Les rites jouent un rôle essentiel dans l'Islam. Leur réglementation constitue une partie importante de la Charia(2); le comportement rituel est un phénomène notable dans la vie quotidienne d'un pratiquant.
Le système des rites constitue un aspect immuable de la Charia qui n'est affecté dans sa pratique ni par la tendance générale de la vie de l'époque ni par les circonstances nouvelles crées par le progrès technique alors que d'autres aspects de la Charia sont adaptables, quant à leur méthode d'application, aux circonstances découlant du progrès. Il en va ainsi, par exemple, du système des transactions et des contrats.
Ainsi, du point de vue de l'adoration même, l'homme du vingtième siècle prie, jeûne et s'acquitte du pèlerinage exactement de la même manière que son ancêtre de l'âge du moulin manuel.
Il est vrai, toutefois, que l'aspect civil des préparatifs d'un rite peut différer de l'un à l'autre. Car l'un voyage en avion pour se rendre aux lieux du Pèlerinage, alors que l'autre se déplaçait à dos de chameau. Cependant, le culte reste identique à lui-même. La nécessité de son accomplissement reste constante. Cela signifie que la Charia n'a pas prescrit la prière, le jeûne, le pèlerinage et les autres rites pour une durée limitée aux conditions d'une époque. Ces rites restent aussi valables pour l'homme qui a appris à utiliser l'énergie atomique que pour celui qui laboure son champs à la pioche.
Nous en déduisons que le système des rites répond à un besoin de la vie de l'homme, qui est permanent et indifférent à l'évolution continue du mode de vie - une prescription permanente répond en effet à un besoin permanent.
A ce stade une question se pose: existe-t-il réellement un besoin qui n'est pas varié, depuis que la Charia a commencé son rôle édificateur jusqu'à nos jours, pour que nous puissions justifier, à la lumière de sa constance, la fixité des formes par lesquelles cette Charia y répond?
On pourrait penser, de prime abord, que l'affirmation d'un tel besoin permanent ne serait pas acceptable car nous voyons que l'homme s'est constamment éloigné des conditions de la société tribale où est apparue la Charia, des problèmes du paganisme et de ses soucis et aspirations limités. Une telle distanciation a provoqué un changement fondamental dans tous ses besoins, ses préoccupations et exigences, et finalement dans sa manière de traiter et d'organiser la satisfaction des besoins. Si des rites comme la prière, les ablutions, et le jeûne furent utiles à un certaine étape de la vie du bédouin, améliorèrent sous comportement, son souci de propreté corporelle... etc, il se trouve que ces mêmes objectifs sont atteints par l'homme moderne par l'organisation même de sa vie sociale. Ainsi les rites pourraient n'être plus nécessaires et ne plus jouer un rôle susceptible de résoudre ses problèmes de civilisation.
Cette vision des choses est erronée car le progrès social ne fait que transformer la relation entre l'homme et la nature. Les rites ne constituant pas une relation entre l'homme et la nature, ils demeurent «non affectés» par un tel progrès. Les rites constituent une relation entre l'homme et son Seigneur, relation que comporte un aspect rejaillissant sur la relation entre l'homme et son semblable.
Dans le domaine de ces deux relations essentielles, nous constatons historiquement que l'humanité éprouve un certain nombre de besoins constants:
1- Le besoin d'être relié à l'absolu;
2- Le besoin de l'objectivité dans l'accomplissement et le dépassement de soi;
3- Le besoin d'un sentiment intime de responsabilité qui garantisse l'exécution.
Voyons plus en détail ce qu'impliquent de tels besoins.
source : sibtayn