En effet, jamais les frontières du pays n’ont été aussi instables, devenant des zones d’insécurités, tout particulièrement sur les flancs Est et Sud.
Cela fait de l’Algérie un des pays les plus impliqués dans la sécurité régionale, dans un environnement à forte activité terroriste. En effet, bien qu’elle ne soit pas partie prenante dans les deux conflits libyen et malien, l’effort de guerre qu’elle fournit pour protéger ses frontières en fait l’un des pays les plus engagés en termes de moyens mobilisés.
Ainsi, pour assurer la surveillance de ses frontières terrestres de plus de 6000 kilomètres, l’Armée nationale populaire algérienne (ANP) n’a d’autres solutions que de recourir à des moyens technologiques modernes, comme les drones, très efficaces, notamment pour la surveillance des vastes régions désertiques. On sait depuis l’année dernière qu’un certain nombre de ces appareils sont utilisés aux frontières libyennes, mais les moyens humains ne sont pas négligés non plus. En effet, une dizaine de milliers d’hommes sont mobilisés pour surveiller et protéger la frontière avec le Mali, longue de 1 376 km.
Côté Ouest, la frontière algéro-marocaine est probablement la moins instable de toutes les frontières maghrébines, malgré le trafic de drogue en provenance du Maroc, et la contrebande de produits alimentaires et de carburant, en provenance d’Algérie.
Cependant, la vigilance y est tout aussi importante, et l’Algérie déploie des moyens sophistiqués pour la surveillance de ses frontières avec le Maroc. Ceux-ci visent à lutter essentiellement contre ces divers trafics, qui assurent aux groupes terroristes d’importantes sources de financement.
On apprend ainsi par l’agence officielle algérienne APS qu’un responsable du ministère de la Justice a annoncé la semaine dernière « la matérialisation » d’un système de surveillance technique et électronique des frontières terrestres du pays, notamment celles du sud-ouest du pays.
Celui-ci précisant qu’en « plus des patrouilles et autres brigades mixtes, des caméras infrarouges, des radars mobiles, des moyens aériens notamment des drones, ainsi que des procédés de surveillance par satellites seront mis à profit pour la surveillance, la sécurisation et le contrôle de nos vastes frontières dans le sud-ouest qui concerne une bande de 3,058 km ».
Les frontières nationales notamment terrestres du sud-ouest du pays « sont en butte aux activités des narcoterroristes qui s’adonnent à des multiples activités illégales qui portent atteinte à la sécurité du pays et à l’économie nationale » a indiqué pour sa part le représentant du ministère de la Défense nationale.
« Les narcotrafiquants et les contrebandiers activent en commun avec les terroristes des différents groupes criminels qui activent dans les pays voisins à nos frontières, d’où la nécessité d’une vigilance constante et du renforcement de la coordination dans les domaines liés aux renseignements, à la prévention et à la lutte sur le terrain contre ces criminels dont les activités criminelles concernent en plus du trafic de drogue, la contrebande et la commercialisation illégale d’armes et de munitions », a-t-il soutenu.
On se souvient qu’en mai dernier, le Maroc avait également annoncé le renforcement de son dispositif de sécurité sur sa frontière Est (avec l’Algérie), invoquant, lui, le risque terroriste. Auparavant en 2014, le royaume avait entrepris la construction d’une clôture dotée de capteurs électroniques pour se prémunir «de toute infiltration de membres de groupes extrémistes à l’intérieur du territoire marocain» selon le ministre de l’Intérieur. Ce mur avait alors suscité des réactions au Maroc et en Algérie en raison de son impact sur les relations bilatérales, notamment la question de la réouverture des frontières.
Autant de mesures unilatérales qui interviennent dans un contexte de tension entre les deux voisins. En effet, les deux pays sont en désaccord sur le statut du Sahara occidental annexé à 80% par le Maroc en 1975, et revendiqué depuis par le Front Polisario que soutient l’Algérie.
Ainsi l’incompréhension est persistante entre les deux pays, en raison du dossier sahraoui, mais aussi récemment à propos de la gestion sécuritaire des frontières. Cette rivalité se voit ainsi marquée par l’exclusion mutuelle et les accusations réciproques qui caractérisent leurs relations.
Pourtant, l’Algérie et le Maroc sont les deux nations de la région qui disposent de suffisamment de capacités pour pallier les difficultés et les insuffisances de leurs voisins, s’ils elles travaillaient de concert.
Le Parti Anti Sioniste appelle à un rapprochement bilatéral qui permettrait de redéployer les moyens importants mobilisés de part et d’autre de la frontière. Cela permettrait une mutualisation de certains de leurs outils de défense et de sécurité pour la lutte contre les menaces d’origine non étatique.
Il serait temps pour ces grands pays voisins, constitués de peuples frères et dont les frontières ont été tracées par le colonialisme, de réaliser leur unité afin de faire front contre les menaces créées par l’occident sionisé afin de maintenir le Maghreb dans le sous-développement et la division.
Le processus bilatéral algéro-tunisien qui est une réussite en matière sécuritaire reste pour le moment une exception, il pourrait servir de modèle dans la région.