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Critique de la « chiitophobie » des nouveaux prédicateurs musulmans !

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : En islam, à l’instar des Sunnites, les Chiites n’adorent qu’un seul et même Dieu, le dernier des messagers auquel le Coran a été révélé est Mohammed ; ils mémorisent, lisent, méditent et commentent le Coran commun à tous les Musulmans, font les cinq prières obligatoires, s’acquittent de la Zakât, jeûnent le mois de Ramadan et font le pèlerinage à la Mecque. A l’instar des Sunnites, les trois premières
Critique de la « chiitophobie » des nouveaux prédicateurs musulmans !

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : En islam, à l’instar des Sunnites, les Chiites n’adorent qu’un seul et même Dieu, le dernier des messagers auquel le Coran a été révélé est Mohammed ; ils mémorisent, lisent, méditent et commentent le Coran commun à tous les Musulmans, font les cinq prières obligatoires, s’acquittent de la Zakât, jeûnent le mois de Ramadan et font le pèlerinage à la Mecque. A l’instar des Sunnites, les trois premières sources du droit musulman sont le Coran, la Sunna et le consensus. Tous leurs livres de droit musulman s’ouvrent également par les actes cultuels, de la purification au pèlerinage, en passant par le jeûne, et se terminent tous par les actes relationnels, comme le mariage et les contrats de vente. Leurs sciences du Coran traitent également des mêmes thématiques, comme les versets mecquois et médinois, l’abrogation, etc.

Leurs sciences du hadith présentent à peu près la même catégorisation, comme le hadith authentique, hadith faible, hadith convergent, hadith singulier, etc. Ils ont, comme les Sunnites, une école classique du hadith. Souvent, dans ces mêmes sciences, on peut observer les mêmes controverses scientifiques, comme la force probante du hadith singulier qui fait débat depuis des siècles au sein des deux écoles. Les Chiites divergent avec les Sunnites sur des questions théologiques, comme les quatre principales écoles juridiques sunnites divergent entre elles, y compris sur des questions dogmatiques, bien plus, comme il existe des divergences structurelles jurisprudentielles au sein même d’une seule école sunnite. Enfin, des personnalités notoires du monde musulman sunnite, comme l’ancien Sheikh al-Azhar Shaltout et l’actuel Cheikh el-Azhar Ahmed at-Tayyib, ont reconnu la possibilité pour un musulman d’adopter l’école Jaafarite chiite comme une cinquième école. Et pourtant…

Pourtant, on ne compte plus les talk-show et les articles où des prédicateurs communautaires expriment et diffusent une haine décomplexée du chiisme et du chiite. Ainsi, le prédicateur Moncef Zenati, excellent dans l’anathème, qualifie les Chiites d’« égarés », et leurs femmes de pratiquer la « prostitution » et donne des astuces pour « détecter » un Chiite présenté comme hypocrite, fourbe et sournois.

L'imam et prédicateur Moncef Zenati fait partie du site Havre de savoir, proche de l'Union des organisations islamiques de France. L’appartenance du Chiite à l’islam n’est donc suffisamment pas significative pour saisir son islamité. De même que l’insolite Hassan Iquioussen, dans plus d’une vidéo, dont le format est habituellement ahurissant, tourne en dérision les croyances des Chiites en les présentant comme des conspirationnistes. Ou encore, le « chercheur » Rachid Id Yassin qui, dans un article sur un site communautaire, qualifie la légitimité même du chiisme de « surenchère » et reposerait, selon lui, sur la « propension au mystère » et « le goût du secret ». Ainsi, le Chiite est musulman au conditionnel. Mais il faudrait s’arrêter un moment sur le livre du prédicateur Nabil Ennasri qui est une consécration de la chiitophobie ambiante.

Le chapitre VI « Des révoltes arabes, du soralisme et du chiisme », de son livre intitulé « Les 7 défis capitaux » en est l’illustration. Le Chiite y est présenté comme conspirationniste et sectaire. C’est ainsi qu’il présente une personnalité chiite française qu’il vilipende : « Le grand gagnant de cette manœuvre fut Yahia Gouasmi qui, en sortant de l’ombre, a pu faire connaître sa prédication chiite […]. Car derrière le discours antisioniste de façade, se cache une véritable manœuvre de promotion du chiisme dans sa traduction la plus sectaire ». Ainsi, les « cellules » chiites ne défendent la cause palestinienne que « pour propager leur prédication chiite » (p.166), c’est en ces termes que le jeune prédicateur entend « mettre en garde la communauté contre l’entourloupe politico-religieuse » avec la complicité de l’ambassade iranienne (p.167-168).

Nabil Ennasri, cadre associatif, est aussi l'auteur de l'essai : « Les 7 défis capitaux ». Il n’hésite pas non plus à présenter le chiisme comme un danger qui hante l’Europe, la France et la Belgique en particulier, seraient envahis par des « conversions massives au chiisme » : « Près de 40 000 Marocains vivant en Europe se seraient ainsi convertis. Dans le tissu associatif musulman, les histoires de conversion au chiisme ne sont plus rares et de Clermont-Ferrand à Avignon en passant par Marseille et la région parisienne, elles interrogent lourdement du fait de la propension des cellules chiites à faire preuve de prosélytisme ». Ainsi, le Chiite est présenté comme une cinquième colonne, comme le Musulman l’est aussi aux yeux de l’islamophobe.

Le récent conflit en Syrie, sans en être le catalyseur, a certainement exacerbé cette chiitophobie séculaire, et celle-ci a, par un effet feed-back, biaisé l’analyse sereine, objective et multifactorielle des tensions dans cette région. C’est ainsi que Nabil Ennasri occulte, de façon outrancière, les fondamentaux scientifiques qu’aucun analyste sérieux des conflits régionaux ou internationaux ne peut ignorer. En effet, le conflit syrien se résume chez lui aux méchants Chiites-alaouites, « ne priant pas dans des mosquées », opposés aux bons Sunnites. Selon l’auteur, il s’agit d’une « guerre au fait religieux sunnite » et Bachar al-Assad veut « réduire au maximum l’expression du fait sunnite majoritaire » en se livrant au « pilonnage des mosquées » sunnites. Et le récit anecdotique propre à la littérature mythologique est relativement invoqué. Ainsi, le déclencheur de la rébellion syrienne est réduit aux propos du « patron de la politique locale » qui aurait dit aux habitants sunnites venus chercher leurs enfants détenus et à qui « on arrache les ongles » : « Oubliez vos enfants et retournez chez vos épouses. Elles vous en donneront d’autres. Et puis, si vous n’êtes pas capables de leur faire des enfants, amenez-nous vos femmes, on s’occupera d’elles ». C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres « d’un baril qui était prêt à exploser », nous dit l’auteur propagandiste qui fait taire la mauvaise conscience du spectateur impuissant d’un conflit dont la complexité est inextricable.

Cette théorie du complot ethnico-religieux est déconstruite par Georges Corm, l’un des plus grands spécialistes des conflits au Moyen-Orient, notamment dans son livre Pour une lecture profane des conflits, où il dit « les adeptes des théories du complot pensent que quelques individus malfaisants ou une communauté religieuse limitée en nombre peuvent à eux seuls ébranler l’ordre du monde et ses hiérarchies. Il s’agit là d’une pensée magique et aberrante, qu’il convient de dénoncer sans compromis » (p. 40).

Ces jugements essentialistes et à l’emporte-pièce manquent, en effet, cruellement de validité scientifique. Effectivement, face à ce binarisme et à cette thèse débilitante, Georges Corm rappelle les fondamentaux des « techniques d’une politologie profane et multifactorielle des conflits », en mettant en évidence les facteurs démographique, économique, géographique, politique, historique, culturel, susceptibles de structurer le conflit. Ce que l’auteur des 7 défis capitaux semble totalement ignorer en faisant d’une cause résiduelle l’unique explication du conflit. Il faut dire que la faculté d’être convoqué par les médias, d’avoir la bénédiction de certains princes, est plus importante aux yeux des faiseurs d’opinion qu’une analyse fine des phénomènes géopolitiques. Nous espérons par cet écrit avoir contribué à dénoncer ces procédés malsains exposés plus haut…Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : En islam, à l’instar des Sunnites, les Chiites n’adorent qu’un seul et même Dieu, le dernier des messagers auquel le Coran a été révélé est Mohammed ; ils mémorisent, lisent, méditent et commentent le Coran commun à tous les Musulmans, font les cinq prières obligatoires, s’acquittent de la Zakât, jeûnent le mois de Ramadan et font le pèlerinage à la Mecque. A l’instar des Sunnites, les trois premières sources du droit musulman sont le Coran, la Sunna et le consensus. Tous leurs livres de droit musulman s’ouvrent également par les actes cultuels, de la purification au pèlerinage, en passant par le jeûne, et se terminent tous par les actes relationnels, comme le mariage et les contrats de vente. Leurs sciences du Coran traitent également des mêmes thématiques, comme les versets mecquois et médinois, l’abrogation, etc.

Leurs sciences du hadith présentent à peu près la même catégorisation, comme le hadith authentique, hadith faible, hadith convergent, hadith singulier, etc. Ils ont, comme les Sunnites, une école classique du hadith. Souvent, dans ces mêmes sciences, on peut observer les mêmes controverses scientifiques, comme la force probante du hadith singulier qui fait débat depuis des siècles au sein des deux écoles. Les Chiites divergent avec les Sunnites sur des questions théologiques, comme les quatre principales écoles juridiques sunnites divergent entre elles, y compris sur des questions dogmatiques, bien plus, comme il existe des divergences structurelles jurisprudentielles au sein même d’une seule école sunnite. Enfin, des personnalités notoires du monde musulman sunnite, comme l’ancien Sheikh al-Azhar Shaltout et l’actuel Cheikh el-Azhar Ahmed at-Tayyib, ont reconnu la possibilité pour un musulman d’adopter l’école Jaafarite chiite comme une cinquième école. Et pourtant…

Pourtant, on ne compte plus les talk-show et les articles où des prédicateurs communautaires expriment et diffusent une haine décomplexée du chiisme et du chiite. Ainsi, le prédicateur Moncef Zenati, excellent dans l’anathème, qualifie les Chiites d’« égarés », et leurs femmes de pratiquer la « prostitution » et donne des astuces pour « détecter » un Chiite présenté comme hypocrite, fourbe et sournois.

L'imam et prédicateur Moncef Zenati fait partie du site Havre de savoir, proche de l'Union des organisations islamiques de France. L’appartenance du Chiite à l’islam n’est donc suffisamment pas significative pour saisir son islamité. De même que l’insolite Hassan Iquioussen, dans plus d’une vidéo, dont le format est habituellement ahurissant, tourne en dérision les croyances des Chiites en les présentant comme des conspirationnistes. Ou encore, le « chercheur » Rachid Id Yassin qui, dans un article sur un site communautaire, qualifie la légitimité même du chiisme de « surenchère » et reposerait, selon lui, sur la « propension au mystère » et « le goût du secret ». Ainsi, le Chiite est musulman au conditionnel. Mais il faudrait s’arrêter un moment sur le livre du prédicateur Nabil Ennasri qui est une consécration de la chiitophobie ambiante.

Le chapitre VI « Des révoltes arabes, du soralisme et du chiisme », de son livre intitulé « Les 7 défis capitaux » en est l’illustration. Le Chiite y est présenté comme conspirationniste et sectaire. C’est ainsi qu’il présente une personnalité chiite française qu’il vilipende : « Le grand gagnant de cette manœuvre fut Yahia Gouasmi qui, en sortant de l’ombre, a pu faire connaître sa prédication chiite […]. Car derrière le discours antisioniste de façade, se cache une véritable manœuvre de promotion du chiisme dans sa traduction la plus sectaire ». Ainsi, les « cellules » chiites ne défendent la cause palestinienne que « pour propager leur prédication chiite » (p.166), c’est en ces termes que le jeune prédicateur entend « mettre en garde la communauté contre l’entourloupe politico-religieuse » avec la complicité de l’ambassade iranienne (p.167-168).

Nabil Ennasri, cadre associatif, est aussi l'auteur de l'essai : « Les 7 défis capitaux ». Il n’hésite pas non plus à présenter le chiisme comme un danger qui hante l’Europe, la France et la Belgique en particulier, seraient envahis par des « conversions massives au chiisme » : « Près de 40 000 Marocains vivant en Europe se seraient ainsi convertis. Dans le tissu associatif musulman, les histoires de conversion au chiisme ne sont plus rares et de Clermont-Ferrand à Avignon en passant par Marseille et la région parisienne, elles interrogent lourdement du fait de la propension des cellules chiites à faire preuve de prosélytisme ». Ainsi, le Chiite est présenté comme une cinquième colonne, comme le Musulman l’est aussi aux yeux de l’islamophobe.

Le récent conflit en Syrie, sans en être le catalyseur, a certainement exacerbé cette chiitophobie séculaire, et celle-ci a, par un effet feed-back, biaisé l’analyse sereine, objective et multifactorielle des tensions dans cette région. C’est ainsi que Nabil Ennasri occulte, de façon outrancière, les fondamentaux scientifiques qu’aucun analyste sérieux des conflits régionaux ou internationaux ne peut ignorer. En effet, le conflit syrien se résume chez lui aux méchants Chiites-alaouites, « ne priant pas dans des mosquées », opposés aux bons Sunnites. Selon l’auteur, il s’agit d’une « guerre au fait religieux sunnite » et Bachar al-Assad veut « réduire au maximum l’expression du fait sunnite majoritaire » en se livrant au « pilonnage des mosquées » sunnites. Et le récit anecdotique propre à la littérature mythologique est relativement invoqué. Ainsi, le déclencheur de la rébellion syrienne est réduit aux propos du « patron de la politique locale » qui aurait dit aux habitants sunnites venus chercher leurs enfants détenus et à qui « on arrache les ongles » : « Oubliez vos enfants et retournez chez vos épouses. Elles vous en donneront d’autres. Et puis, si vous n’êtes pas capables de leur faire des enfants, amenez-nous vos femmes, on s’occupera d’elles ». C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres « d’un baril qui était prêt à exploser », nous dit l’auteur propagandiste qui fait taire la mauvaise conscience du spectateur impuissant d’un conflit dont la complexité est inextricable.

Cette théorie du complot ethnico-religieux est déconstruite par Georges Corm, l’un des plus grands spécialistes des conflits au Moyen-Orient, notamment dans son livre Pour une lecture profane des conflits, où il dit « les adeptes des théories du complot pensent que quelques individus malfaisants ou une communauté religieuse limitée en nombre peuvent à eux seuls ébranler l’ordre du monde et ses hiérarchies. Il s’agit là d’une pensée magique et aberrante, qu’il convient de dénoncer sans compromis » (p. 40).

Ces jugements essentialistes et à l’emporte-pièce manquent, en effet, cruellement de validité scientifique. Effectivement, face à ce binarisme et à cette thèse débilitante, Georges Corm rappelle les fondamentaux des « techniques d’une politologie profane et multifactorielle des conflits », en mettant en évidence les facteurs démographique, économique, géographique, politique, historique, culturel, susceptibles de structurer le conflit. Ce que l’auteur des 7 défis capitaux semble totalement ignorer en faisant d’une cause résiduelle l’unique explication du conflit. Il faut dire que la faculté d’être convoqué par les médias, d’avoir la bénédiction de certains princes, est plus importante aux yeux des faiseurs d’opinion qu’une analyse fine des phénomènes géopolitiques. Nous espérons par cet écrit avoir contribué à dénoncer ces procédés malsains exposés plus haut…


source : abna
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