« Jamais depuis la mise en place de l'Observatoire national de lutte contre l'islamophobie en 2011, (...) les actes antimusulmans n'ont connu une telle implosion. » Après les attentats de Paris, le bilan dressé par l'instance affiliée au Conseil français du culte musulman (CFCM) est lourd. Les actes islamophobes ont augmenté de 500 % entre le premier trimestre 2014 et celui de 2015, passant de 37 à 222 actes en un an.
Les actes et les menaces recensés ont même crû de 1 171 % entre janvier 2014 et janvier 2015, période durant laquelle 178 actes islamophobes (44 actions et 134 menaces) ont été déplorés. « Le nombre d'actes commis uniquement en janvier 2015, à savoir 178, dépasse largement les actes commis durant toute l'année 2014, à savoir 133 », rappelle l'Observatoire, qui avait dressé un bilan similaire dès janvier.
Leur nombre a chuté le mois suivant mais l'augmentation constatée est de 80 % par rapport à février 2014 (18 actes, + 80 %). En mars, 26 actes – dont une agression violente contre une femme enceinte à Toulouse – ont été recensés contre 13 en mars 2014 (+ 100 %).
Les intégrismes se nourrissent, pour Zekri
« Si cette implosion des actes antimusulmans s'explique pour certains en raison du mois de janvier 2015 (...), cela ne peut, en aucun cas, justifier ce sommet de haine ou de vengeance à l'égard des Français de confession musulmane qui ne sont ni responsables ni coupables des actes terroristes qui ont endeuillé le pays par des "islamistes" criminels qui se revendiquent de l'islam pour commettre de tels crimes », lance dans son rapport le président de l'Observatoire Abdallah Zekri, qui fustige au passage les « apprentis nazillons qui passent leur temps à fleurir les murs de nos mosquées ».
« Est-ce que le vivre-ensemble existe réellement en France ? Est-ce que la devise de la République "Liberté, Égalité, Fraternité" a un sens ? La question se pose malheureusement », ajoute-t-il. « Tout cela se passe sans aucune réaction de la part de la classe politique, qui, au lieu de dénoncer une telle dérive, essaie de lui trouver des raisons. »
« Un intégrisme nourrit un autre intégrisme et il ne faut pas s'étonner que des jeunes se sentant exclus, marginalisés, accusés de tous les maux, se radicalisent et vont se faire tuer gratuitement, considérant qu'ils n'ont plus d'avenir dans ce pays. On appelle cela le désarroi », conclut sans détour Abdallah Zekri. Dernièrement, la Commission consultative nationale des droits de l'homme (CNCDH), tout en confortant l'emploi du terme « islamophobie », a aussi fait savoir que les actes antimusulmans recensés pour le seul mois de janvier 2015 ont dépassé ceux qui ont dénombrés pendant toute l'année 2014.
source : abna