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Troisième leçon Allah et l’empirisme

Les facteurs sociaux, historiques et éducatifs influent sans aucun doute sur le développement de la nature humaine, comme le montre l’attachement aux conclusions tirées sur la base de l’expérimentation entraînant ainsi un dysfonctionnement de cette nature.
Troisième leçon Allah et l’empirisme
Les facteurs sociaux, historiques et éducatifs influent sans aucun doute sur le développement de la nature humaine, comme le montre l’attachement aux conclusions tirées sur la base de l’expérimentation entraînant ainsi un dysfonctionnement de cette nature.

Cette tendance de l’homme - d’autant que le sensualisme a atteint son plus haut degré ces derniers siècles - à n’envisager les choses que sous un rapport empirique, l’a amené à appliquer cette même règle aux questions métaphysiques, comme la recherche de la réalité d’Allah, glorieux soit-il, ce qui est fort dangereux ; car l’expérimentation s’inscrit dans le cadre des choses matérielles, sensibles et ne peut prétendre à aller au-delà de ce qui est physique.

L’ignorance conduit à la négation :

Il n’appartient ni à la science empirique, ni aux matérialistes de porter des jugements sur des vérités qui ne sont pas à leur portée.

Ainsi, quand ils réfutent l’existence d’une vérité quelconque, ils devraient par là même apporter la preuve qui justifierait leurs affirmations, comme ils le font d’ailleurs lorsqu’il s’agit de soutenir l’existence d’une chose.

En se basant sur l’unique critère, l’expérimentation, les matérialistes et les empiristes sont incapables de s’engager dans des questions qui ne sont pas du domaine de la matière ou relèvent de la métaphysique. Ils devraient reconnaître leur ignorance plutôt que de nier cette réalité métaphysique, ce qui est tout à fait différent.

Les sciences empiriques, couvrent-elles la totalité des connaissances de la matière ?


Malgré les grands progrès des sciences empiriques en ce qui concerne la connaissance du monde de la nature, rendant par là même, peut-être sans s’en rendre compte, un grand service quant à la connaissance du créateur, glorieux et transcendant soit-il, à travers sa manifestation, il n’en demeure pas moins qu’un nombre indéfini de secrets scientifiques n’ont jusqu'à présent pas trouvé de réponse et sont restés sans suite.

Les causes de l’athéisme de certains empiristes :

Les principales causes de l’athéisme de certains empiristes sont les suivantes :

1 - l’usage de méthodes empiriques pour parvenir à la connaissance d’Allah ne peut aboutir aux résultats espérés.

2 - l’attitude de l’église chrétienne vis à vis de la science au moyen Âge et son contenu religieux néant, son extrémisme affiché à l’égard de certains savants, son intégration de certaines théories scientifiques caduques, tout cela la conduisant à des contradictions qui font, qu’en certains moments où elle soutient la religion, c’est la science qu’elle combat, et en d’autres moments, c’est le contraire qui se produit.

3 - le besoin de l’homme pour les sciences dans la vie active, ce qui implique un développement vertigineux de celles-ci au détriment d’une vision traditionnelle sain. C’est ainsi que l’empiriste s’imagine que les croyances religieuses sont soumises aux critères de l’expérience et des équations scientifiques.
 
Toutefois, ce n’est pas de ces équations scientifiques, en tant que telles, que l’homme profite, dans sa vie quotidienne, mais plutôt des résultats. L’homme, par exemple, profite de la radio, du téléphone ... etc. mais sans pour autant qu’il ne détienne une science quelconque au sujet des équations et des lois scientifiques relatives à ces appareils.

4 - en outre, il va sans dire, que l’asservissement de l’homme à ses instincts, aux plaisirs et aux jouissances sensuelles le détournent de son seigneur. Ainsi, il se libère de tout ce qui peut le gêner pour assouvir ses instincts, et alors que la méditation sur Allah nécessite un environnement pur et sain, l’esprit, lui, s’éteint dans un environnement malsain, rongé par la pollution et la perversité.

Échec de l’empirisme :

Malgré les avantages procurés par l’empirisme, il n’en demeure pas moins qu’il présente les défauts suivants :

1 - vision individuelle : la connaissance acquise par expérience est une connaissance individuelle et limitée, alors que la connaissance de l’univers exige une vision globale et intégrale.

2 - le matérialisme : la connaissance, sur la base de l’expérience, s’inscrit exclusivement dans le cadre des choses sensibles. Cependant, l’univers, tout en étant composé de matière, cache une autre réalité métaphysique.

3 - la connaissance empirique est changeante, instable, alors que la connaissance universelle est immuable.

4 - l’activité scientifique se limite à l’expérience. Ainsi tout ce qui ne se rapporte pas à l’expérience est inconnu. Ce qui implique que le rationalisme et les autres tendances de son genre, se tient hors du domaine métaphysique.

5 - la connaissance empirique ne peut déchiffrer les symboles et s’exalter [au delà de l’ordre sensible]. A défaut d’une méditation pure, il est impossible pour l’empiriste de connaître l’univers. D’ailleurs, comme nous l’avons signalé plus haut, la science met beaucoup plus l’accent sur la pratique que sur la théorie.

Allah n’est pas le seul dont la connaissance soit impossible par les sens :

A défaut d’une vision contemplative, les empiristes nient l’existence d’Allah. Cependant, l’homme peut-il nier tout ce qu’il ne ressent pas ?

De toute évidence, Allah qui inspira à ses prophètes son unicité, ne peut en aucun cas être connu par les sens. Il est à la fois éternel et perpétuel, se manifestant par des symboles dans l’existence universelle.

Étant donné que l’homme est incapable de connaître Allah par les sens, il ne peut l’imaginer autrement [c’est-à-dire connaître l’identité suprême d’Allah par l’imagination] et c’est pourquoi il lui est plus facile de nier sa réalité. Toutefois, est-il juste pour l’homme de nier tout ce qu’il ne peut connaître par les sens ?

On affirme que tout ce qui n’est pas sensible est inexistant, mais on réalise qu’il existe des choses que personne ne peut nier et qui ne dépendent pas des sens.

1 - il n’y a pas un seul matérialiste qui nie l’existence de l’énergie ... est-ce une raison de dire que l’énergie est sensible ?

2 - l’énergie, qui a engendré la civilisation d’aujourd’hui est imperceptible.

3 - la science a prouvé que les choses que nous pensons être fixes sont en mouvement permanent. En outre, toute chose se compose d’atomes, en état de mouvement.

4 - ressent-on la pression de la couche atmosphérique qui pourtant pèse 16000 kg sur nos corps ?

5 - ressent-on les ondes de la radio qui remplissent l’espace ?

6 - peut-on percevoir certains concepts comme la justice, la beauté, l’amour et la rigueur ?

7 - peut-on indiquer la vitesse de l’imagination ou la mesurer par des moyens matériels ?

Ainsi, si l’on ne voit pas quelque chose, ou si on ne le ressent pas, cela n’implique pas pour autant qu’il n’existe pas.

Discussion entre l’Imam Sadiq et un matérialiste :


Il y avait en Egypte un apostat qui cherchait après abu ‘abdi Allah, que la paix soit sur lui. Ainsi, il s’est rendu à Médine pour discuter avec lui, mais il ne l’a pas trouvé. On lui dit qu’il était à la mecque. L’apostat se dirigea vers la Mecque et Abu Abdullah en train de tourner autour de la kaaba. Il s’approcha de lui et lui tapa sur l’épaule. Abu Abdullah lui demanda :

- « comment t’appelles-tu ? ».

- « Abdul- Malik, et toi comment t’appelles-tu ? » répondit l’autre.

- « Abu Abdullah ». Puis il continua :

- « et qui est donc ce Malik (c’est-à-dire le roi) dont tu es le ‘abd (c’est-à-dire le serviteur), est-il des mulûk (c’est-à-dire des rois) du ciel ou des mulûk de la terre ? ».

L’apostat lui demanda à son tour :

- « parle moi de ton ibn (c’est-à-dire fils), est-il le ‘abd (c’est-à-dire le serviteur) du dieu du ciel ou le ‘abd du dieu de la terre ? ».

Abu Abdullah s’arrêta un moment puis reprit :

- « dis ce que tu voudras, mais nous saurons te convaincre ».

Hichâm ben al Hakam, présent parmi eux, dit à l’apostat :

« Ne lui réponds-tu pas ? » et l’apostat de répliquer par des propos indécents.

Abu Abdullah lui dit alors :

« Lorsque j’aurai fini de tourner autour de la Kaaba, viens nous voir chez nous ».

Lorsque l’apostat se rendit chez abu ‘abdi Allah, ce dernier lui demanda : « sais-tu que la terre possède un dessous et un dessus ? ».

- « oui », répondit l’autre.

- « es-tu entré dessous ? ».

- « non ».

- « sais-tu ce qu’il y a dessous ? ».

- « non, mais je suppose qu’il n’y a rien là-dessous ».

- « ta supposition implique une insuffisance puisque tu n’es pas certain ». Et il ajouta : « es-tu monté au ciel ? »

- « non ».

- « sais-tu ce qu’il renferme ? ».

- « non ».

« Incroyable ! Tu n’as pas parcouru toute la terre, tu n’as pas vu ce qui se trouve sous terre, tu n’es pas monté au ciel, tu n’a rien vu de tout cela pour que tu saches qui les a créés, et malgré tout tu nies ce qu’ils renferment (c’est-à-dire le ciel et la terre).

L’intelligent, nie t-il ce qu’il ne connaît pas ?


L’apostat dit : « personne d’autre que vous ne m’a parlé de ceci ».

Abu Abdullah, que la paix soit sur lui, lui dit alors : « ainsi tu nourris des doutes quant à la création du ciel et de la terre par Allah en disant c’est peut-être lui, c’est peut-être pas lui ».

L’apostat dit : peut-être ce que j’ai dit est vrai !

Abu Abdullah dit : « mais monsieur, celui qui ne sait pas ne peut pas fournir d’arguments à même de convaincre celui qui sait. Ô frère du peuple d’Egypte, sache que nous ne nourrissons aucun doute quant à la réalité d’Allah. Ne vois-tu pas que le soleil et la lune, la nuit et le jour s’alternent. Ils n’ont d’autre endroit que le leur.
 
S’ils pouvaient s’en aller sans retour, pourquoi alors reviendraient-ils ? S’ils n’étaient pas soumis à une contrainte, pourquoi la nuit ne se transformerait-elle pas en jour de façon permanente et inversement ? Par Allah, frère du peuple d’Egypte, le jour et la nuit sont contraints à se succéder de façon permanente et celui qui les contraint est le maître absolu et le plus grand ».

L’apostat dit : « tu as raison ».

Ô frères d’Egypte, par celui à qui vous retournerez et dont vous traitez la réalité d’illusion, si le temps peut les emporter, pourquoi alors ne peut-il les ramener ? Les gens sont soumis à la contrainte, ô frère d’Egypte. Le ciel se trouve au-dessus de la terre, pourquoi alors ne tombe t-il pas sur elle et ne l’écrase t-il pas, comment gardent-ils l’équilibre de même que ce qui s’y trouve.

L’apostat dit : « par Allah, c’est leur seigneur et leur maître qui les tient en équilibre ».

Ainsi, l’apostat finit par avoir foi en Allah, grâce à abu ‘abdi Allah.

Allah le transcendant ne peut être connu par les sens :

L’homme, étant le prisonnier du monde de la matière et l’otage de la réalité matérialiste, ne peut pas, dans les limites de ses sens, imaginer Allah dans son aspect absolu. Cependant, selon l’enseignement orthodoxe des prophètes, on peut dire qu’Allah possède une science, une vie et un pouvoir. Mais ces qualités n’ont rien à voir avec celles que nous représentons à travers notre science et nos raisons limitées.

Nos sens perçoivent-ils toute la réalité ?

En outre, il y a quantité de réalités qui relèvent pourtant du monde de la matière, mais qui ne sont pas perçus par les sens humains, car l’homme est l’unique être dont la perception visuelle se situe à une longueur d’onde comprise entre 4% - 8% / micron, ce qui implique qu’il est l’unique être à ne pas pouvoir percevoir les rayons infrarouges et ultra violets.
 
A cela s’ajoutent d’autres vérités que les limites sensorielles de l’homme ne permettent pas de détecter. Aussi il n’est pour le moins pas normal de nier tout ce qui n’est pas à la portée de la perception humaine. Les sens ne peuvent percevoir la réalité des choses à leur juste valeur.
 
C’est ainsi que l’homme par exemple, en apercevant le feu d’un brasier, le voit sous forme de cercle ardent, tout comme lorsqu’en lui plongeant l’une de ses mains dans de l’eau chaude et l’autre dans de l’eau froide, puis les deux en même temps dans de l’eau tiède, il ressent en même temps la chaleur et la fraîcheur, alors qu’on s’attendait à ce que la sensation soit ou chaude ou froide.
 
On en déduit que les choses telles qu’elles sont perçues par l’homme, ne reflètent pas la réalité. En fait, le jugement de l’homme sur telle ou telle chose résulte de la science relative qu’il a de cette chose.

Résumé :

Lorsque le sensualisme fit son apparition dans le monde, l’empirisme était considéré comme le seul moyen permettant de parvenir à la connaissance et tout ce qui ne pouvait pas être connu de cette manière était rejeté. Par la suite, l’empirisme se généralisa de telle sorte qu’il s’étendit même aux questions religieuses, à l’exemple de la connaissance d’Allah, ce qui n’est pas de son ressort, pour les raisons suivantes :

1 - les sciences empiriques ne doivent porter de jugement que dans un cadre bien limité dans lequel on retrouve des expressions « je ne sais pas » ou « je n’ai pas trouvé ». Les sciences empiriques ne doivent pas se prêter à la négation, car celle-ci doit être confirmée par des preuves. Or l’empirisme ne peut fournir de preuves pour réfuter ou nier telle ou telle question qui ne relève pas de ses compétences.

2 - il existe beaucoup de choses imperceptibles et dont on ne peut nier la réalité.

3 - nombreuses aussi sont les choses sensibles et qui ne correspondent pas à la réalité.

Questions et débats :

1 - quels sont les facteurs qui empêchent le développement des tendances naturelles ?

2 - les sciences empiriques, ont-elles pu trouver une solution à toutes les questions ? Citez un exemple.

3 - l’empiriste, a t-il le droit de nier la réalité d’Allah ? Pourquoi ?

4 - est-ce que tout est perceptible ? Citez vos propres exemples.

5 - est-ce que toutes les choses sensibles possèdent un autre aspect, imperceptible ? Citez un exemple.

source : sibtayn
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