Un tel remède est proposé dans ce que la Loi céleste (Charia) présente à l'homme comme la doctrine de la foi en Dieu, Dieu en tant qu'absolu auquel l'homme limité peut rattacher sa propre marche sans jamais éprouver la moindre contradiction sur son long chemin.
La foi en Dieu résout l'attitude négative du problème, rejette la perdition, l'athéisme, le néant et l'indifférence. Elle place l'homme en position de responsabilité, liant le cosmos à son initiative, faisant de cet homme le Khalife(3) de Dieu sur la terre. Le Khalifat implique la responsabilité, et situe l'homme se déplaçant dans l'éternité sans fin d'un mouvement responsable entre deux pôles: entre un représenté devant lequel il est responsable, et une récompense qu'il reçoit selon sa conduite, ou encore entre Dieu et la résurrection.
De même, la foi en Dieu résout le côté positif du problème, celui de l'exagération qui fait dévier l'homme de son chemin.
Elle le résout ainsi:
1- Cet aspect du problème est crée par la transformation du relatif en absolu au moyen d'une opération intellectuelle et d'un isolement de ce relatif de son contexte de ses limites. Quant à l'absolu représenté par la foi en Dieu, il n'est pas le résultat d'une étape parmi les étapes de l'intelligence humaine et ne risque donc pas de devenir une entrave lors d'une prochaine étape de maturité intellectuelle.
Il n'est pas non plus le résultat d'un besoin limité propre à un individu ou à un groupe, de sorte qu'il puisse, en tant qu'absolu, savoir (servir) d'arme à la disposition des intérêts égoïstes et illégaux!
Car Dieu, le Très Haut, est un Absolu sans aucune limite qui absorbe en Ses Attributs essentiels tous les idéaux suprêmes de l'homme, son Khalife sur terre. En d'autres termes, le chemin conduisant vers Lui est illimité, ce qui implique un mouvement continu et un rapprochement par étapes ne comportant jamais de terme.
«Alors toi, l'homme qui te tournes vers ton Seigneur, tu Le rencontreras». (Coran, 84: 6)
Dieu donne à ce mouvement Ses propres idéaux suprêmes, tirés de la Connaissance, de la Puissance et de la Justice, ainsi que des autres qualités de l'Absolu vers lequel la marche est dirigée. La marche vers l'absolu est toute de connaissance, toute de puissance, de justice et de richesse. Autrement dit, la marche humaine est une lutte continue contre toutes les formes de l'ignorance, de l'impuissance, de l'oppression et de la pauvreté. Tant que tels sont les buts de cette marche liée à l'absolu, ils constituent non seulement une dédicace à Dieu, mais encore une lutte constante pour le bien de l'homme, pour sa dignité et pour la réalisation de ses idéaux suprêmes.
«Celui qui lutte, ne lutte que pour son bien. Dieu se suffit à Lui-même, IL n'a pas besoin de l'univers». (Coran, 29: 6)
«Sur toi Nous avons fait descendre pour les hommes le Livre, en toute Vérité». (39: 41)
Inversement, les absolus imaginaires et les faux dieux ne peuvent englober la marche avec toutes ses aspirations, car ils ne sont que les rejetons d'un faible cerveau humain, ou encore le besoin d'un pauvre homme, ou l'oppression d'un tyran. Ils se trouvent donc reliés à l'ignorance, à l'incapacité ou à l'oppression. Ils ne peuvent jamais bénir la lutte continuelle de l'homme contre lui-même (ou des hommes contre eux-mêmes, ou des hommes entre eux)!
2- Etre lié à Dieu, Tout-Puissant, l'Absolu, qui contient toutes les aspirations de la marche humaine vers l'avant, signifie en même temps que l'on rejette tous les «absolu» imaginaires et que l'on engage une guerre constante contre toutes les idolâtries et adorations artificielles.
Ainsi l'homme sera débarrassé du mirage de ces faux absolus qui sont comme cela est le cas pour n'importe quel autre instinct. Cette manière correcte de le satisfaire, en harmonie avec les autres instincts et inclinaisons, constitue la seule garantie du bénéfice active de l'homme!
Selon le comportement que l'on adopte vis-à-vis d'un instinct, on permet son épanouissement ou on provoque son étouffement. Ainsi les germes de compassion se dessèchent en l'homme à la suite d'un comportement négatif, mais se développent par la pratique d'une solidarité active avec les opprimés et les pauvres. De là, il est clair que la foi en Dieu, aspiration vers l'absolu, doit disposer l'une direction qui permette de satisfaire cet instinct et de l'approfondir, et cela d'une manière compatible avec tous les autres sentiments authentiques de l'homme.
Sans une orientation, un tel sentiment, est voué à la rechute, comme ce fut le cas pour les sentiments religieux livrés à eux-mêmes dans la plupart des étapes historiques.
Sans une conduite approfondie, ces sentiments pourraient s'estomper, et le lien avec l'Absolu cesse d'être une vérité agissante sur la vie de l'homme, et en mesure de faire jaillir ses meilleures énergies.
La religion qui posa le principe: «Il n'y a de dieu que Dieu»; y faisant figurer à la foi le rejet et l'affirmation est ici l'instrument orienteur et ce sont les rites qui remplissent le rôle constant d'approfondissement de ces sentiments, car ils donnent une expression pratique et une concrétisation de l'instinct de la foi - par leur moyen cet instinct et s'approfondit (pénètre au profondeur) dans la vie de l'homme.
Nous constatons que ces rites, en tant qu'expression pratique du lien avec l'absolu, comportent à la fois la pratique de l'affirmation et du rejet. Ils constituent une confirmation permanente, de la part de l'homme, de son lien avec l'Absolu et de son rejet de tout autre «absolu» artificiel.
Celui qui commence sa Prière (par les mots Allâhu Akbar) affirme ce rejet - lorsqu'il déclare, à chaque prière, que le Prophète de Dieu (P) est Son Serviteur et Son Envoyé il affirme ce rejet - de même lorsqu'il s'abstient des bonnes choses et se tient éloigné des nécessités de l'existence, par amour de Dieu, défiant les désirs et leur tyrannie, il affirme encore ce rejet.
Ces rites ont réussi à éduquer des générations de croyant, entre les mains du Prophète (P) et des guides pieux qui lui succédèrent; ceux dont les prières incarnèrent dans leurs âmes le rejet de toutes les forces du mal et leur écrasement. Devant leur avance triomphale les «absolus» du genre de Khosrô et César de même que tous les «absolus» de l'imagination humaine limitée furent anéantis.
A la lumière de ce qui procède nous voyons que l'adoration est une nécessité constante dans la vie de l'homme et dans sa marche évolutive. Il ne peut y avoir de marche sans un «absolu» à laquelle elle se relie en y puisant ses idéaux. De même il n'y a pas d' «absolu» qui puisse contenir la marche tout au long de son interminable chemin si ce n'est le véritable Absolu (Dieu).
Tous les autres «absolus» artificiels forment nécessairement d'une manière ou d'une autre, un obstacle à la croissance évolutive.
L'attachement au véritable Absolu est donc un besoin permanent, tout autant que le rejet des «absolus» artificiels. Il ne peut y avoir d'attachement au vrai absolu sans une expression pratique de cet attachement, le confirmant et le consolidant continuellement.
Une telle expression pratique n'est pas autre chose que l'adoration. Il apparaît donc que l'adoration est un besoin permanent.
source : sibtayn