Le 20 de la lune de safar coïncidait à l'Arbai'n, jour marquant le quarantième jour de la mort en martyr de l'Imam Hossein. Le 20 de la lune de safar de l'an 61 de l'hégire, le 21 mars 640, au quarantième jour de la mort en martyr de l'imam Hossein, appelé l'arbaiine, sa famille qui avait quitté cham pour Médine, arriva au désert sanglant de Karbala. Une foule endeuillée entoura la famille de l'imam Hossein, qui se recueillit en ce 40ème jour de sa mort en martyr sur le lieu où il tomba en martyr. A rappeler qu'en ce jour là, Jaber ibn Abdallah Akhbari, compagnons du prophète de l'Islam, fut le premier pèlerin de la tombe de l'Imam Hossein. Et maintenant, après 14 siècles, les musulmans commémorent toujours ce 40ème jour marquant la mort en martyr de l'Imam Hossein ainsi que l'épopée de Karbala, qui reste à jamais gravé dans les cœurs des musulmans et de tous les épris du juste.
Après le jour d'Achoura, où l'imam Hossein – béni soit-il – et ses 72 fidèles compagnons sont tombés en martyrs sur la terre de Karbala, au terme d'une bataille inégale contre l'armée de la mécréance, la famille de l'Imam Hossein a été la captive des troupes de Yazid, qui l'ont conduite à Cham. L'appareil gouvernemental d'omeyyade souleva une vaste campagne propagandiste pour falsifier les événements du jour d'Achoura, mais ce complot fut déjoué par la présence puissante de la vénérable Zeinab, sœur de l'imam Hossein et du vénéré Imam Sajjad, fils du Prince des martyrs, qui, par leur intervention révélatrices, ont jeté toute la lumière sur ces événements sanglants qui ont eu sur la terre de Karbala. Ce qui poussa Yazid de changer de tactiques et d'imputer à Ibn Ziad, le gouverneur de Koufa les exactions commises au jour d'Achoura. Yazid ordonna, peu de temps après que la famille de l'Imam Hossein rentre à Médine.
Sur le chemin du retour, la famille de l'imam demanda au guide de la caravane de faire en sorte que son itinéraire passe par Karbala, pour que les proches de l'Imam puissent se recueillir, même pour quelques instants sur la tombe de leur auguste père et frère. Lorsque la famille de l'imam Hossein arriva à la terre de Karbala, elle rencontra le compagnon du Prophète de l'islam, Jaber ibn Abdallah Ansari, qui les larmes aux yeux, s'était recueilli sur la tombe de l'imam et le saluait en ces termes : « Salut à Hossein, ce meilleur descendant des prophètes divins. Le cœur des croyants se consume dans ton deuil. Salut à toi, le guide des vertueux, à toi qui vécut et mourut pur et infaillible. Salut à toi et à ces hommes purs qui se sont sacrifiés sur ta voie. »
Au milieu du zénith, le disque flamboyant du soleil dardait de ses rayons la terre toujours ensanglantée de Karbala. Devant la tombe des martyrs de Karbala, la famille de l'imam Hossein laissa couler en flots les larmes qui ne tarissaient pas. La vénérée Zeynab revivait les scènes de combat de ces hommes preux qui ne bronchaient pas devant l'immense armée de Yazid et s'y lançaient vaillamment pour tomber enfin en martyr après avoir lutté jusqu'à leurs dernières gouttes de sang. Elle revivait les enfants assoiffés de l'imam qui languissaient sous le soleil, devant l'Euphrate, que l'armée de la mécréance leur avait bouclé.
Or, épaulée par l'imam Sajjad, la vénérable Zeynab qui avait hérité l'éloquence et la vaillance de son auguste père l'imam Ali, avait dûment assumé sa mission en transmettant le message de l'Imam Hossein. Le Prince des martyr qui s'était soulevé contre l'appareil despotique et pervers de Yazid, qui avait réfuté de s'incliner devant la tyrannie, qui, refusant de se laisser intimidé par l'armée immense des impies, avait vaillamment lutté contre la mécréance pour insuffler une nouvelle âme dans le corps moribond de l'oumma, lui rendant l'esprit d'engagement et l'émancipant de l'apathie où elle s'était enlisée, depuis l'avènement des omeyyades.
La famille de l'Imam Hossein pleura toutes ses larmes sur la tombe des martyrs de Karbala. L'Imam Sajjad donna donc l'ordre de prendre le chemin de Médine. En ce moment là, la fille de l'imam Hossein se jeta sur la tombe du père et déclara : nous te confions celui qui fut l'âme de Ahmad et son successeur, nous te confions ce corps pur qui fut inhumé sans linceul ni ablutions.
La famille endeuillée arriva enfin, au terme de ce long et tragique voyage, à Médine. Les habitants sortirent de leur maison pour l'accueillir au milieu de larmes et de lamentations. Qui s'imaginait que Hossein, celui que le prophète de Dieu chérissait et l'appelait le seigneur des jeunes du paradis, fut si impitoyablement décapité et que sa famille soit captive. Béchir, le guide de la caravane témoigne de cet accueil sans précédent. « Je n'oublierai jamais, disait-il, ce jour-là, où le peuple en bloc pleurait, je n'ai jamais vu un jour si amer pour les musulmans. »
L'épopée de Karbala fut ainsi inscrite à jamais en lettre d'or dans les annales de l'histoire de l'humanité entière : une source intarissable dans laquelle puisent les hommes épris du juste et de la justice, une insurrection éternelle qui appelle, des siècles durant, l'homme conscient.
source : abna