Dieu le Très-Haut a dit: «Celui qui sort de chez lui pour émigrer vers Dieu et Son envoyé, puis que la mort atteint, sa récompense incombe à Dieu» (Cor. 4.100). L’émigration formelle et la forme extérieure de l’émigration, c’est d’émigrer physiquement de chez soi vers la Kaaba ou les sanctuaires des Awliyã’, que la Paix soit avec eux. L’émigration spirituelle, c’est de sortir d’une demeure qui est soi-même et d’un lieu de séjour qui est ce bas monde vers Dieu et Son envoyé ”” l’émigration vers l’Envoyé ou le Walî étant elle-même émigration vers Dieu. Tant que l’âme a de l’attachement pour elle-même et porte de l’attention à l’ego, elle n’est pas en voyage: tant que le pèlerin spirituel aperçoit encore quelque chose de son “moi” et que les murs de la cité de “lui-même” et l’appel proclamant son propre vouloir n’ont pas disparus, il a le statut de résident, pas de voyageur et d’émigrant.
On lit dans le Flambeau de la Loi révélée que [l’Imam] Sãdiq, que la Paix soit avec lui, a dit: «La servitude est un joyau dont le tréfonds est Seigneurie: ce qui est perdu dans la servitude est retrouvé dans la Seigneurie et les aspects cachés de la Seigneurie sont atteints dans la servitude.»
Celui qui chemine dans la servitude et marque son front du fer rouge de l’humble condition de l’asservissement trouve accès à la grandeur de la Seigneurie, car le moyen d’accéder aux réalités de la Seigneurie est de cheminer à travers les degrés de la servitude : ce qu’il perd de sa personnalité et de son individualité dans la servitude, il le retrouve sous l’égide de la Seigneurie, jusqu’à en arriver à un niveau où c’est la Réalité sublime qui est son ouïe, son regard, sa main et son pied, ainsi que cela est rapporté dans un hadith authentique et fameux parmi les deux branches [de la communauté musulmane]. Du fait qu’il a mis de côté son propre pouvoir d’action, qu’il a entièrement soumis le royaume de sa propre existence à la Réalité divine, qu’il a remis le logis à son propriétaire et qu’il s’est éteint dans la grandeur de la Seigneurie, c’est le Propriétaire Lui-même qui s’occupe des affaires: son activité devient donc activité divine ; son œil devient divin et c’est par l’œil de la Réalité divine qu’il regarde; son ouïe devient divine et c’est par l’ouïe de la Réalité divine qu’il entend… [A l’inverse], dans la mesure où l’âme, obnubilée par sa propre grandeur, se comporte en seigneur, dans cette mesure même la grandeur de la Seigneurie lui manque et lui fait défaut, car ces deux [grandeurs] sont antagoniques: «Ce bas monde et l’autre monde sont [comme] deux rivales.»
Une partie du livre "Des règles spirituelles de la Prière rituelle" de l’Imam Khomeyni