Le Mahdi promis, qui est habituellement désigné par ses titres de Imam al Asr (l'Imam « du temps ») et sahib al Zamân (Seigneur du temps), est le fils du onzième Imam. Son nom est le même que celui du Prophète.
Il est né à Samarra en 256/868 et jusqu'en 260/872 vécut sous l'attention et la tutelle de son père. II vécut caché et seule une élite parmi les chi’ites put le rencontrer.
Après le martyre de son père il devint Imam et sur Ordre divin entra en occultation (ghaybat). Dès lors il n'apparut plus qu'à ses représentants (nâ'ib) et seulement dans des circonstances exceptionnelles.
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Les représentants spéciaux de l’Imam :
L'Imam choisit comme représentant spécial Othman Ibn Sa'id Amri, un des compagnons de son père et de son grand-père qui était son intime et son ami de confiance. Par son représentant, l'Imam répondait aux question et demandes des chi’ites.
Après Othman ibn Sa'id, son fils Mohammad Ibn Othman Amri fut désigné comme représentant de l'Imam. Après la mort de Mohammad Ibn Ossman, ce fut Abu al Qasim Hussein Ibn Rouh Nawbakhti qui assuma la tâche de représentant spécial; et après sa mort ce fut Ali Ibn Mohammad Sammari.
Quelques jours avant la mort d'Ali Ibn Mohammad Sammari en 329/939 une information vint de la part de l'Imam annonçant que dans six jours Ali Ibn Mohammad Sammari mourrait. Il en résulterait que la représentation spéciale de l'Imam cesserait et que la grande occultation (ghaybat-é-Koubrâ) commencerait et continuerait jusqu'au jour où Dieu permettrait à l'Imam de se manifester.
L'occultation du l2ème Imam se divise donc en deux parties : la première, l'occultation mineure (ghaybat-é-Soughrâ) qui commença en 260/872 et finit en 329/939 durant environ soixante dix ans. La deuxième, l'occultation majeure, qui commença en 329/939 et qui continuera aussi longtemps que Dieu le voudra: Dans un hadith sur l'authenticité duquel tout le monde est d'accord, le Prophète a dit: <>
Sur l'apparition du Mahdi :
Dans la discussion sur la prophétie et l'Imamat, on a dit que, par suite de la loi du gouvernement général qui régit toute la création, l'homme possède nécessairement le pouvoir de recevoir la révélation par la prophétie, laquelle le dirige vers la perfection et le bien être de l'espèce humaine. II est clair que si cette perfection et ce bonheur n'étaient pas possibles pour l'homme, dont la vie contient un aspect social, le fait d'être investi de ce pouvoir serait un nonsense et une futilité. Mais il n'y a pas de futilité dans la création.
En d'autres mots, depuis que l'homme est sur terre, il a eu le désir d'une vie sociale heureuse au plein sens du mot, et s'est évertué à l'obtenir. Si un tel désir n'avait pas de réalisation objective, il n'aurait jamais été imprimé dans la nature intime de l'homme, de même que s'il n'y avait pas eu de nourriture, il n'y aurait pas eu de faim. Ou encore s'il n'y avait pas eu d'eau il n'y aurait pas eu de soif, et sans l'existence de la reproduction il n'y aurait pas eu de désir sexuel.
Par conséquent, par nécessité interne et détermination, viendra un jour où la société humaine sera comblée de justice et où tous les hommes vivront dans la paix et la tranquillité, où les êtres humains seront en pleine possession de la vertu et de la perfection. L'établissement d'une telle condition sera l'oeuvre de l'homme, mais avec le secours divin. Et le chef d'une telle société ,qui sera le sauveur des hommes, est nommé, dans le langage du hadith, le Mahdi.
Dans les différentes religions qui gouvernent le monde telles que l'Hindouisme, le Bouddhisme, le Judaïsme, le Christianisme, le Zoroastrisme et l'Islam, existent des références à un personnage qui viendra comme le sauveur de l'humanité. Ces religions ont habituellement annoncé la bonne nouvelle de sa venue, bien qu'il existe naturellement certaines différences dans les détails, quand on compare attentivement les enseignements. Le hadith du Prophète, sur lequel tous les musulmans tombent d’accord : " Le Mahdi est de ma progéniture>> se réfère à la même vérité.
Il y a de nombreux hadith, rapportés dans les sources sunnites et chi’ites du Prophète et des Imams, au sujet de l'apparition du Mahdi, spécifiant qu'il est de la descendance du Prophète et que son apparition rendra la société humaine capable d'atteindre la vraie perfection et la pleine réalisation de la vie spirituelle. De plus, il y a de nombreuses autres traditions déclarant que le Mahdi est le fils du onzième Imam, Hassan al-Askari. Ils s'accordent pour dire qu'après sa naissance et après une longue occultation, le Mahdi apparaîtra, remplissant le monde de justice, après que celui-ci eût été corrompu par l'iniquité.
Par exemple, Ali Ibn Mussa al-Ridâ (le huitième Imam) a dit : « Après moi, l'Imam sera mon fils Mohammad, après lui son fils Ali, après Ali son fils Hassan et après Hassan son fils Hodjdjat al-Qâ'im, qui est attendu pendant son occultation et obéi pendant sa manifestation. S'il ne restait qu'un seul jour d'existence au monde, Dieu le prolongerait jusqu'à ce qu'il se manifeste pour remplir le monde de justice, comme il avait été rempli d'iniquité.
Mais quand ? Pour ce qui est de l' « Heure » mon père m'a rapporté avoir entendu de son père qui l'avait entendu de son père qui le tenait de ses ancêtres qui l'avait entendu de la bouche de Ali, qu'on avait demandé au Prophète : O ! Prophète de Dieu, quand surgira le Qâ'îm du sein de ta famille ? Il répondit : Son cas est analogue à celui de l'« Heure » (de la Résurrection). Lui Dieu seul en dévoilera le terme. (Sa méconnaissance) pèse aux habitants des cieux et de la terre. Elle vous surprendra à l'improviste » (Coran,7 :187)
Safr Ben Abi Dolaf a dit : « J'ai entendu Abu Dja'far Mohammad bin Ali al-Ridâ (le neuvième Imam) dire l'Imam après moi est mon fils Ali, ses ordres sont mes ordres, ses paroles sont les miennes, lui obéir c'est m'obéir. Après lui l'Imam sera son fils Hassan. Ses ordres seront les ordres de son père, ses paroles seront les paroles de son père, lui obéir sera obéir à son père. » Après ces paroles l'Imam resta silencieux. Je lui dis : « O ! fils du Prophète, qui sera l'Imam après Hassan ? » L'Imam s’écria : « En vérité son fils sera l'Imam attendu qui est al Qâïm Bi1-Haqq (celui qui est soutenu par la Vérité)
Moussa Bina Dja'far al-Baghdâdi a dit : " J'ai entendu l'Imam Abou Mohammad al-Hassan Bin 'Ali (le onzième Imam) dire : Je prévois qu'après moi il y aura des divergences au sujet de mon successeur. Celui qui accepte les Imams après le Prophète mais refuse mon fils est comme ceux qui acceptent tous les prophètes mais refusent la prophétie de Mohammad - sur lui la paix et le salut -. Qui refuse le Prophète de Dieu est comme celui qui refuse tous les prophètes car obéir au dernier d'entre nous est comme obéir au premier et refuser le dernier d'entre nous est comme refuser le premier.
Mais prenez garde ! En vérité pour mon fils il y aura une occultation pendant laquelle beaucoup seront en proie au doute hormis ceux que Dieu protège
Les adversaires du shiisme font remarquer que selon les croyances de cette école, l'Imam caché devrait être âgé de douze siècles ce qui est impossible pour un être humain. En réponse il faut dire que cette remarque est fondée sur l'invraisemblance d'un tel événement et non sur son impossibilité. Naturellement une si longue durée de vie est invraisemblable. Mais ceux qui étudient les hadiths du saint Prophète et des Imams savent qu'ils se rapportent à un personnage doué de qualités miraculeuses. Les miracles ne sont certainement pas impossibles ni ne peuvent être niés par des arguments scientifiques. On ne pourra jamais prouver que les causes et les agents qui se manifestent dans notre monde sont uniquement ceux que nous pouvons voir et connaître.
Ainsi il est possible que dans un ou plusieurs membres de l'humanité opèrent des causes et des agents qui leur permettent une très longue vie de plusieurs milliers d'années. La médecine n'a pas encore perdu l'espoir de découvrir un moyen pour atteindre à des limites de vie beaucoup plus reculées. De toute manière de telles critiques de la part des " gens du Livre " comme les Juifs, les Chrétiens ou les Musulmans sont beaucoup plus étranges puisqu'ils acceptent les miracles des prophètes, en accord avec leurs saintes Ecritures.
Les adversaires du shiisme disent aussi que si ce dernier considère l'Imam comme indispensable pour l'interprétation des ordres et des vérités de la religion et pour guider le peuple, son occultation représente la négation de ce but puisqu'on ne peut pas communiquer avec un Imam en occultation : celui-ci ne peut par conséquent exercer aucune influence effective.
Ils disent encore que si Dieu veut faire surgir un Imam pour réformer l'humanité, il peut le susciter au moment voulu, sans qu'il soit nécessaire de le faire des milliers d'années auparavant. La réponse est que ces gens n'ont pas vraiment saisi la signification de l'Imam, dont la tâche n'est pas uniquement d'expliquer les sciences religieuses et de guider le peuple dans le monde d'ici-bas.
De même qu'il a la tâche de guider les hommes dans l'autre monde l'Imam assume aussi la fonction de la walâyat et de la direction ésotérique des hommes. Il est celui qui dirige la vie spirituelle de l'homme et qui oriente vers Dieu les aspects intérieurs de l'action humaine. Il est clair que sa présence physique ou son absence n'a pas de conséquences sur ces choses. L'Imam veille sur les hommes de l'intérieur et se maintient en communion avec leur âme et leur esprit, même s'il reste caché à leurs yeux. Son existence est toujours nécessaire même si le temps de sa manifestation et de la réintégration universelle qu'il doit opérer n'est pas encore arrivé. les sciences religieuses et de guider le peuple dans le monde
Présentation d’al Mahdi
Al Mahdî n'est pas seulement l'incarnation d'une doctrine islamique à caractère religieux, mais aussi le titre d'une aspiration à laquelle l'humanité a souscrit dans ses différentes religions et doctrines, et la formulation d'une inspiration innée à travers laquelle tous les autres humains, malgré la diversité de leurs doctrines et la divergence de leurs voies conduisant au mystère, se rendent compte que l'humanité connaîtra le Jour Promis où les messages divins, réaliseront leur objectif final et dévoileront leur signification grandiose, et où la marche pénible à travers l'histoire aboutira à la stabilité et à la tranquillité, après tant d'efforts.
La conscience de l'échéance imminente de ce jour "métaphysique" et de cet avenir promis n'est pas le propre de ceux qui croient religieusement au mystère; elle s'est étendue à d'autres catégories et a trouvé même un écho dans les idéologies et les courants doctrinaux les plus réfractaires à la métaphysique et aux mystères, tel que le matérialisme dialectique qui explique l'histoire par les contradictions et croit à l'avènement d'un jour promis où disparaîtront toutes ces contradictions pour céder la place à l'entente et à la paix.
Ainsi, nous constatons que l'expérience psychologique que l'humanité a faite de cette conscience à travers l'histoire est la plus grande et la plus généralisée des expériences des êtres humains. Lorsque la religion appuie ce sentiment psychologique général de l'avènement d'un jour où la terre sera couverte de justice et d'équité après qu'elle aura été pleine d'injustice et d' iniquité, elle lui confère une valeur objective et l'érige en une croyance ferme en l'avenir de l'humanité, croyance qui n'est pas seulement une source de consolation, mais également une source de force et d'impulsion intarissable, parce qu'elle est une lueur de lumière qui résiste au désespoir flambant dans le cure de l'homme, malgré les ténèbres des drames et le gigantisme de l'injustice, car le jour promis montrera que la justice pourra affronter un monde imprégné d' injustice et d'iniquité et en ébranler les piliers afin de le reconstruire sur une nouvelle base, et que l'injustice, si tyrannique, si puissante et si étendue soit-elle, ne représente qu'une anomalie condamnée à disparaître.
Cette défaite cuisante et inévitable de l'injustice à un moment où elle se trouvera au sommet de sa gloire, redonnera à tout homme et à toute nation victimes d'injustice, un grand espoir de pouvoir modifier les équilibres établis et de rééquilibrer la situation.
Si l'idée d' "Al Mahdî" est plus vieille que l'avènement de l'Islam et dépasse les limites de celui-ci, ses aspects détaillés que le message islamique a définis sont en revanche les plus aptes à satisfaire l'ensemble des aspirations liées à cette idée depuis l'aube de l'histoire, et les plus exaltants pour les sentiments des victimes d'injustice et des damnés de la terre tout au long de l’histoire. Car l'Islam a transformé l'idée du mystère en une réalité et l'a ramenée de l'avenir au présent.
Alors qu'elle n'était qu'une aspiration à un sauveur que ce bas monde engendrera dans un avenir lointain et inconnu, l'Islam l'a transformée en une croyance à l'existence effective du sauveur qui aspire, comme tout le monde, au jour promis où toutes les conditions objectives seront réunies pour lui permettre de jouer son rôle déterminant.
Al Mahdî n'est plus donc une idée dont nous attendons la naissance, ni une prédiction à la réalisation de laquelle nous aspirons, mais une réalité que nous voulons vivre et un homme en chair et en os, qui vit parmi nous, qui nous voit, qui vit nos espérances et nos douleurs, qui partage nos tristesses et nos joies, qui assiste avec peine aux supplices des "suppliciés", à la misère des misérables et à l'injustice, en attendant impatiemment le moment propice qui lui permettra de tendre la main à toutes les victimes de l' injustice, à tous ceux qui vivent dans la privation, à tous les misérables, et de venir à bout des injustes.
Dieu a voulu que ce Guide Attendu ne se manifeste pas en public ni ne dévoile sa vie aux autres, bien qu'il vive parmi eux et attende avec eux le moment promis.
Il est évident que l' "idée" (d'Al Mahdî), réduit, par ses aspects islamiques, le fossé métaphysique entre toutes les victimes de l'injustice et le sauveur attendu, et raccourcit le pont qui les relie à lui, quelle que soit la longue durée de l'attente.
Quant à nous, lorsqu'on nous demande de croire à l'idée d' "Al Mahdî", en tant qu'un homme à l'identité précise, vivant comme nous vivons et qui attend comme nous attendons, on veut nous suggérer que l'idée du refus absolu de toute injustice et de toute tyrannie qu'il représente, est incarnée effectivement par le Guide contestataire attendu qui réapparaîtra avec un casier blanc, n'ayant pas prêté serment d'allégeance à un injuste - comme mentionné dans le hadîth - et que croire en lui, c'est croire et emboîter le pas à ce refus vivant qui existe effectivement.
Dans les hadiths, il y a exhortation constante à l'attente du Salut, et recommandation à ceux qui croient à AL Mahdî, de se préparer à sa réapparition, car cette attente incarne la liaison spirituelle ou le lien intime entre eux et lui. Un tel lien ou une telle liaison ne pourrait exister si le Mahdî ne se matérialisait pas effectivement sous sa forme d'homme vivant contemporain.
Ainsi, cette incarnation a donné une nouvelle impulsion à l'idée d'Al Mahdî - et en a fait une source de générosité et de force plus puissante. En outre, tout contestataire se sent consolé, soulagé et apaisé des peines et de l'injustice qu'il a subies, lorsqu'il voit que son Imam et Guide éprouve et partage - en tant qu'homme contemporain vivant avec lui, et non comme une simple idée future - ses douleurs.
Mais la personnification de l'idée d'Al Mahdî a suscité en même temps chez certains individus qui avaient des difficultés à concevoir cette idée, des attitudes négatives. Ceux-ci se demandent en effet:
1) Si Al Mahdî était l'expression d'un homme toujours vivant à travers des générations et depuis plus de dix siècles, et qu'il continuait ainsi jusqu'à sa réapparition, comment expliquer une telle longévité et comment pourrait-il échapper aux lois de la nature qui imposent à tout homme de passer par l'étape de la vieillesse et de la sénilité en un laps de temps infiniment plus court, étape qui le conduit immanquablement à la mort? Une telle longévité n'est-elle donc pas possible sur le plan de la réalité?
2) Pourquoi Dieu prendrait-Il tant de soins de cet homme en particulier, suspendant pour lui la Loi de la nature? Pourquoi ferait-Il l'impossible pour prolonger sa vie et le garder pour le Jour Promis? L'humanité est-elle atteinte d'une stérilité qui la rendrait incapable d'engendrer des dirigeants compétents? Pourquoi Dieu ne confierait-Il pas le Jour Promis à un guide qui naîtrait à l'aube de ce Jour-là, qui grandirait comme tout le monde et qui jouerait progressivement son rôle jusqu'à ce qu'il eût rempli la terre de justice et d'équité après qu'elle fut pleine d'injustice et d'iniquité.
3) Si "Al Mahdî" est le nom d'une personne précise, en l'occurrence, le fils du 11e Imam d'Ahl-ul-Bayt né en l'an 256 de l'hégire, quelques années avant le décès de son père en l'an 260 H. - cela signifie qu'il était encore un enfant d'à peine cinq ans à la mort de son père, et qu'à cet âge, il n'eût pas le temps de recevoir de son père une formation religieuse et intellectuelle complète; comment aurait-il donc pu compléter sa formation en vue de jouer intellectuellement, religieusement et scientifiquement son grand rôle?
4) Si ce guide était déjà formé et qu'il était prêt à assumer sa mission, pourquoi attendre des centaines d'années? Les calamités et désastres sociaux que le monde a connus ne constitueraient-ils pas une raison suffisante pour qu'il réapparaisse et fasse régner la justice sur la terre?
5) Et même si nous supposions qu'Al Mahdî puisse exister, comment pourrions-nous y croire? L'homme peut-il se permettre de croire au bien-fondé d'une hypothèse de ce genre sans qu'il repose sur une preuve scientifique ou légitime incontestable? Quelques hadiths attribués au Prophète (P) et dont on ne connaît pas la véracité, suffisent-ils pour admettre l'hypothèse en question?
6) Comment concevoir qu'on ait préparé pour Al Mahdî ce rôle colossal et déterminant dans la vie du monde, alors qu'un individu, si extraordinaire soit-il, ne peut à lui seul faire l'histoire ni la mener vers une phase nouvelle; étant donné que ce sont les circonstances objectives et leurs contradictions qui font mûrir les graines et attisent le foyer du mouvement de l'histoire, et non pas la grandeur de l'individu, laquelle ne peut que proposer celui-ci à être la façade desdites circonstances et l'expression pratique des solutions qu'elles nécessitent?
De quelle façon cet individu pourrait-il réaliser la transformation considérable et la victoire décisive de la justice et du message de la justice sur toutes les entités de l'injustice, de l'iniquité et de la tyrannie, lesquelles possèdent tant de pouvoir et d'influence, disposent de tant de moyens de destruction et d'anéantissement, de tant de ressources scientifiques, de tant d'autorité politique, sociale et militaire?
Ces questions pourraient se poser souvent et d'une façon ou d'une autre. Leurs véritables motifs ne sont pas uniquement d'ordre spéculatif, mais aussi d'ordre psychologique. Ce qui les suscite, c'est le prestige de la réalité qui prévaut dans le monde, et le sentiment d'avoir peu de chance de pouvoir la changer radicalement.
Et autant cette réalité qui domine notre monde suscite en nous ce sentiment, autant les doutes se renforcent et les interrogations se multiplient. Ainsi, le sentiment de défaite, d'effacement et de faiblesse conduit l'homme au surmenage psychologique dès qu'il se met à penser au processus d'une grande transformation en vue de dépouiller le monde de toutes les conditions et de toutes les injustices qui sévissaient au long de l'histoire, et de lui donner un contenu nouveau, fondé sur le bon droit et la justice.
Aussi, son surmenage l'incite-t-il à douter de la possibilité de voir cette grande transformation se matérialiser, et même à s'efforcer de la récuser pour une raison ou une autre.
Nous allons répondre successivement et dans les limites que nous impose ce bref exposé à chacune de ces questions.
Comment Expliquer la Longévité d'al-Mahdî ?
Ou en d'autres termes, est-il possible qu'un homme puisse vivre plusieurs siècles, comme ce grand Guide dont on attend qu'il change le monde, et qui est censé être âgé de plus de 1140 ans, c'est-à-dire 14 fois plus âgé qu'un homme ordinaire qui traverse toutes les phases normales de la vie, de l'enfance à la vieillesse?
Le mot possibilité peut signifier ici soit une possibilité pratique (appliquée), soit une possibilité scientifique, soit une possibilité logique ou rationnelle. Par possibilité pratique, j'entends: ce qui est réalisable pour des gens comme vous et moi ou pour tout homme ordinaire comme nous. Ainsi voyager à travers l'Océan, atteindre le fond de la mer, monter jusqu'à la lune... tout cela est devenu chose effectivement praticable, car il y a des gens qui le font réellement, d'une façon ou d'une autre.
Par possibilité scientifique, j'entends les choses que des gens, comme vous et moi, ne pourraient pas mettre en application par les moyens dont dispose l'humanité contemporaine, mais dont la possibilité de réalisation dans certaines conditions et par des moyens spéciaux - ne peut être écartée par la science et ses orientations changeantes.
Ainsi, rien dans la science n'autorise de récuser la possibilité pour l'homme de monter vers la planète Vénus. Au contraire, les indices scientifiques actuels militent en faveur d’une telle éventualité, bien qu'un exploit de ce genre ne soit pas à la portée de tout le monde. Car, en fait, la différence entre l'ascension vers la Lune et l'ascension vers Vénus n'est qu'une question de degré, et ne représente que l'aplanissement de quelques difficultés supplémentaires, dues au supplément de distance entre la première et la seconde planète. Donc atteindre à Vénus est possible scientifiquement, bien que ce ne le soit pas effectivement.
En revanche, atteindre le Soleil, en plein ciel, n'est pas possible scientifiquement, c'est-à-dire que la science n'a pas l'espoir d'y parvenir, puisqu'on ne peut concevoir scientifiquement ni expérimentalement la possibilité de fabriquer la cuirasse protectrice, capable de résister à la chaleur du Soleil qui représente une fournaise parvenue au plus haut degré que l'homme puisse imaginer.
Par possibilité logique ou philosophique, j'entends celle que la raison ne peut récuser, selon les lois qu'elle perçoit à priori.
Ainsi on ne saurait diviser logiquement trois oranges en deux parties à la fois égales et sans fraction, car la raison perçoit préalablement à toute expérience que le nombre trois est impair et non pas pair, et qu'il ne peut être divisé en deux parties égales, une telle division nécessitant que le nombre soit pair; autrement ce nombre serait à la fois pair et impair, ce qui est contradictoire; or la contradiction est logiquement impossible.
En revanche, il n'est pas impossible, selon la logique, que l'homme puisse traverser le feu ou monter jusqu'au Soleil sans se faire brûler par la chaleur, car il n'y a pas de contradiction dans la supposition que la chaleur ne passe pas du corps le plus chaud vers le corps le moins chaud; alors que cette supposition est contraire à l'expérience, laquelle a démontré la transmissibilité de chaleur du corps le plus chaud vers le corps le moins chaud, jusqu'à ce que les deux corps deviennent d'une température égale.
De ce qui précède on peut conclure que la sphère de la possibilité logique est plus large que celle de la possibilité scientifique et celle-ci est à son tour plus large que celle de la possibilité pratique.
En ce qui concerne la possibilité d'une longévité s'étendant sur plusieurs milliers d'années, elle est sans doute logiquement concevable, car du point de vue rationnel abstrait, elle n'est pas contradiction, étant donné que la vie, en tant que concept, ne comporte pas une mort rapide, et cela est indiscutable.
De même, il est indiscutable que cette longue vie n'est pas possible sur le plan pratique, ni ne saurait être identifiée à la possibilité de descendre au fond de la mer ou de monter sur la lune; car la science, au stade où elle se trouve actuellement, et par les moyens et les instruments dont elle dispose effectivement jusqu'à présent, ne peut prolonger la vie de l'homme de plusieurs centaines d'années. La preuve en est que les gens les plus attachés à la vie et les plus qualifiés pour se servir des possibilités de la science, ne peuvent jouir d’une vie plus longue que d' habitude.
Quant à la possibilité scientifique d'une telle longévité, rien dans la science ne permet de la refuser théoriquement. En fait il s'agit là d'un problème en rapport avec la qualité physiologique du phénomène de la sénilité et de la vieillesse chez l'homme: ce phénomène traduit-il une loi naturelle qui impose aux tissus et aux cellules de l'homme une sénescence progressive, et une régression de fonctionnement, une fois qu'ils arrivent au terme de leur développement maximal, qui mène à un arrêt total de toute activité, même si on les mettait à l'abri de toute influence extérieure? Ou bien cette sénescence et cette régression dans les tissus et les cellules du corps, découlent-elles d'une lutte qui oppose celui-ci à des facteurs extérieurs, tels que les microbes ou l'empoisonnement qui l'atteindraient à la suite d'une nutrition excessive, d'un travail excessif... ou de tout autre facteur?
On a là une question que la science se pose aujourd'hui et à laquelle elle se propose d'apporter des réponses sérieuses et nombreuses. Si nous nous en tenons au point de vue scientifique qui tend à interpréter vieillesse et sénilité comme le résultat d'une lutte ou d'un contact entre le corps et des facteurs extérieurs donnés, nous devons admettre qu'il est possible théoriquement que les tissus du corps puissent continuer à vivre, à survivre au phénomène de la vieillesse, et à le vaincre définitivement, si l'on parvenait à les mettre à l'abri de ces facteurs.
Et si nous prenons en considération un autre point de vue scientifique, celui qui a tendance à supposer que la vieillesse est une loi naturelle inhérente aux cellules et aux tissus vivants - c'est-à-dire que ceux-ci portent substantiellement le germe de leur périsse ment inévitable qui passe par la phase de la vieillesse et de la sénilité pour finir dans la mort - rien ne nous empêche d'exclure l'inflexibilité de cette loi. Si nous supposons que cette loi est cohérente, nous pensons du même coup qu'elle est sûrement flexible.
Car aussi bien dans notre vie ordinaire qu'à travers les observations des savants dans les laboratoires scientifiques, on peut remarquer que la vieillesse, en tant que phénomène physiologique, est atemporel: elle peut survenir prématurément ou tardivement. Aussi n'est-il pas rare de voir un homme âgé possédant des membres souples et en état de jeunesse, comme les médecins l'affirment eux-mêmes. Les savants ont même pu profiter de la flexibilité de cette loi pour prolonger la vie de certains animaux des centaines de fois leur longévité ordinaire, en créant des conditions et des facteurs qui retardent l'effet de la loi de la vieillesse.
Il est donc établi par la science, que les effets de cette loi peuvent être scientifiquement retardés grâce à la création de conditions et de facteurs particuliers, bien que la science n'ait pu jusqu'à présent en faire l'application sur des êtres aussi complexes que l'homme. La différence entre la possibilité scientifique et l'application effective, traduit dans ce cas une différence de degré de difficulté entre l'application (de cette possibilité) sur l'homme et son application sur d'autres êtres vivants.
Cela veut dire que sur le plan théorique, la science et ses orientations mobiles n'ont rien qui puisse permettre de récuser la possibilité de prolonger l'âge de l'homme, et ce aussi bien si nous interprétons la vieillesse comme étant le produit d'une lutte et de contacts entre les cellules humaines et des facteurs extérieurs, ou l'émanation d'une loi naturelle inhérente à la cellule elle-même, loi qui condamne celle-ci à s'acheminer vers l'anéantissement.
On peut donc conclure que la prolongation de la longévité humaine de plusieurs siècles est possible logiquement et scientifiquement, bien qu'elle ne le soit pas encore sur le plan de l'application, mais que l'orientation scientifique s'achemine vers la réalisation de cette dernière possibilité à long terme.
C'est à la lumière de ces données que nous abordons maintenant la question de l'âge d'al Mahdî et l'étonnement et l'interrogation qu'elle soulève. Ayant démontré la possibilité scientifique et logique d'une telle longévité, ainsi que l'acheminement de la science vers la traduction progressive de cette possibilité théorique en une possibilité applicable et appliquée, il nous semble que l'étonnement n'a plus de raison d'être, sauf en ce qui concerne la difficulté d'admettre qu'al Mahdî ait devancé la science en transformant la possibilité théorique en possibilité réelle, à travers sa propre personne et avant que la science n'atteigne le niveau requis pour pouvoir effectuer réellement cette transformation, car cela équivaudrait à dire que quelqu'un a devancé la science dans la découverte du cancer et de la méningite.
Si le problème réside dans la question de savoir comment l'Islam - qui a planifié cette longévité d'al Mahdî - a pu devancer le mouvement scientifique en ce qui concerne cette transformation (de la possibilité théorique en possibilité réelle), la réponse est la suivante: l'Islam n'a pas devancé le mouvement scientifique seulement dans ce domaine, mais dans bien d'autres.
N'a-t-elle pas lancé des slogans, qui ont servi de plans d'action que la marche indépendante de l'humanité n'a pu concevoir que plusieurs siècles plus tard?
La Charî'ah (la législation islamique révélée), dans son ensemble, n'a-t-elle pas devancé de plusieurs siècles le mouvement de la science et du développement naturel de la pensée humaine?
N'avait-elle pas apporté des législations pleines de sagesse dont les secrets n'ont pu être saisis que depuis peu de temps? Le Message divin n'a-t-il pas dévoilé de secrets de l'Univers qui ne pouvaient effleurer l'esprit de personne, et que la science a fini par reconnaître? Si nous croyons à tous ces faits, pourquoi exclurions-nous que Dieu puisse devancer la science en ce qui concerne la longévité d'un homme, en l'occurrence Al Mahdî?
Il ne s'agit là que des manifestations de prescience que nous pouvons percevoir directement. On peut y ajouter d'autres cas que le Message divin nous informe. Ainsi celui-ci nous révèle que le Prophète fut transporté pendant une nuit, de la Mosquée Interdite à la Mosquée al-Aqçâ!
Si nous voulons comprendre cet événement dans le cadre des lois naturelles, il traduit sûrement l'application de celles-ci plusieurs centaines d'années avant que la science n'ait pu y parvenir. Donc la même expérience divine qui a permis au Prophète de se déplacer si vite, bien avant que la science ne soit parvenue à un tel exploit, a permis également au dernier des Successeurs "Pré désignés" du Prophète, d'avoir une vie prolongée avant que la science ne mette en application cette possibilité.
Certes, cette longue vie que Dieu a accordée au Sauveur Attendu paraît extraordinaire jusqu'a aujourd'hui, par rapport à la réalité de la vie des gens et aux expériences des savants. Mais le rôle transformateur décisif auquel ce Sauveur est préparé n'est-il pas aussi extraordinaire en comparaison avec la vie familière et ordinaire, et les diverses évolutions historiques que l'humanité a vécues? N'est-il pas chargé justement de transformer le monde et de reconstruire sa structure de civilisation sur des principes du bon droit et de la justice? Pourquoi s'étonner du fait que la préparation de ce rôle extraordinaire soit accompagnée de certains phénomènes extraordinaires et inhabituels, tel que la longue vie du Sauveur Attendu? Si extraordinaire et inhabituel que puisse paraître ce phénomène (la longue vie d'al Mahdî), il n'est guère plus étrange que le rôle extraordinaire lui-même, que le Sauveur doit jouer le Jour Promis.
Si nous admettons la possibilité de ce rôle grandiose, unique en son genre dans l'histoire de l'humanité, pourquoi n'admettrions-nous pas une longévité qui n'a pas de semblable dans notre vie ordinaire?
Je ne sais pas si c'est par pure coïncidence que les deux seuls hommes chargés de vider l'humanité de son contenu corrompu et de la reconstruire soient dotés d'une longévité sans commune mesure avec la nature? Le premier, c'est Noé qui a joué son rôle dans le passé de l'humanité et dont le Coran dit qu'il a vécu "mille moins cinquante ans" parmi son peuple, et qu'il a pu, grâce au déluge, reconstruire le monde. Le second, c'est Al Mahdî, qui a vécu jusqu'à présent plus de mille ans parmi son peuple, et qui devra jouer son rôle de Reconstructeur du monde, dans l'avenir de l'humanité, et le Jour Promis.
Pourquoi accepter Noé qui a vécu environ mille ans et refuser Al Mahdî?
source : sibtayn