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Le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim à Téhéran

Le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim qui se trouve à Téhéran, est le lieu saint et le centre des grands événements sociaux et politiques iraniens du XXe siècle
Le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim à Téhéran

Le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim qui se trouve à Téhéran, est le lieu saint et le centre des grands événements sociaux et politiques iraniens du XXe siècle.

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Vue extérieure du sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim
Photo : Mehdi Kâvei

Située à 15 km à l’ouest de la ville de Téhéran, la ville de Rey est souvent surnommée "la mère de Téhéran". La proximité de Rey à la capitale, au sanctuaire de l’Imâm Komeyni et à l’aéroport international Imâm Komeyni, ainsi que la présence de la raffinerie de Téhéran dans les limites de cette ville ont renforcé l’importance géographique, économique et sociale de Rey. Cependant, la réputation de Rey repose principalement sur le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim et le rôle qu’a joué ce lieu saint dans l’histoire contemporaine de l’Iran. En effet, outre son statut important de lieu de visite pieuse (ziyârat), de nombreux événements sociaux et politiques du siècle précédent sont étroitement associés avec le nom de cette ville. Son histoire dépasse donc celle propre à un espace sacré, mais est également étroitement lié à la politique et a contribué à l’effondrement de mille années de monarchie héréditaire.

L’objectif de cet article est d’évoquer quelques grands événements en relation étroite avec la position géographique de cet espace politico-religieux (Hazrat-e Abdol ’Azim-Rey) qui a été le noyau historique de la métropole de Téhéran d’aujourd’hui.

Hazrat-e Abdol ’Azim (173-252 de l’Hégire ; XVIIIe siècle de l’ère chrétienne) naquit à Médine. Surnommé Seyyed Al-Karim, il est un descendant de la cinquième génération de l’Imâm Hassan, deuxième Imâm du chiisme et fils de l’Imâm ’Ali. Hazrat-e Abdol ’Azim était un grand érudit de son temps et avait une profonde connaissance du Coran ainsi que de la jurisprudence islamique. Il a également rapporté un grand nombre d’anecdotes et de hadiths des Imâms Hâdi et Javâd. Hazrat-e Abdol ’Azim est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Rouz o shab (Le jour et la nuit) et Khotbeh-ye Amir al-Mo’menin (Le discours de l’Imâm Ali) sont les plus importants.

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Sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim
à l’époque qâdjâre (1874)


Sa vie coïncida avec la période de l’imâmat des Imâms Moussâ Kâzem, Rezâ, Mohammad Taghi et ’Ali Al-Naghi, ère mouvementée de l’histoire islamique. Sa vie fut marquée par de sévères restrictions et contraintes mises en vigueur par le calife abbaside Motawakkil. C’est dans cette atmosphère hostile que l’Imâm Hâdi lui conseilla d’émigrer à Rey pour guider le peuple vers le chiisme. Suivi de nombreux espions d’Al-Motawakkil chargés de le capturer ou de l’assassiner, le voyage de Hazrat-e Abdol ’Azim fut rempli de périls. Cependant, il parvint à atteindre Rey, ville qui sera sa dernière demeure et qui abrite aujourd’hui son mausolée.

Sheikh Fazlollâh Nouri (1843-1909) était un opposant à la Révolution constitutionnelle. Ayant soutenu le mouvement dans un premier temps, il devint bientôt un grand dissident du mouvement constitutionnel soutenant une islamisation pure et dure de la société et du pouvoir. Selon lui le, mouvement avait dévié de ses objectifs originels en suivant le modèle des pays occidentaux, alors qu’il s’était formé dans le but de refouler l’influence étrangère sur le pays, de limiter le pouvoir du Shâh et d’établir une assemblée nationale afin que le peuple puisse prendre part aux affaires courantes. Accompagné d’un certain nombre de savants religieux et de disciples, Nouri se rendit au sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim pour faire un sit-in en guise de protestation. Toutefois, cette démarche n’aboutit guère. Il y fit plusieurs discours pour mettre en lumière ce qu’il considérait comme étant les intentions réelles des constitutionalistes. D’autres activités des opposants concernaient l’expédition de télégrammes aux savants religieux des villes saintes chiites d’Irak en particulier à Najaf, la publication des journaux et la correspondance avec les grandes autorités religieuses influentes. Il faut indiquer que Sheikh Fazlollâh fut finalement condamné à mort et exécuté pour ses opinions qui allaient à l’encontre du courant dominant au sein du mouvement constitutionnel.

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Sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim
à l’époque qâdjâre (1902)


Parmi d’autres événements importants qui eurent lieu dans le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim, il faut évoquer l’arrestation et l’expulsion de Seyyed Jamâleddin Assad Abâdi (1838-1897) à l’issu du décret de Nâsseredin Shâh. Jamâleddin était un réformiste musulman et un grand adepte de la prise de conscience et de l’unité des pays islamiques. Il effectua plusieurs voyages dans les pays islamiques et européens, et établit des relations tantôt amicales, tantôt hostiles avec ces pays. Lors d’une rencontre avec Nâsseredin Shâh Qâdjâr à Munich, Jamâleddin fut invité à venir à Téhéran où on le reçut avec grande estime. Le Shâh, ayant au départ fait preuve de respect et d’amitié envers son invité, changea bientôt son attitude envers Jamâleddin dont les idées commençaient à l’inquiéter et à menacer son pouvoir. En effet la détermination de Seyyed Jamâl de critiquer les pays occidentaux, son mécontentement et ses critiques de la situation politique d’une part et l’incapacité du Shâh de gérer les affaires nationales sans l’intervention des Russes et des Britanniques de l’autre, poussa le Shâh à l’exiler. Celui-ci décida de faire un sit-in dans le sanctuaire pour exprimer ouvertement sa discordance avec le Shâh et mettre en lumière ses futurs projets. En peu de temps, les Iraniens vinrent au sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim pour lui rendre visite et entendre ses discours au sujet du devoir pressant de la nation de faire pression pour l’abdication du Shâh. Le mouvement d’opposition dirigé par Jamâleddin se développa si rapidement que le Shâh ne put tolérer son opposition dans le sanctuaire. A cet effet, il chargea ses agent de l’exclure de ce lieu et de le transporter jusqu’en Irak à cheval. Quelques années plus tard, Nasseredin Shâh fut touché par une balle tirée par l’un des disciples de Seyyed Jamâleddin, Mirzâ Rezâ Kermâni, au même endroit où il avait été violemment chassé du sanctuaire.

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Entrée de la mosquée du sanctuaire de
Hazrat-e Abdol ’Azim, photo datant des années 1940

Durant les dernières années de la dynastie qâdjâre, l’Iran connut l’une des périodes les plus troubles de son histoire. Cette période fut marquée par l’anarchie et l’intrusion sans précédent des pays étrangers dans les affaires nationales. Dans une telle situation, Samsâm-ol-Saltaneh (1850-1930) parvint à obtenir le vote de confiance pour son mandat de premier ministre de l’assemblée nationale. Cependant, en peu de temps, son incapacité à gérer la crise devint évidente pour tous. En guise de protestationcontre les politiques du gouvernement, l’Ayatollah Modarres (1870-1937) invita le peuple à siéger dans le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim. Le mécontentement populaire incarné dans l’acte du sit-in était si sérieux qu’il provoqua finalement la chute du gouvernement de Samsâm-ol-Saltaneh.

Le 5 juin 1963 est une date importante dans l’histoire de la Révolution islamique. Ce jour là, l’Iran manifesta contre l’arrestation de l’Ayatollah Khomeyni suite à un discours enflammé de ce dernier dans lequel il attaquait le Shâh, Israël et les Etats-Unis. Le lendemain de son arrestation, la nouvelle s’était répandue dans tout le pays. Les rues de Téhéran, Qom et Rey furent inondées de monde et une grève générale toucha le pays. Des centaines de personnes se rassemblèrent alors dans le sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim, et se dirigèrent ensuite dans les rues pour rejoindre les protestants et crier des slogans anti-gouvernementaux. Les forces de sécurité se présentèrent sur place pour s’opposer aux manifestants. Ils ouvrirent le feu et arrêtèrent des dizaines de personnes. De nombreux jeunes manifestants se rendirent par la suite à Téhéran afin de manifester et poursuivre le soulèvement. Après dix-neuf jours de détention dans la prison de Qasr, l’Ayatollah Khomeyni fut transféré d’abord à la base militaire d’Eshratâbâd, puis au sein d’une maison dans le quartier Dâvoudiyeh de Téhéran où il fut maintenu sous surveillance. Il fut libéré le 7 avril 1964, et retourna à Qom.

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Vue extérieure du sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim

Il faut également souligner que dès son retour de Neauphle-le-Château à Téhéran, le père de la Révolution islamique de 1979 s’est rendu au cimetière de Behesht-e Zahrâ, à proximité du sanctuaire de Hazrat-e Abdol ’Azim. C’est ici que le guide de la Révolution exprima les grandes lignes de son mouvement et déclara à la marée humaine l’ayant accompagnée de l’aéroport Mehrâbâd jusqu’au cimetière : « Je vais mettre fin au gouvernement du Shâh et nommer un nouveau gouvernement issu de la Révolution, et cela parce que le peuple m’a donné le pouvoir et me soutient ».

 

source : abna
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