La profonde tristesse de Fatima Az-Zahra témoignant de la trahison de certains compagnons
Un jour, le Prophète Mohammad (pslf) dira devant une assemblée considérable de notables musulmans : « Fatima est une partie de moi. Aussi, celui qui l’irrite m’irrite également. »
Un autre jour, en s’adressant à sa fille, il lui dira : « ô Fatima ! Allah s’irrite lorsque tu t’irrites. Il est satisfait lorsque tu es satisfaite. ».
Les événements ayant suivi le décès de son père avaient bouleversé et réellement irrité Sainte Fatima Az-Zahra (s) au point où elle ira exprimer sa douleur auprès de la tombe de son père :
« A propos de la tristesse ressentie par Fatima Az-Zahra (s) après le Sublime retour à Son Créateur de l’âme de son père, le Bien-Aimé Prophète Mohammad (pslf), sa servante Fidda a raconté ceci :
« Au huitième jour faisant suite au décès de son père, Fatima (s) révélera l’ampleur de sa tristesse et de ses difficultés à vivre dans un monde hostile vidé de la présence de son père. Elle se rendit à la mosquée, et couverte de larmes, elle dira :
« ô mon père ! ô mon ami sincère ! ô Mohammad ! ô Abu Al-Qasim ! ô le protecteur des veuves et des orphelins ! Qui peut vous remplacer à la Kaaba et à la mosquée ! Qui peut vous remplacer auprès de votre fille plongée dans la tristesse, la mélancolie et la douleur ! »
Puis Fidda continue son récit :
« Ensuite, Fatima (s) se dirigea vers la tombe du Prophète (pslf), ses pleurs et ses sanglots l’obligeront à une marche chancelante. Arrivée au Mizaneh, elle s’effondrera inconsciente. Aussi, les femmes accourront à son secours, et après lui avoir rafraîchi le visage avec de l’eau de source, elle manifestera de nouveau des signes de vie.
Fatima dira alors : « Mes forces se sont évanouies, ma résistance m’a fait défaut, mes ennemis se réjouissent de mon chagrin, et mon affliction me fait lentement mourir !
ô mon père ! Je suis dans la perplexité et la solitude, affaiblie par le chagrin et profondément mélancolique ! Ma voix s’est éteinte mon dos s’est brisé ; ma vie est ballottée par les vicissitudes ; je ne trouver personne après vous, ô mon père, pour soulager ma peine ; personne pour m’aider en ces temps très difficiles, face auxquels je suis fragile et pleine d’impuissance ! Tel le précise les Révélations, le lieu de la présence de Gabriel (s) et de Michaël (s) a disparu avec votre départ, ô père !
Les intentions (des gens) ont changé. Les portes se sont fermées devant moi. Raisons pour lesquelles ce monde devenu hostile m’est difficile à vivre. Mes larmes se déverseront sur vous aussi longtemps qu’un souffle de vie sera présent en moi. Mon désir de vous rejoindre ne pourra cesser, mon affliction créée par notre séparation ne trouvera jamais de fin dans le monde d’ici-bas. »
Les sanglots de Fatima (s) allaient dès lors augmenter d’intensité :
« ô mon père ! Avec votre départ, la lumière du monde a disparue. Les fleurs se sont fanées après s’être ouvertes à la vie tout le temps de votre présence parmi nous.
ô mon père ! Ma mélancolie n’aura de fin tant que durera notre séparation.
ô mon père ! Le sommeil m’a quitté depuis le jour de notre éloignement !
ô mon père ! Où est-il celui qui était proche de la veuve et des orphelins ? Celui qui fût donné à la Communauté pour jusqu’au Jour de la Résurrection !
ô mon père ! Après vous nous avons été placés dans le monde des opprimés ! ô mon père ! Après vous les gens nous ont délaissés, oubliant la noblesse de notre lien glorieux qui nous unissait à votre présence parmi les gens.
Quelle larme peut-elle être retenue suite à votre Sublime retour vers notre Créateur ?
Quelle mélancolie peut-elle être éteinte après votre départ ? Quelles paupières peuvent-elles encore se refermer sur un sommeil paisible depuis votre absence ?
ô mon père ! Vous êtes le printemps de la foi et la lumière des Prophètes ! Comment les montagnes vont-elles résister ? Et les mers ne pas s’assécher ? Et la Terre ne pas trembler ? ô mon père ! Je suis tant affligée de la peine la plus pesante à porter, et ma déroute est sans fin.
ô mon père ! Je suis atteinte de la plus profonde infortune et de la plus vaste calamité qui puissent être vécues dans le monde d’ici-bas. Les Anges vous pleurent, et les étoiles se sont immobilisées !
Depuis votre envol vers le Très-Haut, même votre minbar a perdu de sa splendeur, vidé de votre ineffable conversation intime avec votre Seigneur !
Certes, votre tombeau est comblé de votre présence et le Paradis satisfait de votre retour, de vos invocations et de vos prières.
ô mon père ! Quelle mélancolie enveloppe les lieux de vos sermons et discours ! Combien je vais souffrir de tout ce qui se prépare à l’horizon de la déviance et jusqu’au jour où je vous rejoindrai ! Combien est affligé Abul Al-Hassan (Imam Ali (s)) : celui qui fût désigné à votre succession ! Le père de vos deux enfants : Al Hassan et Al-Hossein, vos bien-aimés. Celui qui vous a été confié dès son enfance, et dont vous ferez votre frère ! Celui que vous avez le plus aimé de tous vos compagnons. Le père de Al-Hassan, le premier à vous accompagner et à vous soutenir.
Vraiment, la mélancolie s’est emparée de nos cœurs. Nos pleurs nous font mourir lentement et notre détresse ne cesse de nous accompagner ! »
Puis, Dame Fatima (s) rejoindra sa demeure, toujours triste et en pleurs. Elle vivra ainsi jusqu’au jour où elle rejoindra son père bien-aimé, à peine quelques semaines après le Sublime retour à Son Créateur de l’âme du Prophète Mohammad (pslf). » (Fatima : The Gracious, 1990, p. 154.)