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1 - L'Islam favorise tout facteur aidant à éviter le divorce

1 - L'Islam favorise tout facteur aidant à éviter le divorce

Section XI  de  l'article La dot et L'entretien

D'aucuns pourraient conclure, à tort, d'après ce qui précède, que nous sommes favorables à la possibilité donnée aux hommes de divorcer d'avec leurs femmes à leur guise. Evidemment, loin de nous une telle idée. Ce que nous voulons expliquer, c'est que l'Islam ne veut pas utiliser la force de la loi contre le mari pour le contraindre à vivre avec sa femme. En revanche, l'Islam favorise tout facteur qui contribue à dissuader l'homme de divorcer. L'Islam a prescrit exprès une procédure tellement dissuasive, et a imposé de telles conditions pour la validité du divorce, qu'elles retardent automatiquement la dissolution du mariage, et, dans beaucoup de cas, finissent par persuader le mari de renoncer à toute velléité de séparation.

L'Islam a exhorté les personnes chargées d'exécuter la procédure de divorce, les témoins et tous ceux qui sont censés jouer un rôle quelconque dans les formalités du divorce, à faire de leur mieux pour dissuader le mari de l'idée de divorce. En outre, le divorce n'est valide que s'il est prononcé en présence de deux témoins qualifiés, qui ont le devoir de déployer tout d'abord tous leurs efforts pour réconcilier le couple.

De nos jours, il est fréquent de choisir deux témoins pour le divorce, qui ne connaissent même pas du tout le couple concerné, ce qui est totalement contraire à l'esprit islamique.

En tout cas, la nécessité de la présence de deux témoins qualifiés est l'un des facteurs qui pourraient contribuer à dissuader le mari de divorcer, si on respectait cette condition strictement dans son sens réel. Il est à noter que l'Islam ne considère pas la présence de deux témoins qualifiés comme une condition essentielle à la validité du mariage -lequel est le début du contrat matrimonial- car il veut éviter la moindre formalité susceptible de retarder l'accomplissement d'une bonne action, en l'occurrence, le mariage, tandis qu'il a jugé cette formalité nécessaire dans le cas du divorce, parce que celui-ci est la fin du contrat marital.

De même, selon la loi islamique, le divorce n'est pas effectif pendant la période menstruelle de la femme, bien que la cérémonie du mariage puisse avoir léga- lement lieu pendant cette période. Apparemment, les menstrues étant un obstacle à l'accomplissement de l'acte sexuel, devraient affecter le mariage et non le divorce. Mais étant donné que l'Islam encourage le mariage et décourage la séparation, il a autorisé le mariage pendant la période des règles de la femme, mais il a interdit le divorce pendant cette période, ce qui pourrait constituer un délai de réflexion pour le mari. Dans certaines circonstances, il est nécessaire, selon la loi islamique, d'attendre trois mois avant que le divorce soit autorisé.

Tous ces obstacles et barrières ont pour objet de laisser suffisamment de temps pour que la tension qui a conduit à choisir le divorce retombe, et pour permettre au mari et à la femme de retrouver leur état normal.

De plus, dans le cas d'un divorce révocable, le mari a l'autorisation de reprendre les relations conjugales pendant la période probatoire ['iddah].

L'Islam a mis un autre obstacle devant le mari, en lui imposant aussi bien les dépenses du mariage que celles de la période de probation et des enfants. Si l'homme veut divorcer d'avec sa femme pour se remarier avec une autre, il se trouve devant la lourde charge de payer d'abord l'entretien de la première femme, de couvrir la pension de ses enfants, et d'offrir la dot de la nouvelle femme. En outre, il doit penser aux dépenses de cette dernière et de ses futurs enfants.

A part la responsabilité de veiller sur les enfants dont la mère sera divorcée, toutes ces responsabilités énumérées ci-dessus laissent le mari face à une perspective effrayante, et le font réfléchir deux fois avant de prendre la décision du divorce.

A tout cela s'ajoute le fait que l'Islam a rendu obligatoire la formation d'un tribunal familial -au cas où la famille risque une désintégration- pour arbitrer entre les deux époux. Ce tribunal familial comprendra notamment un représentant du mari et un représentant de la femme, chargés de trouver un terrain d'entente et de réconciliation entre les deux parties.

Les deux arbitres doivent déployer tous leurs efforts pour aplanir les différends entre les époux et pour les convaincre de se réconcilier. Si, après consultations et concertations avec les deux intéressés, ils parviennent à la conclusion qu'il vaut mieux qu'ils se séparent, ils prononcent le divorce. Bien entendu, s'il y a parmi les membres des familles respectives des deux époux des personnes qualifiées pour l'arbitrage, elles ont la priorité sur d'autres pour se charger de cette tâche.

Le Saint Coran dit : «Si vous craignez une rupture entre les deux conjoints, désignez un arbitre de la famille de l'époux, et un arbitre de la famille de l'épouse. S'ils désirent tous les deux un compromis, Allah rétablira la concorde entre eux. Allah est Celui Qui sait et Qui est bien informé.» (Sourate al-Nisâ' 4 :  35)

L'auteur d'al-Kach-châf, expliquant le mot "arbitre" écrit : «Un homme persuasif, éloquent, capable de favoriser la réconciliation, et juste envers les deux parties». Et d'ajouter : «La raison pour laquelle on devrait choisir les deux arbitres en priorité parmi les proches des deux époux, est que les proches savent mieux que d'autres ce qui se passe chez le couple, et qu'ils sont plus soucieux de leur réconciliation. En outre, les deux conjoints peuvent divulguer les secrets de leur vie intime plus facilement à des parents qu'à des étrangers.

«Les juristes divergent sur la question de savoir si l'arbitrage est obligatoire ou tout simplement recommandé. Les plus éminents d'entre eux sont d'avis qu'il appartient au gouvernement de désigner les arbitres. Al-Chahîd al-Thânî affirme formellement dans son livre "al-Masâlik" que l'arbitrage est obligatoire et nécessaire, et doit être organisé par le gouvernement.»

Sayyed Mohammad Rachîd Redha, l'auteur du Commentaire du Coran, "Al-Manâr", après avoir dit qu'à son avis l'arbitrage est obligatoire, se réfère à la divergence des juristes sur la question du caractère obligatoire ou recommandé de cet acte, et commente : «Ce qui manque pratiquement aux Musulmans, c'est justement cet acte qui peut présenter des avantages incalculables. Car alors que les divorces sont fréquents et que les désaccords et les litiges envahissent les foyers des ménages, on ne songe même pas à tirer le moindre avantage du principe de l'arbitrage, pourtant prescrit explicitement dans le Coran, tandis que les ulémas perdent leur énergie dans des discussions à propos de l'obligation ou de la recommandation de cet acte ! Personne ne vient leur dire cependant : Que cet acte soit recommandé ou obligatoire, pourquoi n'essayez-vous pas de l'appliquer ? Pourquoi perdez-vous votre temps dans la polémique et les discussions ? Si on ne le met pas en pratique, et que les gens ne bénéficient pas de ses avantages, qu'importe qu'il soit obligatoire ou recommandé !»

Concernant les conditions que les arbitres peuvent imposer au mari pour que la réconciliation puisse avoir lieu, al-Chahîd al-Thânî dit qu'ils ont le droit, par exemple, d'exiger de lui qu'il loge son épouse dans une ville ou une maison particulière, qu'il ne mette pas sa mère ou son autre épouse dans la même maison que la première -même s'il y a deux chambres séparées-, qu'il paie comptant la dot fixée au moment du mariage, ou encore qu'il rembourse immédiatement une dette qu'il aurait contractée envers sa femme.

En bref, tout acte convenable qui serait susceptible de dissuader le mari de répudier sa femme est légal et recommandé.

Voilà la réponse à la question que nous avons soulevée plus haut, qui était de savoir si la juridiction qui représente la société a ou non le droit d'intervenir et de prévenir la résiliation du contrat de  mariage.

Le tribunal peut, bien sûr, intervenir, parce que la décision du mari de divorcer de sa femme n'est pas dans tous les cas un signe de la mort réelle du mariage, c'est-à-dire que tous les cas de décision de divorce ne signifient pas l'extinction totale de la flamme de l'amour du mari pour sa femme, ni la chute de la femme de sa position naturelle et l'incapacité du mari de rester avec elle. Car il faut savoir que la plupart des cas de divorces sont dus à un moment de colère, à une négligence fortuite ou à une erreur. Donc, toutes les mesures que la société peut prendre pour entraver un divorce consécutif à un coup de colère ou à une négligence involontaire, sont les bienvenues en Islam.

Un tribunal d'arbitrage, étant le représentant de la société, peut ordonner aux offices de divorce de ne pas prononcer le divorce avant qu'il (le tribunal) ne leur signifie l'échec de ses efforts en vue de réconcilier entre les deux époux. Entre-temps, le tribunal déploie tous les efforts possibles pour ramener le couple à la réconciliation. S'il constate l'impossibilité de cette réconciliation, il envoie aux responsables de ces offices un avis de constat d'échec, et leur donne ainsi le feu vert pour prononcer le divorce.

2 - Les services antérieurs rendus par l'épouse à la maison familiale

Le divorce perfide, non seulement dissout la vie familiale sacrée, mais crée aussi à la femme d'autres problèmes particuliers inacceptables. Supposons qu'une femme vive avec son mari depuis des années, considère sa maison comme étant la sienne, et travaille avec application et dévouement afin de la transformer en un vrai foyer familial. Très souvent, comme le font toutes les femmes, à l'exception de celles appartenant à la société civile moderne, elle fait des économies en réduisant les dépenses de vêtements, de nourriture et de maison, au point de susciter la colère du mari, et elle hésite à engager une servante pour l'aider dans les travaux domestiques. Elle sacrifie sa jeunesse, son énergie et sa santé pour son mari et son foyer. Maintenant, supposons que le mari d'une telle femme ait subitement le caprice de divorcer d'avec sa femme pour se remarier avec une nouvelle femme appelée à occuper cette même maison que la première a construite avec beaucoup de peine et d'efforts, en sacrifiant la fleur de sa jeunesse, et sa santé, une maison qui est devenue après tant d'années l'incarnation de ses peines et espoirs, et qu'elle va perdre à cause d'un caprice subit de son mari qui veut détruire le fruit de ses efforts et de ses peines. Que faire dans une telle situation ?

Ici le problème n'est pas seulement une question de désintégration de la famille et de dissolution du lien du mariage, pour qu'on dise que la trahison du mari conduit à la mort du mariage, et que le fait d'imposer cette femme au mari traître, la dévalorise et rabaisse sa position naturelle. Il s'agit d'un problème bien plus grave : la femme perd son foyer, elle est privée de tout ce qu'elle avait, on veut céder son nid conjugal à sa rivale, on lui escamote le fruit de tous ses efforts, peines et services rendus ! Tant pis pour le mari, la maison, la vie familiale et conjugale ! Mais tout être humain veut avoir un refuge et un foyer, et il est attaché à son nid qu'il a échafaudé pièce à pièce, de ses propres mains. Si on veut sortir un pigeon de son nid qu'il a construit lui-même, il se défendra. Une femme n'a-t-elle pas le droit de faire la même chose. La conduite du mari n'est-elle pas une injustice évidente?

A notre avis, cette question mérite une attention particulière, car la plupart des problèmes liés au divorce perfide sont de cet ordre. Dans de tels cas, le divorce n'est pas une simple résiliation de contrat, mais une perte inestimable, équivalente à la faillite d'un commerçant, et l'anéantissement de la vie de la femme.

Mais, comme nous l'avons déjà dit, le problème de la maison et du foyer est séparé du problème du divorce. Il faut étudier chacun des deux problèmes à part. Quant à l'Islam et aux lois islamiques, ils ont résolu ce problème. S'il continue pourtant à se poser, c'est seulement à cause de la méconnaissance des lois islamiques, et de l'exploitation par les hommes de la fidélité et de la bonté des femmes.

La plupart des gens croient que le fruit des efforts de la femme appartient au mari. Ils pensent même que le mari a le droit d'obliger sa femme de travailler pour lui et à obéir comme une esclave à ses ordres. Cette conception erronée est la cause essentielle de tous les troubles et ennuis. Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, la femme a une totale liberté concernant son travail et son activité. Tout ce qu'elle gagne lui appartient exclusivement. L'Islam lui a accordé l'indépendance économique. En outre, il a chargé l'homme des dépenses de sa femme et de ses enfants. Ainsi, l'Islam a fourni à la femme suffisamment d'occasions, sur le plan financier, pour qu'elle puisse mener une vie respectable, et indépendante du mari. Le divorce et la séparation ne devraient lui causer aucune inquiétude à cet égard. Tout ce qu'elle aura apporté pour l'édification de la maison lui appartient, et  son mari n'a pas le droit de s'en emparer. De telles craintes seraient justifiées seulement dans des systèmes qui obligent la femme à travailler à la maison de son  mari et qui considèrent que le fruit de son labeur appartient à ce dernier. Les inquiétudes et craintes qui  existent sur ce sujet chez nos peuples sont dues probablement à la méconnaissance de la loi islamique.

Une autre cause de ce problème est l'exploitation par l'homme de la fidélité de la femme. En effet, certaines femmes font des sacrifices pour édifier leur foyer, non pas par ignorance de la loi, mais à cause de la confiance totale qu'elles ont en leur mari. Elles désirent souvent qu'il n'y ait pas entre elles et leurs maris la question de "moi" et "toi". Par conséquent elles ne pensent pas à leurs propres intérêts personnels et ne profitent pas de l'occasion que l'Islam leur a fournie. Le résultat est qu'un jour la femme ouvre les yeux pour constater qu'elle a passé sa vie en se sacrifiant pour un homme infidèle, sans avoir saisi toutes les occasions que l'Islam lui avait fournies pour se protéger.

Si on attend d'une femme qu'elle renonce à son droit légal de garder un compte séparé de son argent et de son gain, on attend du mari aussi qu'il offre cadeaux et présents à sa femme, en considération de son sacrifice et des services qu'elle a rendus, et en s'inspirant du Saint Coran qui dit : «Quand on vous salue d'une salutation, saluez d'une meilleure salutation, ou du moins, rendez la même salutation.» (Sourate al-Nisâ', 4 : 86). Il est de coutume, chez les hommes fidèles et justes, d'offrir à leurs épouses des cadeaux de valeur, tels qu'une maison ou une propriété quelconque, en contrepartie des sacrifices et des services rendus par elles.

En tout état de cause, ce que nous voulons souligner, c'est que le problème de la perte par la femme de son foyer n'a pas de rapport avec le divorce, et que la loi du divorce ne résout pas ce problème car il est lié à l'indépendance ou à la dépendance économiques de la femme, ce à quoi l'Islam a trouvé la solution. Si ce problème existe pourtant dans nos pays, cela est dû à la méconnaissance de certaines femmes des enseignements islamiques, et à la négligence et à la bonté de certaines autres. Autrement, si les femmes étaient conscientes de la valeur de l'opportunité que leur a fournie l'Islam dans ce domaine, et qu'elles ne consentaient pas tant de sacrifices naïvement à leurs maris, le problème se résoudrait de lui-même.

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