il affirma qu'il était un croyant sincère, et se justifia en affirmant que sa famille était sans protection à la Mecque et qu'il avait voulu la sauver en assurant d'une façon ou d'une autre la protection de quelques Mecquois. Prenant en considération les services qu'il avait déjà rendus, le prophète (ç) accepta son repentir et lui pardonna. Les neuf premiers versets de la Sourate al-Mumtahanah furent par la suite révélés pour mettre les autres en garde de refaire la même chose.
Le 10 Ramadan de l'an 8 de l'hégire la marche commença. Sur la route, le prophète (ç) demanda un verre plein d'eau pour rompre son jeûne en présence de tous ses hommes qui observaient, eux aussi, le rite puisqu'on était au mois du Jeûne. Son exemple fut suivi par tous à l'exception de quelques-uns dont il dit qu'ils seraient considérés comme ceux qui désobéissent à Allah et à Son prophète (ç) s'ils persistaient à observer leur jeûne.
C'était la plus grande armée que Médine eût jamais lancée dans la bataille. La force comptait, outre les Emigrés, les Ansâr, les bédouins de Ghifâr, d'Aslam, de Johaynah et d'Achja. Les Bani Mozaynah, Solaym et Khouzâ'a rejoignirent l'armée sur la route. Il y avait mille bédouins de Bani Mozaynah et mille de Bani Solaym. La force comptait en tout dix mille hommes. Le prophète (ç) avait amené avec lui deux de ses femmes Oummou Salama et Zaynab Bint Johach.
Lorsqu'ils arrivèrent à Johfa ou Dhoul Houlayfah, Abbas (l'oncle du prophète (ç)) accompagné de sa famille qui émigrait à Médine, rencontra le prophète (ç), lequel le retint pour lui tenir compagnie. Il envoya sa famille à Médine. L'armée se mit à marcher aussi rapidement que possible afin de pouvoir camper le soir du septième ou huitième jour à Marr al-Zouhrân, près de la cité sacrée, au nord-ouest de la ville. Une fois arrivée à ce point, l'armée fut autorisée, pour la première fois depuis le début du voyage, à allumer librement le feu sur les sommets de la montagne de Marr al-Zouhrân. Les hauteurs de la montagne furent ainsi rapidement embrasées avec dix mille feux, et les Mecquois qui n'avaient pas été prévenus de ce danger imminent furent frappés de terreur.
Abou Soufiyan se rendit en mission de reconnaissance auprès des musulmans. Il tomba sur Abbas qui, par sentiment de sympathie pour les habitants de sa ville, s'était écarté de l'armée dans l'espoir de rencontrer un voyageur à qui il pourrait confier la mission d'informer les Mecquois de l'approche d'une grande armée avec pour objectif leur conseiller de se rendre s'ils voulaient éviter la destruction.
Abbas ayant reconnu Abou Soufiyan à sa voix, s'approcha de lui. Celui ci demanda impatiemment à Abbas ce qui se passait sur les hauteurs de ces montagnes-là, Abbas lui dit que c'était Mouhammad (ç) qui y campait avec dix mille partisans. Il veut envahir la ville le lendemain matin. A ces nouvelles, Abou Soufiyan tomba dans un état de profond désarroi. Abbas lui conseilla alors de se soumettre immédiatement au prophète (ç). Se rendant compte qu'il n'y avait aucun espoir de pouvoir s'opposer à l'avancée de la force musulmane, il se résigna aux recommandations de Abbas, lequel le fit monter derrière lui sur son cheval, l'amena jusqu'au camp et informa le prophète (ç) de la visite de son hôte distingué. Le prophète (ç) ordonna à Abbas de le ramener le lendemain matin.
Lorsqu'Abou Soufiyan réapparut le lendemain en compagnie de Abbas, on lui demanda s'il croyait qu’il n’y a de divinité à part Dieu l’Unique. Il répondit par l'affirmative. Puis on lui demanda s'il croyait que Mouhammad (ç) était Son messager. Abou Soufiyan hésita un peu et dit qu'il avait quelques doutes là-dessus. «Malheur à toi! Lui dit Abbas. Le moment est mal choisi pour jouer les suspicieux! Atteste et professe qu'il n'y a de dieu à part Allah et que Mouhammad est Son prophète (ç), sinon ta tête sera coupée».
Abou Soufiyan s'exécuta immédiatement, et ainsi, le grand dirigeant des Qorayshites se retrouva aux pieds du prophète (ç) comme converti. En même temps. Le prophète (ç) dit : « quiconque se réfugie dans la Ka’ba ou dans maison d'Abou Soufiyan ne serait en sécurité. Les occupants des maisons dont les portes resteraient fermées ne seront pas attaqués ». Abou Soufiyan s’avança pour annoncer au gens que le prophète (ç) est en sécurité. C’était pour soumettre pacifiquement la ville sans aucun bain de sang. La Mecque fut ainsi prise sans résistance, sauf un petit nombre de personnes qui tentaient de jouer les têtus.
LA GRATITUDE DU PROPHETE
Il n'est pas difficile pour le lecteur de se rappeler les positions extrêmement hostiles d'Abou Soufiyan à l'égard de l'islam et de son messager. Il avait été l’ennemi numéro un du prophète (ç). A présent, tout était sous l’autorité du prophète (ç) qui pouvait se venger de lui. Mais le messager de Dieu annonça la gratitude publique : « Je reprend les propos de mon frère Youssouf : « il dit: ‹Pas de récrimination contre vous aujourd'hui! qu'Allah vous pardonne. C'est Lui le plus Miséricordieux des Miséricordieux ». (Sourate 12 Youssouf : 92)
Non seulement le prophète pardonna à Abou Soufyân, mais il lui permit de rehausser sa position encore plus parmi son peuple en lui accordant le privilège de pouvoir donner refuge à ceux qui le lui demanderaient. Quelle autre attitude pourrait être aussi magnanime?
Avant qu'Abou Soufiyan eût quitté le camp, les forces avaient été placées en rangs. Se tenant debout à côté de Abbas, il observa chaque colonne, impressionné par le spectacle, il s'exclama, l'air étonné: «Ton neveu est un roi puissant, sans aucun doute!» Abbas répondit sur un ton de reproche qu'il était plus qu'un roi, un prophète (ç) puissant.
Ayant reconnu la vérité, Abou Soufiyan retourna vite à la Mecque où il cria à haute voix que Mouhammad était aux portes de la ville avec une grande force, que toute résistance et toute opposition étaient vouées à l'échec, que par conséquent la seule issue raisonnable était une reddition inconditionnelle, et que Mouhammad (ç) avait garanti la sécurité de ceux qui se cloîtreraient dans leurs maisons ou qui se réfugieraient dans le Sanctuaire de la Ka'ba ou dans sa propre maison. Les gens, terrifiés, n'avaient d'autre possibilité que de suivre son conseil. Aussi fuirent-ils en toutes directions pour s'enfermer chez eux ou chercher secours à la Ka'ba.
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