L'Imam Jaafar Ibn Mohammad, (Sâdeq), fils du cinquième Imam, naquit à Médine au mois de Rabi'ul awwal le 17, au jour même de anniversaire de son auguste arrière-grand-père, le Prophète (SWA), en l'an 83 de l'Hégire, et trouva le martyre le 15 du mois de radjab, 148 A.H
Parmi ses surnoms, il avait as-Sâdeq (le véridique), Al-Fadhil (le gracieux) et At'Tahir (le pur).
L'Imâm a été formé durant 12 ans par son grand-père Zayn Al-Abidine à Médine, alors qu'il était adolescent, puis il reçut exclusivement les enseignements de son père pendant 9 ans.
Après la mort en martyre de son père, il devint Imam par Ordre divin et décret de ses prédécesseurs. Durant son Imamat, le sixième Imam, jouit de plus grandes libertés et d'un climat plus favorable pour la propagation des enseignements religieux. Ce répit fut la conséquence de révoltes en terre islamique, notamment le soulèvement de Moswadah visant à renverser le califat omeyyade, et des guerres sanglantes qui aboutirent finalement à sa chute. Les circonstances plus favorables à l'enseignement chiite étaient aussi le résultat du terrain que le cinquième Imam avait préparé pendant son Imamat de vingt ans par la propagation des enseignements véritables de l'Islam et des sciences de la famille du Prophète.
L'Imam profita des circonstances pour répandre les sciences religieuses tout au long de son Imamat, contemporain de la fin des omeyyades et du début du califat Abbasside. Il instruisit plusieurs savants dans les différents domaines des sciences spéculatives et traditionnelles. Même certains savants sunnites importants comme Sufyân Thawri, Abu Hanifah, le fondateur de l'école Hanafi, Qâdi Sukûni, Qâdï Abu al Bakhtari, et d'autres, eurent l'honneur d'être parmi ses étudiants.
Vers la fin de sa vie, l'Imam fut soumis à de sévères restrictions de la part du calife Abbasside, al Mansour, qui ordonna de torturer et d'assassiner beaucoup de descendants du Prophète qui étaient chi'ites, du point qu'il surpassa en cruauté les Omeyyades.
Hishâm, le calife omeyyade, avait ordonné que le sixième Imam fut arrêté et en présence de son père, le cinquième Imam, emmené à Damas. Plus tard, l'Imam Sâdeq (AS) fut arrêté et emmené en Irak. Finalement Mansour le fit arrêter de nouveau et emmener à Samarra où il fut gardé à vue. Mansour était brutal envers l'Imam et projeta plusieurs fois de le tuer. Finalement l'Imam fut autorisé à retourner à Médine où il passa le reste de sa vie dans la retraite, jusqu'à ce qu'il soit empoisonné à la suite des intrigues de Mansour.
A l'annonce de la nouvelle du martyre de l'Imam, Mansour écrivit au gouverneur de Médine, lui ordonnant de se rendre à la maison de l'Imam sous prétexte d'exprimer ses condoléances à la famille, et de demander à voir et à lire le testament de l'Imam. Quiconque était choisi par l'Imam comme son héritier et successeur devait être décapité sur place.
Le but de Mansour était évidemment de mettre un terme à toute la question de l'imamat et des aspirations chiites. Quand le gouverneur de Médine, conformément aux ordres reçus, lut le testament, il vit que l'Imam avait choisi quatre personnes plutôt qu'une seule pour administrer son testament : le calife lui-même, le gouverneur de Médine, Abdallah Aftah, le fils aîné de l'Imam et Moussa, le plus jeune fils. De cette manière le complot de Mansour échoua.
La période de l'Imamat de Jaafar as-Sâdeq a coïncidé avec une ère mouvementée de l'histoire islamique qui a vu la chute du Califat Omeyyade et l'avènement du Califat Abbaside. Les guerres internes et les bouleversements politiques provoquaient des disfonctionnements dans le gouvernement Omeyyade. Ainsi, l'Imam (AS) vécut durant le Califat Omeyyade et Abbasside d'Abdoul Malik en passant par Marwan al-Himar jusqu'au premier Califat Abbasside d'abou al-Abbas as-Saffah et celui du frère de ce dernier al-Mansour.
Ce fait n'est pas vraiment dut à une longévité particulière ou d'une magnanimité du Califat, mais à la politique de renversement de ces 2 dynasties pour le pouvoir. Ce qui fait que l'Imam Jaafar as-Sâdeq a été laissé en paix ce qui lui permit de pratiquer et prodiguer paisiblement l'Islam suivant les enseignements du prophète (SWA). Les derniers jours de la dynastie Omeyyade qui s'effondrait peu à peu, les Abbassides ont exploités cette occasion pour se servir de cette instabilité politique, en se proclamant du titre de "Vengeurs des Bani Hachim ".
Ils ont feint de soutenir la cause des Ahlul-Bayt (AS) en prétendant faire périr les Omeyyades pour le sang injustement versé de l'Imam al Hussein (AS), des autres Imams (AS) et des martyrs. Les musulmans qui gémissaient sous le joug des Omeyyades ont été dégoûtés de leurs atrocités et ils aspiraient secrètement au retour du vrai islam de Mohammed (SWA) par le biais de ses descendants.
Ils se sont rendus compte que si la conduite de l'Islam allait aux Ahlul-Bayt (AS), qui étaient héritiers légitimes du prophète (SWA), le prestige de l'Islam en serait mis en valeur et que les enseignements du prophète (SWA) seraient véritablement propagés. Cependant, les Abbasides avaient secrètement fait vœux de saisir le pouvoir des mains Omeyyades pour leurs propres comptes et non pour rétablir ce qui avait été bafoué durant tant d'années.
Les musulmans ont été ainsi trompés en les soutenants contre les Omeyyades. Après la mort du Calife Abou al-Abbass, son frère al Mansour prit le pouvoir qui était encore très fragile.
En réalité, al Mansour pourrait être qualifié comme le véritable fondateur de la Dynastie Abbasside, il était tellement sournois que certains le considéraient comme le nouveau Muawiya.
La comparaison n'est pas fausse et lorsqu'il s'agissait de machiavélisme, la balance penche du côté d'al Mansour !
En effet, ce tyran ne fut pas reconnaissant envers ceux qui étaient les précurseurs de son pouvoir, il exécuta même son chef des armées Abou Mouslim du Khorasan.
L'Imam as-Sâdeq (AS) savait bien que seul un musulman pieux et vertueux pourrait être accepté par les musulmans après l'effort qu'ils avaient fournis pour renverser les Omeyyades. Mais fort des expériences de ses aïeux et de ses prédécesseurs il demeura loin du centre politique du pouvoir Abbasside et évita même de rencontrer le Calife al Mansour.
Al Mansour se sentit offensé de l'attitude de l'Imam as-Sâdeq (AS) qui ne voulant pas le rencontrer, injustifié son pouvoir à juste titre.
Al Mansour fit convoquer l'Imam (AS) et lorsqu'il fut en face de lui, lui dit : "Pourquoi ne me visite pas comme le font tous les gens ?" L'Imam (AS) répondit : "Dans ce bas monde, tu n'a rien sur quoi je puisse te redouter ! En outre, tu ne détient rien qui pourrait me servir pour l'au-delà !" "Par ailleurs, tu n'es ni dans une grâce pour que nous en félicitions, ni dans un malheur pour que je te présente mes condoléances."
Al Mansour répondit, "Accompagne-moi afin de me conseiller !" L'Imam (as) lui répondit : "Quiconque aurait aimé la vie de ce monde ne t'aurait pas conseillé et quiconque aurait aimé la vie de l'au-delà ne t'aurait pas accompagné !" Après cette entrevue, al Mansour décida d'organiser une campagne de dénigrement contre l'Imam as-Sâdeq (AS) et ses ancêtres (AS).
Pour ce faire, il ordonna à son gouverneur de Médine de saisir toute occasion favorable de calomnier l'Imam (AS) et de rabaisser la Noblesse de son aïeul, Ali Amir Al Mou'minine (AS).
Par la suite, al Mansour qui n'avait pas réussit sa campagne de calomnies envers l'Imam (AS) le laissa en paix pendant de longues années, car son pouvoir devait être stabilisé.
Al Mansour résista de longues années avant de faire assassiner l'Imam as-Sâdeq car il lui fallut de longues années pour que son pouvoir soit stable.
Puis, il prit la décision d'agir selon la tradition Omeyyade consistant à tuer l'Imam l'époque !
Il ordonna que l'Imam (AS) soit empoisonné et Jaafar as-Sâdeq mourut en martyre le 25 du mois de Shawwal de l'an 148 de l'Hégire comme les autres Imams, il était âgé de 65 ans.
source : abna