UNE CONNAISSANCE PROFONDE ET BIEN DÉFINIE
Le Coran souligne qu'on ne doit poursuivre que le but dont on a une connaissance bien précise et claire: «Ne poursuis pas ce dont tu n'as aucune connaissance. II sera sûrement demandé compte de tout: de l'ouïe, de la vue et du coeur». (Sourate Banî Isrâ'il, 17: 36)
Une telle connaissance s'acquiert par la conviction et une preuve évidente:
«Avez-vous quelque autorité pour parler ainsi? Dites-vous sur Allah ce que vous ne savez pas?» (Sourate Yûnis, 10: 68)
«Tel est leur souhait chimérique! Dis: "Apportez votre preuve décisive, si vous êtes véridiques». (Sourate al-Baqarah, 2: 111)
«La supposition et la conjecture ne vous conduisent pas à cette connaissance: la plupart d'entre eux se contentent de conjectures. La conjecture ne saurait prévaloir contre la Vérité. Allah sait parfaitement ce que vous faîtes». (Sourate Yûnis, 10: 36)
Du point de vue du Coran, la conjecture n'a aucune valeur. Dans beaucoup de versets, elle est décrite comme un non-sens et une action aveugle (cf. Sourate al-An'âm, 6: 148, et Sourate Ale 'Imrân, 3: 154)
Le Coran mentionne plusieurs facteurs qui tendent à susciter la conjecture et à la mettre à la place d'une connaissance juste et précise.
1. La poursuite de bas désirs
Les bas désirs, tel la concupiscence, la cupidité et l'intérêt personnel, constituent un obstacle à la justesse de jugement et empêchement de trouver la vérité:
«Qui donc est plus égaré que celui qui se laisse guider par ses passions, sans la guidance d'Allah?» (Sourate al-Qaçaç, 28: 50)
2. Les coutumes des ancêtres
«Ils disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie, et nous nous sommes guidés d'après leurs traces. C'était toujours ainsi". Nous n'avons envoyé avant toi aucun avertissement à une cité sans que ceux qui y vivaient dans l'aisance ne disent: "Nous avons trouvé nos pères suivant tous la même voie et nous marchons sur leurs traces".» (Sourate al-Zukhruf, 43: 22-23)
3. Une soumission aveugle aux grands et aux puissants
«Ils diront: "Notre Seigneur! Nous avons obéi à nos chefs, à nos grands et ils nous ont écartés de la voie droite». (Sourate al-Ahzâb, 33: 67)
Le complexe d'infériorité subjugue tellement l'homme et accable sa pensée au point qu'il cesse de penser lui-même et qu'il suit aveuglément les pensées, les modes et les habitudes des grandes puissances ou même des pays avancés. Un tel homme voit avec les yeux des autres, entend avec les oreilles des autres et pensent avec le cerveau des autres.
Le Coran a mentionné quelques organes à travers lesquels on peut obtenir une connaissance digne de confiance. Ce sont:
- les oreilles pour entendre
- les yeux pour voir
- le coeur pour comprendre.
«Allah vous a fait sortir du ventre de vos mères dans un état dont vous ne savez rien. IL vous a donné des oreilles, des yeux et des coeurs. Peut-être serez-vous reconnaissants». (Sourate al-Nihal, 16: 78)
Il n y a un autre verses qui dit:
«Puis IL l'a formé harmonieusement et IL a insufflé en lui de son Esprit. IL a créé pour vous des oreilles, des yeux et des coeurs. Vous êtes bien peu reconnaissants!» (Sourate al-Sajdah, 32: 9)
L'une des sources principales de notre connaissance est l'ouïe, à travers laquelle nous parvenons à connaître l'expérience, les investigations et les idées des autres. Nous avons connaissance de beaucoup d'événements par les autres personnes et d'autres sources dignes de foi.
Une autre source principale de notre connaissance est la vue et l'observation.
La troisième source en est la perception intérieure et la compréhension. La connaissance qui s'obtient à travers la vue, l'ouïe et l'observation interne demeure superficielle et de peu de valeur jusqu'à ce qu'elle soit plus étudiée, évaluée et analysée. Cette matière première doit être traitée dans la région du coeur afin qu'elle devienne digne de confiance, valable et propre à être acceptée et suivie.
Selon le Coran, la maturité de l'homme dépend de l'usage correct de ces facultés. Si celles-ci ne sont pas utilisées d'une façon appropriée, l'homme s'abaisse au niveau des animaux.
«Ils ont des coeurs, avec lesquels ils ne comprennent rien; ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas; ils ont des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas. Ils sont semblables aux bestiaux, ou plus égarés encore. Ils sont insouciants». (Sourate al-A'râf, 7: 179)
Le rôle fondamental et étendu du coeur
Le Coran a décrit de plusieurs façons le rôle du coeur. Penser, réfléchir et comprendre sont quelques-unes de ses fonctions.
Penser signifie: fixer la date connue dans le but d'analyse, de composition, de comparaison et d'évaluation. On obtient comme résultat de ces processus des règles générales et des principes qu'on applique par la suite à des cas particuliers.
Réfléchir signifie: aller à l'intérieur des aspects cachés du phénomène apparent afin de trouver le chemin menant à la vraie vérité. Ce que nous pouvons découvrir par nos sens est seulement le reflet de ce qui est l'apparence présente des choses. Nos sens ne peuvent ni découvrir directement la vérité intérieure ni déceler la fin ultime d'un événement.
Par nos sens, nous pouvons connaître seulement ce qui est perceptible et observable; nos sens n'ont pas une capacité suffisante pour avoir accès à la vérité intérieure. Seules peuvent le faire, la pensée profonde, la réflexion et l'analyse mentale.
De là, la connaissance scientifique ne doit pas être fondée sur la crédulité, la divination, la conjecture, le jugement superficiel et la course vue. Elle doit être accompagnée d'une analyse mentale juste et d'une pensée profonde afin que le résultat soit clair, convaincant, digne de confiance et propre à être suivi.
La considération
Le Coran nous incite dans différents endroits à la considération, qui signifie: regarder les choses attentivement et avec curiosité et les observer soigneusement avec une pensée profonde. Considérez attentivement les versets suivants:
«Dis; "Considérez ce qui est dans les Cieux et ce qui est sur la Terre"». (Sourate Yûnis, 10: 101)
«Dis: "Parcourez la Terre et considérez comment IL donne un commencement à la création"». (Sourate Al-'Ankabout, 29: 20)
«Considérez quelle a été la fin des corrupteurs». (Sourate al-A'râf, 7: 86)
«Ne considèrent-ils pas comment les animaux ont été créés, comment le Ciel a été élevé, comment les montagnes ont été placées, comment la terre a été aplanie?» (Sourate al-Ghâchiyah, 88: 17-20)
Nous remarquons dans tous ces cas que la considération doit être si attentive, si exacte et si efficace qu'elle peut fournir une réponse à toute question et résoudre toute difficulté qu'on peut rencontrer. Elle doit être accompagnée d'une pensée profonde et d'une étude soigneuse.
Cette considération, réflexion ou contemplation est applicable à toutes les réalités du monde et n'est pas confinée à une sphère particulière. Le Coran recommande la considération dans divers domaines. Il dit par exemple: «Dans la création des Cieux et de la Terre, dans la succession de la nuit et du jour, il y a vraiment des Signes pour ceux qui sont doués d'intelligence, pour ceux qui pensent à Allah, debout, assis ou inclinés, et qui considèrent la création des cieux et de la terre. (Ils disent): "Notre Seigneur! TU n'as pas créé tout ceci en vain! Gloire à Toi! Préserve-nous du châtiment du Feu."» (Sourate Ale 'Imrân, 3: 190-191)
Il y a dans le Coran des centaines de versets similaires qui appellent l'homme à une étude fructueuse et à une investigation sur ce vaste monde. Concernant l'histoire, le Coran dit: «Raconte-leur les récits afin qu'ils puissent y réfléchir peut-être». (Sourate Al-A'râf, 7: 176)
Il y a d'autres versets qui considèrent les péripéties de l'histoire des anciennes nations, et les causes de leur progrès et de leur décadence comme une leçon à saisir:
«Nous leur montrerons bientôt Nos signes, dans l'univers et en eux-mêmes, jusqu'à ce qu'ils voient clairement qu'IL (Allah) est réellement». (Sourate Fuççilat, 41: 53)
Concernant la connaissance transmise par la révélation, le Coran dit:
«Ne vont-ils pas méditer le Coran? Ou bien les coeurs de certains d'entre eux sont-ils verrouillés?» (Sourate Mohammad, 47: 24)
La connaissance et la science
Dans l'usage moderne, le mot "connaissance" est limité au sens de connaissance scientifique. En réalité ce mot comporte deux sens.
"Connaissance" signifie d'une part toute forme d'apprentissage et d'information, de l'autre, elle signifie science, au sens exclusif de connaissance fondée sur l'expérience et l'induction. Avec la limitation du mot "connaissance" à la connaissance scientifique, un raisonnement fallacieux est apparu, selon lequel:
a) Toute information non fondée sur la connaissance est de peu de valeur, et de là, elle n'est pas convaincante.
b) La connaissance signifie "connaissance expérimentale", et de là, toute connaissance non obtenue par l'expérience est sans valeur et ne mérite pas d'être suivie.
Vous pouvez constater que dans la première phrase le mot "connaissance" est utilisé dans son sens le plus général et le plus large, et que par conséquent, elle donne une signification sur laquelle il ne peut pas y avoir de doute. Il est vrai que toute information non fondée sur la connaissance a peu de valeur. Mais dans la seconde phrase, le mot "connaissance" est employé dans un sens limité. Il en résulte qu'il y a des gens qui disent que seule la connaissance expérimentale est digne de confiance et valable. Ils vont si loin dans cette logique que pour croire à leur propre expérience, ils veulent trouver l'âme humaine à travers une opération chirurgicale et parvenir à Allah au cours d'un voyage spatial.
Un autre faux raisonnement
Nous avons remarqué comment le mot "connaissance" a été indûment limité à un sens étroit. Cette erreur a donné lieu à un autre raisonnement fallacieux.
Il est dit qu'étant donné que seule la connaissance expérimentale est digne de confiance, et que la vérité ne peut être prouvée que par l'observation et l'expérience, il en résulte que, rien qui ne pourrait être soumis à l'observation et au calcul mathématique n'a d'existence réelle. De cet énoncé, on a déduit qu'une réalité est seulement ce qui peut être établi au moyen de l'expérience, et que les choses non matérielles qui ne peuvent pas être testées dans un laboratoire n'ont pas manifestement de réalité, et qu'elles ne sont que des idées ou des notions conçues par l'esprit. Sur cette base, on a inféré en outre que le réalisme est une philosophie qui considère la matière seule comme une réalité, alors que l'idéalisme est cette approche du monde qui croit également au monde non matériel. Et comme la nature de la logique exige de nous de préférer le réalisme à l'idéalisme, l'approche matérialiste du monde est préférable à l'approche divine... Quel élan d'une claire pensée imaginative! Si nous pensons attentivement à l'argumentation ci-dessus, nous pouvons remarquer facilement combien elle est peu scientifique! En fait, elle n'est rien qu'un raisonnement fallacieux. Si nous considérons le réalisme et l'idéalisme respectivement au sens de pensée réaliste et pensée imaginative, il n'y a pas de doute que la première a la priorité sur la seconde. Mais nous devons voir quelle est la portée de la réalité, et ce qui peut être appelé réaliste.
La réalité objective est ce qui existe effectivement. Elle peut être matérielle ou non matérielle. Il n'est pas essentiel qu'une chose qui existe soit nécessairement matérielle. De la même façon, il n'est pas essentiel que toute chose basée sur la connaissance soit observable en laboratoire.
De là, le réalisme divin est la croyance à des réalités matérielles ou non matérielles, et non pas une croyance à des notions purement conceptuelles et à des idées imaginaires. Ceux qui croient à l'approche divine du monde affirment qu'ils ont atteint la Vérité Absolue à travers la perspicacité et la connaissance. Ils l'ont trouvée et ne l'ont pas tout simplement conçue.
C'est une vérité indiscutable qui a été malheureusement mal présentée et incorrectement interprétée.
L'Islam a sa propre vision du monde, qu'on doit comprendre correctement, car sans la connaître il n'est pas possible de comprendre les enseignements islamiques concernant beaucoup d'autres domaines de la doctrine et de la pratique.
Du point de vue islamique, le monde est une somme de réalités très variées, mais corrélatives, qui ont une existence et continuent de naître par la Volonté d'Allah, l'Unique, l'Omnipotent et l'Omniscient. Le monde est constamment changeant et en mouvement. Il est un mouvement fondé sur la Bonté et la Bénédiction, et dirigé vers une perfection progressive, c'est-à-dire que chaque être parvient au degré de perfectionnement qui lui convient. Par Sa Miséricorde infinie, Allah a voulu que dans la marche évolutive du monde, chaque chose fût pré-planifiée et fondée sur une série de lois promulguées par Lui. Le Coran a désigné ces lois par le terme: "Pratique divine".
Du point de vue de l'Islam, l'homme est un phénomène en devenir et un être créatif qui détermine lui-même son avenir. C'est pour cela qu'il est doté de deux dons:
1.- La faculté d'acquérir une connaissance vaste et sans cesse croissante sur lui-même et sur l'univers;
2. - La volition.
La vision islamique du monde peut-être résumée comme suit:
- Le réalisme
- Une pensée correcte
- Le monothéisme
- La préparation de l'avenir par un effort conscient
- L'acquisition de la connaissance par la réflexion et l'expérience
- La perception de la connaissance à travers la Révélation
- L'acquisition du plus possible de connaissance par un système stable d'action et de réaction incluant des réactions immédiates, à long terme et même permanentes.
La vision islamique consiste en la connaissance, la liberté et la responsabilité. C'est une vision d'espoir, d'optimisme et de possession du but.
Pour expliquer davantage ces points, nous nous proposons d'en traiter longuement.
Le réalisme
Comme nous l'avons souligné, selon le point de vue de l'Islam l'univers est une somme de réalités très variées, mais corrélatives qui sont constamment en changement et en mouvement. Il est venu à l'existence par la Volonté d'Allah. L'Islam exige de l'homme qu'il garde présent à l'esprit ce fait lorsqu'il fait connaissance avec lui-même et avec le monde. Il doit reconnaître toute chose telle qu'elle est réellement et dans toutes ses dimensions et ses relations.
Il n'y a pas d'exception au principe de réalisme au stade de la reconnaissance. Mais l'homme peut-il être réaliste au stade de l'action? Au stade de l'action, le réalisme a deux aspects qui doivent être distingués l'un de l'autre.
Parfois, on dit que l'homme doit toujours être réaliste et pratique. Par pratique nous entendons qu'on doit se soumettre aux réalités présentes et ne jamais essayer de leur résister.
L'Islam n'approuve pas cette sorte de réalisme et le considère comme incompatible avec la position de l'homme, sa mission et la force créative dont il est doté. L'homme de l'Islam n'a pas le droit de se soumettre facilement à son environnement physique et moral sous prétexte qu'une personne sensible ne doit pas se brouiller avec les réalités.
Un autre aspect du réalisme est que l'homme doit prendre en compte les limites de ses facultés intellectuelles et pratiques lorsqu'il fait des efforts pour se réformer et réformer son environnement. Il doit découvrir le meilleur moyen de mobiliser ses potentialités et de contourner ou de surmonter les difficultés qui se dressent devant lui. Ce faisant, il doit toujours être réaliste et ne doit jamais surestimer ses potentialités. Cette sorte de réalisme au stade de l'action est approuvé par l'Islam, et fait partie, en réalité, du réalisme au stade de la reconnaissance. L'Islam a signalé à l'homme qu'il peut changer seulement une partie des réalités du monde, et non pas toutes. La capacité de changer la réalité diffère d'une personne à l'autre et d'un stade à l'autre de la vie de l'individu et de la société.
Une pensée correcte
L'Islam insiste beaucoup sur le fait que l'homme doit faire attention au rôle fondamental d'une pensée et d'une connaissance correctes dans sa vie, et qu'il doit réaliser que son salut dépend d'elles. Le Coran dit à cet égard:
«Annonce la bonne nouvelle à Mes serviteurs qui écoutent le conseil (et y réfléchissent attentivement) et qui suivent le meilleur de ce qu'il contient. Voilà ceux qu'Allah dirige! Ils sont doués d'intelligence!» (Sourate al-Zumar, 39: 17-18)
Dans beaucoup d'autres versets, le Coran s'adresse à plusieurs reprises aux "hommes doués d'intelligence", "gens qui pensent", "gens qui comprennent", et aux "gens qui se rappellent" et il demande aux gens sages, sensibles et réfléchis de penser correctement et de ne pas tomber dans les pièges semés sur le chemin de l'intellect.
L'Islam exige de l'homme qu'il mette en action ses facultés intellectuelles et créatives toujours en développement, qu'il opère les changements nécessaires dans son environnement naturel et social, et qu'il crée de nouvelles choses utiles afin d'être mieux armé pour s'assurer, et assurer aux autres êtres humains, une vie meilleure et plus décente, et qu'il ne se soumette pas tout de suite aux réalités existantes. De là, l'homme doit, selon l'optique de l'Islam, se préoccuper davantage de son but que des réalités existantes.
L'homme de l'Islam
La partie la plus intéressante de la vision islamique du monde concerne l'homme et le point de vue coranique sur cet être éminent. En effet, selon le point de vue du Coran, l'homme n'est pas un être naturel, c'est-à-dire qu'à la différence des autres créatures, il n'a pas à suivre un cours ou une carrière, fixe et inaltérable.
L'homme: l'Etre qui se fait lui-même et qui choisit
Le Coran considère l'homme comme un être responsable de lui-même. Il a à cet égard un rôle divin. Il est en partie être matériel et en partie être divin. Selon les termes du Coran, l'homme a été créé d'argile, mais un esprit divin lui a été insufflé. Dans ses diverses capacités d'être, bien et mal sont mêlés. Il est doté de la faculté d'exercer sa volonté et de choisir sa voie.
Le Coran dit:
«Nous avons créé l'homme, pour l'éprouver, d'une goutte de sperme et de mélanges. Nous lui avons donné l'ouïe et la vue. Nous lui avons montré le droit chemin. Après quoi, il lui appartient d'être reconnaissant ou ingrat». (Sourate al-Dahr, 76: 2-3)
L'homme a plus de capacité intellectuelle que toute autre créature! Sur le plan de l'acquisition du savoir, il dépasse de loin même les anges. Au début de sa genèse il a appris des choses que les anges ne connaissaient pas.
Le Coran dit à cet égard:
«IL apprit à Adam le nom de tous les êtres; pais IL les présenta aux anges et dit: "Faites-Moi connaître leurs noms, si vous êtes véridiques." Ils répondirent: "Gloire à Toi! Nous ne savons rien en dehors de ce que Tu nous a enseigné; Tu es, en vérité, Celui qui sait tout, le Sage." Puis IL dit: "O Adam! Fais-leur connaître leurs noms", et lorsqu'Adam leur eut dit leurs noms, Allah dit: "Ne vous ai-JE pas dit que JE connais le mystère des Cieux et de la Terre?"» (Sourate al-Baqarah, 2: 31-33)
L'homme a le grand avantage de posséder un vaste domaine dans lequel il peut s'assurer un pouvoir en acquérant la connaissance. Il a la capacité pratique d'exécuter ses désirs. Il est également capable de choisir sa voie et sa direction. Donc le Créateur du monde l'a fait supérieur à Ses autres créatures. «Nous avons ennobli les fils d'Adam. Nous leur avons accordé d'excellentes choses et Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup de ceux que nous avons créés». (Sourate al-Asrâ', 17: 70)
Le grand dépôt
Le 72ème verses de la Sourate al-Ahzâb décrit les pouvoirs dont l'être humain a été doté, comme étant un grand et appréciable dépôt que seule l'homme mérite. C'est lui seul qui a pu l'accepter, car malgré leur grandeur, les cieux, la terre et les montagnes ont décliné une telle responsabilité.
En effet, le Coran dit:
«Nous avions proposé le dépôt de la foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes. Ceux-ci ont refusé de s'en charger, ils en ont été effrayés. Seul, l'homme l'a assumé». (Sourate al-Ahzâb, 33: 72)
La personnalité humaine
La personnalité de l'homme dépend de sa façon de préserver ce "Grand Dépôt" divin, c'est-à-dire, de sa capacité de choisir sa voie de conduite. Son bien-être dépend de l'utilisation de ce pouvoir de la façon la plus avantageuse. La société humaine reste humaine seulement tant que chaque individu y est libre de penser pour lui-même et de se choisir le mode de vie qu'il estime le meilleur. Si l'homme pense comme les autres veulent qu'il pense, et qu'il fait ce que les autres veulent qu'il fasse, il n'est plus une personne. Il devient un simple objet qui manque de volonté humaine et de personnalité indépendante. Si ses actions sont planifiées par d'autres, il ne peut plus ni planifier ni choisir lui-même.
La plus grande et la plus pénible dégradation dont l'homme de ce siècle ait souffert et qui résulte de la vie mécanique moderne est le fait d'avoir été privé de son humanité et réduit à n'être qu'un simple rouage d'un énorme système mécanique compliqué. Dans beaucoup de cas, la valeur économique de son travail est très inférieure à celle de la machine qu'il côtoie. C'est la philosophie matérialiste qui, plus que toute autre chose, a préparé la voie à une telle situation humiliante. Mais finalement, le dépôt qu'il détient a remué l'homme de ce siècle, qui essaie maintenant de détacher de son cou le joug de l'esclavage des machines. Dans le présent état de mi-sommeil mi-éveil, il est à l'affût d'un système intellectuel et social susceptible de l'aider de recouvrer sa dignité humaine.
L'émancipation humaine
Du point de vue islamique, le seul moyen pour l'homme de se sortir de sa mauvaise passe est de se débarrasser de son égoïsme et d'adorer Allah. Un homme qui pense seulement à ses désirs matériels, et dont les efforts ne visent qu'à l'obtention d'une meilleure nourriture, de meilleures vêtements et de meilleures facilités de jouir sexuellement, ou qui cherche jour et nuit le faste et le lucre, ne peut guère être un homme libre. II peut facilement être séduit puis dominé par ceux qui peuvent mettre à sa disposition les moyens de jouissance. Mais si l'homme est attaché à Allah et cherche le plaisir d'être proche de Lui plus que toute autre chose, il peut alors garder le contrôle de ses passions et satisfaire avec modération ses désirs sans en devenir l'esclave. Un tel homme peut renoncer à ses désirs, s'il le faut, pour obtenir la satisfaction d'Allah, qui est plus précieuse que toute autre chose. Allah le récompensera pour son sacrifice, d'une façon meilleure et plus pure dans le monde éternel. Le Coran dit:
«On a enjolivé aux gens l'amour des choses désirables tels que femmes, enfants, lourds amoncellements d'or et d'argent, chevaux de race, bétail, terres cultivées. Tout ceci est une jouissance éphémère de la vie de ce monde; mais c'est auprès d'Allah que se trouve la meilleure demeure. Dis: "Vous annoncerai-je une chose meilleure pour vous que tout cela?" Ceux qui craignent leur Seigneur trouveront pour toujours, auprès de Lui, des Jardins où coulent des ruisseaux, des épouses pures, et la satisfaction d'Allah. Allah voit parfaitement Ses serviteurs. Ceux qui disent: "Oui, nous avons cru! Pardonne-nous nos péchés, préserve-nous du châtiment du Feu." Ceux qui sont patients, qui disent la vérité, qui sont dévoués dans leurs prières, qui dépensent leurs biens pour la cause d'Allah et qui implorent le pardon pendant les heures de veille». (Sourate Ale 'Imrân, 3: 14-17)
Un homme religieux s'intéresse naturellement à tous les bienfaits, de ce monde et de l'autre monde. Mais pour lui, faire plaisir à Allah est au-dessus de toute autre chose. Le Coran dit: «Allah a promis aux croyants et aux croyantes des Jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeureront immortels. IL leur a promis d'excellentes demeures situées dans les Jardins d'Eden. La satisfaction d'Allah est préférable: voilà la réalisation suprême». (Sourate al-Baqarah, 9: 72)
En réalité un homme altruiste et dévot aime Allah plus que toute autre chose: «Certains hommes associent à Allah des objets d'adoration. Ils les aiment comme on aime Allah; mais les croyants sont les plus zélés dans l'amour d'Allah». (Sourate al-Baqarah, 2: 165)
Le meilleur signe de l'amour d'Allah est que pour obtenir Son plaisir. Un homme doit être toujours prêt à sacrifier sa vie, sa femme, ses enfants, son foyer, sa maison, sa fortune et ses biens, car aucun de ces bienfaits ne pourrait remplacer Allah dans son coeur.
Un lien avec l'Éternité
Un tel homme ne se voit jamais esseulé, perplexe et sans dignité. Il se sent attaché par un lien infini à l'éternité, à la majesté et à la perfection. Il se sent un être qui ne peut jamais être annihilé et dont la mort même est le commencement d'une nouvelle ère de la vie.
source : sibtayn