Si nous observons d'un regard général les rites que nous avons déjà mentionnés, les comparant les uns aux autres, nous pouvons en tirer quelques aperçus généraux. Nous mentionnerons ces aperçus comme suit:
Nous avons vu, dans ce qui a précédé, le rôle important que joue l'adoration dans la vie de l'homme et le besoin permanent de la marche vers l'avant de l'homme qu'elle exprime. Si d'un autre côté, nous étudions et analysons les particularités qui caractérisent chaque rite nous pourrons souvent, à la lumière du progrès de la science moderne, se familiariser avec (découvrir) les sagesses et les secrets que contient la Chariah.
Accord cet merveilleux entre les données de la science moderne et plusieurs particularités de la Chariah renforce sa position et donne une éclatante confirmation de son origine divine.
Malgré tout cela, pourtant, nous rencontrons souvent des points mystérieux dans les rites; c'est-à-dire un ensemble de détails dont les secrets ne peuvent être saisis ou expliqués de manière sensible et tangible. Ainsi, pourquoi la prière du coucher du soleil est-elle de trois ruk'ah (cycle de la prière) alors que la prière de midi en comporte quatre? De plus, pourquoi chaque ruk'ah inclut-elle une inclinaison au lieu de deux, deux prosternations au lieu d'une seule? Beaucoup d'autres questions pourraient ainsi être posées.
Nous appelons «mystérieux» un tel aspect du rite qui ne peut-être expliqué. D'une manière ou d'une autre nous retrouvons cet aspect dans la plupart des rites proposés par la Chariah.
Nous pouvons considérer le «mystérieux», dans le sens que nous venons d'indiquer, comme un phénomène général apparaissant dans les rites, comme une de leur caractéristique commune.
Le mystère est lié d'une manière organique aux rites et à leur caractère obligatoire. Le rôle des rites, comme nous l'avons vu, consiste à renforcer la foi et l'attachement à l'Absolu et à les enraciner d'une manière concrète. Plus l'élément d'abandon et de soumission est grand dans l'adoration, plus l'effet de renforcement du lien entre l'adorateur et son Seigneur est puissant.
Par contre, si l'adorateur comprend tous les aspects et les avantages de l'acte accompli et en saisit, dans tous ses détails, la raison d'être, l'élément d'abandon et de soumission en sera amoindri et les motivations d'intérêt et de profit domineront. L'acte ne s'inscrira plus dans la catégorie de l'adoration de Dieu, dans la mesure où il sera un acte accompli en vue d'un profit bien spécifique.
Tout comme l'esprit d'obéissance et d'attachement du soldat croît et se renforce par l'entraînement militaire, qui lui impose des ordres auquel il doit obéir sans discussion; le sentiment d'adoration croît et se renforce par la pratique avec abandon et soumission des rites et de leurs aspects mystérieux. Cette attitude de soumission requiert l'existence d'un aspect mystérieux et la tentative d'expliquer et d'interpréter cet aspect mystérieux revient à vider l'adoration de sa réalité en tant qu'expression pratique de la soumission, et à l'évaluer d'après des critères d'intérêts, tout comme n'importe quel autre action.
Nous remarquons que l'inexplicable est pratiquement absent des rites qui représentent un grand intérêt social opposé à l'intérêt personnel de l'adorateur. C'est le cas du Djihâd (combat pour la cause de Dieu) lequel représente un grand intérêt social opposé au désir individuel de préserver sa vie; c'est aussi le cas de la Zakât (impôt rituel) qui représente un grand intérêt social opposé au désir de préserver sa richesse et sa propriété. L'action du Jihad est bien comprise par le combattant, comme l'action de la Zakât est comprise par celui qui donne l'impôt. Cependant ces deux rites ne perdent pas leur élément de soumission à Dieu, car la difficulté de sacrifier sa vie ou ses biens dans un esprit d'adoration exige un grand effort de soumission et d'obéissance.
Si nous constatons que les rites de ce dernier genre n'ont pas pour seul but l'éducation de l'individu, mais visent également à assurer des bénéfices d'ordre social; nous remarquons que l'aspect mystérieux est de plus en plus présent dans les rites qui visent l'éducation de l'individu, tels que la prière ou le jeûne.
Nous en concluons que le mystérieux et l'inexpliqué des rites se rattachent au rôle éducatif, consistant à relier l'adorateur à son Seigneur, cette relation plus profonde.
source : sibtayn