Le Pape tend la main aux musulmans : bonne fois ou la politique ?!
La coïncidence du voyage du Pape au Liban avec la diffusion du film anti-islam et le discours de ce dernier sur la nécessité du renforcement des relations interreligieuses suscite le doute sur le fait que le Pape aurait dit ces propos pour calmer la situation.
Selon l’Agence Internationale de Presse Coranique, une des surprises du voyage de Benoît XVI au Liban aura été sa volonté marquée d'opérer un rapprochement avec le monde musulman. On pourrait l'attribuer à l'actualité brûlante de la semaine dernière, ponctuée par la diffusion d'un film injurieux pour l'islam - «fermement condamnée» par l'Église -, qui a provoqué une chaîne de violences contre des représentations américaines. Des réactions qui, elles aussi, ont été qualifiées d'inacceptables par le Vatican. Il n'en est pourtant rien.
La préparation des discours du Pape pour un voyage international demande de longs mois. Il est donc rare qu'ils traitent d'une actualité aussi chaude. L'idée de ces visites pastorales est plutôt de soutenir les chrétiens dans leurs difficultés personnelles, sociales, politiques et religieuses. Au Moyen-Orient, les communautés catholiques se déchirent en querelles internes et souffrent de la diaspora de leurs élites. Mais ce sont là des problèmes mineurs face à la question cruciale de leur avenir, qui ne peut s'écrire sans l'islam.
Le pape a aussitôt appelé juifs, chrétiens et musulmans du Moyen-Orient à «éradiquer le fondamentalisme religieux», qu'il a qualifié de menace «mortelle», au moment où la région est secouée par des manifestations parfois meurtrières contre un film islamophobe. «Chers chrétiens du Moyen-Orient. Je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi», a t-il lancé.
« Je lance un appel pressant à tous les responsables religieux juifs, chrétiens et musulmans de la région, afin qu'ils cherchent par leur exemple et leur enseignement à tout mettre en œuvre pour éradiquer cette menace qui touche indistinctement et mortellement les croyants de toutes les religions». Et d'ajouter: «utiliser les paroles révélées, les Ecritures saintes ou le nom de Dieu, pour justifier nos intérêts, nos politiques si facilement accommodantes, ou nos violences, est une faute très grave».
Le discours prononcé par le pape Benoît XVI en 2006 à Ratisbonne (sud de l'Allemagne) dans lequel il semblait associer l'islam à la violence avait été violemment critiqué dans le monde musulman. En mai 2009, ce même Pape avait fermement repoussé le spectre d'un choc des religions. C'était lors de son voyage en Terre sainte - Jordanie, Israël, Territoires autonomes palestiniens. Mais il n'avait pas exprimé une vision aboutie des relations avec l'islam, comme il vient de le faire durant ces trois jours libanais.
S'appuyant sur ce langage philosophique, il a cherché à démontrer que chacun - juif, chrétien ou musulman - a sa place en Terre sainte. C'est la première idée. À l'entendre, cette région du monde serait incomplète sans l'une de ces trois composantes religieuses. Ensuite, il a souligné que chacun doit rester lui-même, pleinement juif, musulman ou chrétien, donc être «intact» dans son identité.
On pourrait reprocher à Benoît XVI une approche étrange d'un problème de géopolitique, voire une fantaisie de professeur de théologie! Mais on ne peut pas lui faire le procès de «manquer de vision». Voilà effectivement comment le Pape «voit» la coexistence entre juifs, chrétiens et musulmans, réfutant toute concurrence.
source : http://iqna.ir