Au nom d’Allah Le Clément, Le Miséricordieux
O Allah ! Prie sur Mohammed et sur les gens de sa Famille
La dame Zeinab (S) fut surnommée Umm Al-`Awâjiz (La Mère des indigents), en raison de sa miséricorde envers les pauvres et les démunis. Elle fut aussi surnommée Umm Hachim (Mère des Hachémites), car suite au drame de Karbalâ’, elle veilla sur la descendance du Prophète — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— et sur son neveu `Alî Zayn Al-`Âbidîn, le seul survivant de la bataille parmi la progéniture de l’Imâm Al-Husayn. Montagne de bravoure et de foi, elle fut le symbole de la patience dans l’adversité et de la vérité face au despotisme.
Sa naissance dans une famille bénie
Durant le mois de Sha`bân de l’an 5 A.H., Médine attendait une bonne nouvelle venant de la noble demeure du Messager — paix et bénédictions sur lui sa descendance—. Après la naissance d’Al-Hasan et d’Al-Husayn, Dame Fâtimah Az-Zahrâ’ et `Alî Ibn Abî Tâlib — que le salut d’Allâh soit sur eux— s’apprêtaient à accueillir un nouveau don d’Allâh : Zaynab Bint `Alî Ibn Abî Tâlib.
Aussitôt que Dame Fâtimah Az-Zahrâ’ donna naissance à sa fille bénie, Dame Asmâ’ Bint `Umays prit la nouveau-née dans ses bras et, s’adressant à Dame Fâtimah, elle dit : « Ô fille du Messager d’Allâh ! Elle te ressemble dans l’apparence et la beauté. La splendeur de la Prophétie est incarnée dans cette nouvelle née qui ressemble tellement à son frère Al-Husayn ! » Az-Zahrâ’ loua alors Allâh et Le remercia de Sa grâce.
Lorsque Fatima Zahra (as) donna naissance à une petite fille, elle prit l'enfant et la présenta au saint Prophète (saw).
L'ange Gabriel informa le Messager de Dieu du prénom qui devait être attribué au nouveau-né :"
Reçois le Salut d'Allah le Sublime, et Il te dit de nommer la fille de ta fille Fatima Zahra, que la paix soit sur elle, Zaynab, ce qui signifie la beauté de son père. Sache que ce prénom est porteur d'épreuves divines et que beaucoup d'événements l'attendent ainsi que le malheur et l'affliction.
Le saint Prophète prit l'enfant béni, le serra contre son cœur et se mit à pleurer.
Dame Zaynab grandit dans la maison de la prophétie, de la lumière et de la guidance. Elle reçut une éducation spirituelle raffinée du côté de sa mère ; son père l’Imâm `Alî Ibn Abî Tâlib ne manqua pas de lui inculquer les bonnes mœurs ainsi que les valeurs de la dignité, de la chasteté et de la décence. On rapporta qu’un jour, alors que la petite Zaynab était assise sur les genoux de son père — que le salut d’Allâh soit sur lui— et que celui-ci jouait avec elle, il lui dit : « Dis "un" ». Alors elle dit : « Un ». Il lui demanda de dire « deux » mais elle se tut. L’Imâm lui dit alors : « Vas-y chérie ! » Zaynab sourit et dit : « Ma langue qui a prononcé le "Un" (l’Unique) ne pourrait pas prononcer le "deux" ». L’Imâm `Alî — que le salut d’Allâh soit sur lui — la serra alors dans ses bras et l’embrassa entre les yeux. Elle lui demanda aussi un jour : «O père, nous aimes-tu ? » Il répondit : « Comment voulez-vous que je fasse autrement alors que vous êtes le fruit de mon cœur ! » Elle dit alors : «O père, l’amour est pour Allâh et la tendresse pour nous ».
On rapporta également qu’à l’âge de cinq ans, Dame Zaynab cherchait déjà à devancer sa mère en se précipitant pour faire ses ablutions aux heures des prières, puis vers son sanctuaire pour prier avec elle. Dame Fâtimah Az-Zahrâ’ la serrait alors tendrement dans ses bras et l’embrassait en lui disant : « Qu’Allâh t’accorde le bien ainsi qu’à tes enfants pieux. Ma chère fille, comme si je te voyais défendre le droit violé par des arguments solides et une éloquence invraisemblable ».
Durant son enfance, Zaynab fut entourée, choyée par son Grand-père, le saint Prophète ainsi que par ses nobles parents.
Très jeune, elle acquit un savoir substantiel et put ainsi discuter sur tous les sujets. Mais la disparition de son Grand-père, le Prophète (paix et bénédictions sur lui et sa descendance) d'une part et celle de Sa Lumineuse mère, d'autre part, constituèrent les premières tragédies que devait supporter la Grande Zaynab, âgée de cinq ans seulement.
Sa tristesse fut immense par ce vide qui grandissait et qui continuait à s'amplifier
Le décès du prophète (paix et bénédictions sur lui et sa descendance) enveloppa les musulmans d’un voile de deuil et un climat de tristesse régna dans la maison prophétique. Faisant l’adieu au Prophète, son père l’Imâm `Alî (as) dit : « Toute patience est belle sauf vis-à-vis de toi et toute impatience est mauvaise sauf à ton endroit. Notre malheur en ta perte est immense ; et notre misère avant et après toi est infinie ». Sa mère, Dame Fâtimah Az-Zahrâ’, ne put supporter la séparation ; elle fut à son tour rappelée par son Créateur quelques mois plus tard.
Zaynab fut beaucoup aimée par son père, l’émir des croyants ; Ali, et elle bénéficia de cet intarissable océan de connaissance.Elle fut la Maîtresse dans la demeure de son père et prit soin de toute la Famille Hachim
C’est ainsi qu’en perdant très tôt sa mère, elle apprit le sens de la responsabilité, de la fermeté et fut bien consciente des grands événements qui se déroulèrent à l’époque des Califes. Durant le califat de `Umar Ibn Al-Khattâb, Dame Zaynab épousa `Abd Allâh Ibn Ja`far Ibn Abî Tâlib. Il était connu pour sa douceur, sa générosité, sa pudeur, sa finesse d'esprit et son bon caractère. On le surnommait " la mer des générosités. "
Leur noce eut lieu à Médine alors que l’armée musulmane venait de réaliser de grandes victoires dans ses conquêtes en Iraq et au Shâm. De grands Compagnons comme Abû Dharr Al-Ghifârî et Salmân Al-Fârisî fêtèrent tous cette occasion bénie. Ce mariage donna naissance à quatre fils —`Alî, `Abbâs, `Awn et Muhammad —, ainsi qu’à une fille — Umm Kulthûm. Aoun et muhammad trouvèrent le martyr en compagnie de leur oncle Hussein à Karbala.
Une adoration pure
Dame Zaynab passait ses nuits à la porte de son Seigneur demandant Sa satisfaction et se dévouant à Son adoration. Elle n’abandonna jamais ses prières nocturnes même à la veille de l’assassinat de son frère Al-Husayn (as) qui lui demanda de ne pas l’oublier dans ses invocations.
Parmi les invocations de son grand-père — paix et bénédictions sur lui et sa descendance — qu’elle avait l’habitude de réciter, l’on cite :
« O Celui Qui se vêtit de la gloire et s’en habilla. Glorifié soit Celui dont la grandeur est le manteau. Glorifié soit-Il : sauf à Lui, la glorification ne doit être attribuée. Glorifié soit Celui Qui, par Son Savoir et Sa Puissance, cerne toute chose. Glorifié soit Celui Qui détient l’honneur, les bienfaits et les grâces. Glorifié soit le Puissant et le Généreux. O Allâh, je Te demande par la grandeur de Ton trône, par la clémence infinie de Ton Livre, par Ton grand Nom, Ta splendeur et Tes mots accomplis, de faire miséricorde à Muhammad et à ses descendants purifiés et de m’accorder le bien ici-bas et dans l’au-delà. Allâh, Tu es le Vivant Qui n’a besoin de rien alors que tout a besoin de Lui. C’est Toi Qui me guidas et c’est Toi Qui me nourris. C’est toi Qui me donnas et me prendras la vie… Ta miséricorde, ô Le plus Clément parmi les cléments ».
Pendant qu’elle animait ses nuits par les prières nocturnes, elle répétait souvent ces vers :
Combien a-t-Il de douceur cachée dont la subtilité échappe à la raison de l’intelligent !
Et combien de prospérité arriva après l’adversité mettant fin à la misère du cœur attristé !
Et combien de choses t’inquiètent le matin, alors que la bonne nouvelle te parvient la nuit !
Si un jour tu te trouves en adversité, aie confiance en l’Un, l’Unique et le Haut !
Et prends le Prophète comme intercesseur car tout serviteur, est certes secouru par l’intercession du Prophète !
Et ne t’inquiète guère si un malheur arriva, car combien a-t-Il de douceur cachée.
Son adoration, son humilité et la finesse de son âme eurent un effet remarquable sur les gens qui l’entouraient et se reflétèrent dans ses paroles et dans les poèmes qu’elle composait dont :
Des yeux veillèrent et d’autres s’endormirent, pour des choses qui arriveront ou qui n’arriveront pas….
Un Seigneur t’ayant hier suffi, te protégera certes de ce qui arrivera demain…
Chasse donc tout souci de ton âme autant que possible, car avoir des soucis serait une folie.
En ce qui concerne la Science de Zaynab, l'Imam Zayn al-Abidine dit :
"
Ma tante Zaynab est par la Miséricorde d'Allah la savante par excellence, nulle femme ne peut l’égaler, sa compréhension des choses fait d'elle la femme la plus douée de son temps. Zaynab instruisit de nombreuses femmes dans le domaine du savoir religieux et du commentaire des Hadiths, elle tenait ses cours à la mosquée de son père, Ali, à Kufa.
Dans ses actes rituels, elle était le flambeau des adorateurs d'Allah. L'Imam Hussein voyant sa sœur accomplir, à plusieurs reprises, des prières surérogatoires lui avait dit lors de son Message d'Adieu à Karbala, la veille du dix de Muharram : " o ma sœur, ne m'oublie pas lors de tes prières nocturnes. "
Il est rapporté que Zaynab avait reçu d'Allah le prestige, la marque d'honneur des Saints et des Saintes. Allah a permis que ses invocations soient acceptées. Allah dit :
" Si mon serviteur m'obéit, il sera semblable à Moi, car lorsqu'il dira à une chose sois, elle sera par Ma Puissance. "
Ceci, Zaynab l'avait reçu de la part d'Allah le Très-Haut.
Une femme face au despote
La vie de Dame Zaynab (que le salut d’Allah soit sur elle) ne peut être abordée sans mention des événements de Karbalâ’ et du malheur qu’encoururent les descendants du Prophète — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— pendant et après cette bataille qui affligea le cœur de tout croyant. En 61 A.H., l’Imâm Al-Husayn(as), accompagné par les descendants du Prophète, dont Dame Zaynab, partit pour Al-Kûfah à la demande de ses habitants voulant se révolter contre Yazîd Ibn Mu`âwiyah. A l’époque, ce dernier était un Calife connu pour son despotisme, son injustice et sa perversion.
Dame Zaynab (que le salut d’Allah soit sur elle) ne cacha pas son inquiétude pour son frère qui risquait ainsi de se faire tuer, en comptant surtout sur des gens ayant autrefois manqué à leur promesse de soutenir son père. Bien que consciente du danger qui menaçait la vie de l’Imâm Al-Husayn (as), elle choisit de l’accompagner et de le soutenir dans cette épreuve. Sur le chemin du convoi béni vers Al-Kûfah, Dame Zaynab —que le salut d’Allah soit sur elle — dit à son frère : « J’ai entendu ce soir un appel me disant :
O les yeux, préservez donc quelques efforts, sinon, qui pleurera les martyrs après ?
Qui pleurera sur ces gens conduits par leur sort, vers la réalisation d’une promesse faite avec mesure ?»
Al-Husayn répondit alors : « O sœur, toute chose prédestinée arrivera ».
Le convoi étant arrivé à Al-Kûfah, `Abd Allâh Ibn Ziyâd, à l’époque gouverneur de Bassora et d’Al-Kûfah, dépêcha sous la direction de `Umar Ibn Sa`d une armée de quatre mille soldats afin de combattre l’Imâm. Les gens d’Al-Kûfah ayant manqué à leur promesse, Al-Husayn n’avait de son côté que 72 partisans, tous descendants du Prophète, en plus d’un groupe de personnes qui préféra le martyre dans le camp de l’Imâm. Entendant arriver de loin l’armée d’Ibn Sa`d, Dame Zaynab alla chercher son frère et le trouva la tête sur les genoux. Elle s’approcha de lui et le réveilla, alors il leva les yeux vers elle et lui dit : « J’ai vu le Prophète — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— en songe et il me dit : "Tu viendras chez nous" ». Emue, Dame Zaynab cria : « O malheur à moi ! » Alors il répondit : « Le malheur n’est guère à toi, ma sœur. Calme-toi, qu’Allâh te fasse miséricorde ».
Al-Husayn (as), l’héritier du Messager miséricordieux, avait demandé à ses compagnons de retourner chez eux, sains et saufs, accompagnés des femmes et des enfants, et de le laisser faire face aux injustes, seul. Mais ses vaillants partisans jurèrent de ne point l’abandonner et de le défendre corps et âme aussi longtemps qu’ils seront de ce monde.
La veille de la bataille de Karbalâ’, Dame Zaynab entendit son frère composer des vers tristes décrivant la médiocrité de l’ici-bas. Elle se tourna vers lui et dit : « Mon frère, ce sont les paroles de celui qui sait qu’il sera certainement tué ! » Il répondit alors : « Oui ma sœur ». Elle pleura disant : « O combien grande est ma perte, ô combien grande est ma tristesse. Si seulement la mort m’arrachait la vie ! O mon Husayn, O mon seigneur, O celui qui me reste parmi ma famille, tu te présentes à tes assassins et perds tout espoir dans cet ici-bas. C’est seulement aujourd’hui que mourut mon grand-père le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui et sa descendance—. C’est aujourd’hui que mourut ma mère Fâtimah et mon père `Alî et mon frère Al-Hasan ».
Al-Husayn la regarda et essaya de la calmer en lui disant : « Ma sœur, que Satan ne vole pas ta clémence, garde donc la patience qu’Allâh conseilla. Sache que tous les habitants de la terre mourront, que les habitants des cieux ne resteront pas et que toute chose périra à part la Face d’Allâh Qui créa les créatures par Sa puissance, Qui les ressuscitera, leur rendra la vie et Qui est l’Unique. Mon grand-père est mieux que moi, mon père est mieux que moi, ma mère est mieux que moi, mon frère est mieux que moi. Nous sommes tous censés prendre le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— comme modèle ». Puis il dit : « Si le soir on laissait le ganga tranquille, il dormirait ». Dame Zaynab dit : « Malheur à moi Husayn, tu te laisses prendre par tes ennemis. Ceci est plus brisant pour mon cœur et plus dur pour moi ».
Le combat commença ; les descendants du Prophète tombèrent en martyrs l’un après l’autre sous les yeux de Dame Zaynab. Voici `Alî, le fils de l’Imâm Al-Husayn combattant bravement aux côtés de son père jusqu’à ce qu’il fut épuisé et cria : « O père la soif me tue et la lourdeur du fer m’épuise ».
Les larmes de l’Imâm coulèrent et il répondit : « Patience, un peu de courage et bientôt sera la rencontre avec ton grand-père Muhammad — paix et bénédictions sur lui et sa descendance —, alors il te donnera à boire de sa coupe la plus noble ».
Quelques instants et Dame Zaynab vit les soldats porter vers sa tente, le corps de son neveu. Aussitôt que ses yeux tombèrent sur cette scène, elle sortit de sa tente, se dirigea vers `Umar Ibn Sa`d et lui dit : « O`Umar, tue-t-on Abû Abd Allâh alors que tu restes spectateur ?! » Les larmes aux yeux, `Umar ne supporta pas ses paroles et tourna son visage ailleurs. Voyant à la fin de la bataille Al-Hussein assassiné et ses deux fils martyrisés, Dame Zaynab s’écria : « O Muhammad ! Que le Seigneur du ciel t’accorde la paix, voici Husayn par terre, membres mutilés, et voici tes filles emprisonnées. À Allâh est ma complainte, à Muhammad, à `Alî Al-Murtadâ, à Fâtimah Az-Zahrâ’ et à Hamzah maître des martyrs ».
Voyant la tête de son frère portée sur les lances des hypocrites, Dame Zaynab dit :
O croissant qui, aussitôt devenu parfaitement abouti, fut injustement éclipsé et périt….
Frère de mon cœur, je n’ai guère imaginé, Que telle sera ta destinée…
Elle s’adressa ensuite aux gens d’Al-Kûfah qui s’étaient rassemblés pour voir le convoi triste conduit vers `Abd Allâh Ibn Ziyâd, et dit : « Louange à Allâh et paix et bénédictions sur mon père Muhammad et sur sa descendance pieuse et bienfaisante. Ô gens d’Al-Kûfah, gens de la tromperie et de la duperie, pleurez-vous ? Que vos larmes ne cessent de couler et que votre douleur ne cesse de vous peiner. Vous êtes comme celle qui défit brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée en prenant vos serments comme un moyen pour vous tromper les uns les autres. Malheur à vous, gens d’Al-Kûfah, savez-vous quel proche parent du Prophète avez-vous attaqué et quel sang lui avez-vous effusé ? Vous avez certes commis une chose abominable. Peu s’en faut que les cieux ne s’entrouvrent, que la terre ne se fende et que les montagnes ne s’écroulent. Que la clémence d’Allâh ne vous enorgueillit car votre Seigneur est à l’affût ».
A l’arrivée du convoi au palais de `Abd Allâh Ibn Ziyâd, ce malheureux criminel dit avec réjouissance et fierté : « Louange à Allâh qui vous a scandalisé, vous a tué et a démenti vos histoires. » Dame Zaynab prit alors la parole et répondit : « Louange à Allâh qui nous a honoré par Son Messager — paix et bénédictions sur lui et sa descendance — et qui nous a parfaitement purifié des vices. Allâh ne scandalise que le pervers et ne dément que le vicieux qui est autre que nous. » Ibn Ziyâd lui demanda alors : « N’as-tu pas vu ce qu’Allâh fit de ta famille et de ton frère ? ». Dame Zaynab dit : « Je n’ai vu que le bien. Ce sont des gens qu’Allâh enregistra comme martyrs et les voici martyrisés. Allâh vous rassemblera un jour et l’on verra à qui sera la victoire ». Il s’exclama alors : « Quel courage ! Ton père était un poète courageux ». Dame Zaynab répondit : « Fils de Ziyâd, de quel courage parles-tu ? Le courage n’est aucunement mon souci. Cela m’étonne que l’assassinat de tes imâms te soulage alors que tu es bien conscient de leur vengeance dans l’au-delà ».
Remarquant un jeune homme parmi les prisonniers, `Abd Allâh Ibn Ziyâd se renseigna sur son identité. Apprenant qu’il s’agissait de Zayn Al-`Abidîn, le fils d’Al-Husayn, Ibn Ziyâd voulut le tuer, sauf que Dame Zaynab le défendit farouchement disant : « Tu as suffisamment effusé notre sang et tu t’en es abreuvé ! Nous as-tu laissé que lui ? Par Allâh, je ne me séparerai guère de lui. Si tu veux le tuer, tue moi donc avec lui ! » C’est ainsi que, grâce à la bravoure de Dame Zaynab, Zayn Al-`Abidîn fut le seul survivant de Karbalâ’ parmi la progéniture de l’Imâm Al-Husayn (as).
Le convoi fut ensuite envoyé vers la Syrie où siégeait Yazîd Ibn Mu`âwyah. Dans son palais, Dame Zaynab ne craignit pas non plus de lui adresser ces paroles : « Louange à Allâh, Seigneur des mondes et paix et bénédictions sur son Messager et sa descendance pieuse. Penses-tu Yazîd qu’en nous infligeant une défaite et qu’en nous conduisant comme prisonniers, Allâh nous aurait humilié et qu’Il t’aurait honoré ? Patience ! As-tu oublié la parole d’Allâh — Exalté soit-Il — : "Que les incroyants ne voient pas un avantage dans le sursis que nous leur donnons. Ce sursis ne sert qu’à accroître leur péché. À eux la honte du tourment…" Allâh te suffira comme juge, Muhammad — paix et bénédictions sur lui et sa descendance — comme adversaire et Gabriel comme opposant… Qu’Allâh nous rétribue, et réforme notre Califat, Il est certes le Tout Miséricordieux ».
Yazîd ne put commenter ce que lui adressa Dame Zaynab et lui proposa de l’argent. Dame Zaynab répondit : « O combien dur est ton cœur Yazîd ? Tu tues mon frère et tu me proposes de l’argent ? Par Allâh, cela ne sera jamais ! »
Dame Zaynab fut ensuite envoyée à Médine. Aussitôt arrivée, elle se dirigea vers le tombeau de son grand-père. On rapporte l’avoir vue accrochée à la porte de la mosquée du Prophète, les larmes coulant sur les joues appelant : « O grand-père je t’annonce le martyr de mon frère Al-Husayn ». Elle se mit ensuite à raconter aux habitants de Médine les événements amers qui se déroulèrent à Al-Kûfah. Ceci suscita l’inquiétude du gouverneur de Médine qui avertit Yazîd contre le danger de sa présence dans les terres saintes. On demanda alors à Dame Zaynab de choisir une autre contrée que celle de son grand-père pour s’y installer.
Il y a divergence pour ce qui est du choix de la noble dame, certains narrateurs rapportent qu’elle a choisit cham et d’autres ont rapportés qu’elle a émigrée vers l’Egypte.
Là où son âme se repose
En Sha`bân de l’an 61 A.H., six mois après le martyr de son frère, Dame Zaynab arriva dans son pays d’accueil. Elle fut accueillie par une fine délégation qui pleura en essayant de la consoler. Dame Zaynab ne put alors empêcher ses larmes de couler et récita le verset : « Ceci est ce que le Tout Miséricordieux avait promis et les Messagers avaient dit vrai. »
La grande dame s’installa finalement honorée et respectée. Les musulmans ne cessèrent d’affluer vers sa noble demeure, lui demandant des invocations et écoutant les hadiths qu’elle narrait et les bonnes mœurs qu’elle prêchait.
Dame Zaynab resta dans sa demeure pendant moins d’un an au cours duquel on ne la vit que dévouée à son adoration, son jeûne, son dhikr et sa récitation du Coran.
Elle tomba ensuite malade et sut par la lumière de son Seigneur qu’il s’agissait de la maladie de sa mort. On proposa de lui convoquer un médecin mais elle répondit : « O gens ! Nous ne sommes pas de ceux qui aspirent à l’ici-bas et souhaitent y rester. La meilleure rencontre pour nous, descendants du Prophète — paix et bénédictions sur lui et sa descendance— est la rencontre avec notre Seigneur. En plus, le médecin n’avancera ni ne reportera ma fin. Son remède n’est qu’un tranquillisant alors que la fin prédestinée devra arriver ».
La veille du dimanche 14 Rajab 62 A.H., l’âme de Dame Zaynab abandonna l’ici-bas pour rejoindre un horizon plus vaste et plus clément. Les musulmans la pleurèrent de leurs larmes et de leurs paroles. On dit à son sujet :
O Umm Hâshim, cet amour est porté, par un passionné épris comme il ne l’a jamais été !
Dans tes jardins, on le voit étreignant les portes, collant à ses murs et touchant ses pierres !
Me voici venu présenter la quintessence de mon cœur, chez toi sans récompense ni ennui !
Au fond du cœur, voici mon amour infini, qui restera entier tant que je serai vivant !
Sayyida Zaynab reçoit chaque année la visite de plus d'un million de pèlerins qui vont pleurer les ahl al-bayt, les membres de la famille du Prophète.
De chaque côté de la route défilent des murs peints d'un fond bleu sur lesquels des sentences sont calligraphiées, celui de la Syrie - qui verse des larmes de chagrin... des portraits jalonnent la route du Sud, qui relie Damas à la Jordanie. C'est aussi la route qui mène à Sayyida Zaynab, où plus d'un million de pèlerins passent chaque année pour aller pleurer d'autres martyrs, les ahl al-bayt, les membres de la famille du Prophète.
Ils viennent d'Iran, d'Irak, du Golfe arabo-persique, du Pakistan, d'Afghanistan, mais aussi du Liban voisin et de Syrie.
Rendre une visite pieuse au mausolée de Zaynab, fille de l'imâm ‘Alî et petite-fille du Prophète, revient à accomplir "le pèlerinage des pauvres" (hâgg al-fuqarâ'), lorsqu'ils ne peuvent aller ni à La Mecque, ni dans les sanctuaires d'Irak, Nadjaf, Karbala', Samarra' et Kâzimayn. Ils viennent rendre grâce à "la Dame" (al-sitt), lui demander son concours, pleurer sur ses malheurs et ceux de la Famille sacrée,
Le tombeau de la sainte fut longtemps fréquenté autant par les sunnites que par les chiites. Dans le récit de ses voyages, l'andalou Ibn Gubayr (m.1217), rapporte que les chiites occupent dans la région une place extraordinaire et qu'ils sont plus nombreux que les sunnites; Il raconte s'être rendu au mausolée de Sayyida Zaynab pour y passer la nuit et recueillir la baraka de la sainte. Au XIVe siècle, les chiites ne constituent probablement plus la majorité des musulmans de Syrie; Ils continuent toutefois à être présents à Damas. A cette époque, Ibn Battûta évoque le tombeau de Zaynab, il est flanqué d'une mosquée et doté de legs pieux. D'autres auteurs mentionnent ensuite le mausolée ; Ils ne s'accordent pas tous à reconnaître que c'est celui de Zaynab, fille de ‘Alî (as). Le soufi ‘Abd al-Ganî al-Nâbulsî (m. 1731) fait état d'une tombe abritée par une immense coupole, jouxtant une mosquée et un bassin, dont "on dit" qu'elle est celle de Sitt Zaynab. Mais pour lui, Zaynab est enterrée au Caire...
Théoriquement, le mausolée demeura un centre de dévotion pour tous les musulmans, jusqu'à aujourd'hui où le processus est encore observable.
Le rite de ‘Asûrâ', qui y est chaque année célébrée. Ainsi ‘Asûrâ' mais aussi le culte rendu à la sainte qui, comme les visites pieuses faites aux imâms, se distingue. Elles se manifestent dès l'entrée dans le mausolée. Les visiteurs se mettent à se pleurer et à verser des larmes. Un second fait marquent vient du fait que la majorité des pèlerins sont des non arabes, c'est-à-dire iraniens, pakistanais, indiens, afghans, ce qui se voit, par un simple regard au costume des femmes et ce qui s'entend, à l'écoute de leur langue ou de leur accent.
Les groupes de pèlerins iraniens sont pris en charge par une institution syro-iranienne qui organise leurs pérégrinations à Damas et en Syrie, les transportant en car d'un lieu saint à un autre. A Damas, le cimetière de Bâb Sagîr, où sont enterrés de nombreux ahl al-bayt et autres martyrs de Karbala', la mosquée des Omeyyades, que l'on dit renfermer la tête de l'Imâm Husayn (as), et le mausolée de sayyida Ruqayya, dans le quartier al-‘Amâra, au cœur de la vieille ville, qui fut récemment rénové. A Alep, un mausolée rénové abrite un rocher où la tête de l'Imam Husayn (as) aurait reposé et où une goutte de son sang aurait coulé; Un autre recèlerait le tombeau de Muhsin, fils de Husayn (as), décédé avant même de naître.
Il y a quelques autres sanctuaires à Raqqa (qui est en cours de rénovation), Homs, Hama, ‘Adrâ’.
Quant au mausolée, il a été entièrement rénové dans les années 50, grâce aux efforts déployés par un comité formé en 1951, regroupant des notables chiites de Syrie et un Irakien, al-hâj Bahbahânî. Ils menèrent campagne afin de réunir les fonds nécessaires à la restauration du mausolée. Ce qui fut fait par l'Ayatollah Muhsin al-Amîn, alors le marga‘ de Syrie, et les travaux commencèrent. Ce n'était ni la première, ni la dernière fois que le mausolée de sayyida Zaynab allait bénéficier des largesses de particuliers. En 1950, un commerçant pakistanais, Muhammad ‘Alî Habîb, suite à la guérison prodigieuse de son fils, offrit les précieuses grilles d'argent qui servent d'écrin au tombeau. Puis un commerçant du Golfe paya la couverture en mosaïque des deux minarets du sanctuaire. Le tombeau de la sainte est un "cadeau du peuple iranien" offert en 1954. Six ans plus tard, un commerçant iranien fit don d'une porte dorée, que l'on mit à l'entrée ouest du sanctuaire
La ville est devenue un foyer de savoir du chiisme duodécimain et certains aspirent à ce qu'elle parvienne à être comme Nadjaf. En effet, Sayyida
Zaynab renferme actuellement neuf écoles religieuses (hawza-s) fréquentées, par plus de mille étudiants. Al-Hawza al-Zaynabiyya, la première école religieuse de Sayyida Zaynab, fut ouverte en 1973, à l'initiative du mugtahid irakien Sayyid Hasan Sîrâzî (1934-1980)..
Ziyarat (La visite pieuse) de dame Zaynab / S
La Ziyarat suivant (salutation) pour Sayyeda Zaynab (as) est traditionnellement exposé pour obtenir la bénédiction divine tout en visitant son tombeau (dans ce cas-ci, à Damas, en Syrie). Il peut également être exposé à n'importe quelle autre heure dans le souvenir de l'exemple du courage et de la soumission qu'elle a présenté au monde, en particulier le jour de sa naissance, et le jour de son décès, et pendant le mois de Muharram.
Que La paix soit sur toi, fille du seigneur des Prophètes !
Que La paix soit sur toi, fille du maître du bassin et de la bannière !
Que La paix soit sur toi, fille de celui qui a été élevé au ciel et qui a atteint la station de deux arcs et plus !
Que La paix soit sur toi, fille du Prophète de la piété, seigneur des humains et le sauveur des serviteurs de la perdition!
Que La paix soit sur toi, fille du détenteur de la morale parfaite, de l’honneur suprême, et des versets et du sage rappel !
Que La paix soit sur toi, fille du détenteur de la station louable, du bassin de l’abreuvoir et de la bannière attestée !
Que La paix soit sur toi, fille de la voie de l’islam!
Que La paix sur toi, fille de celui qui a la direction et le Coran ainsi que l’étendard de la vérité et de la bonté !
Que La paix sur toi, fille de l’élu des prophètes, l’étendard des dévots, celui dont le nom est connu dans le ciel, ainsi que La Miséricorde d’Allah et Ses bénédictions!
Que La paix sur toi, fille du meilleur des créatures d’Allah, le maître de sa création, le premier avant que Sa terre et Ses cieux ne soient créés et le dernier après la fin du monde et ses habitants !
Que la paix soit sur elle ; le jour elle naquit, le jour ou elle mourra, le jour ou elle sera ressuscitée
source : alhassanain