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Nahjah al-balagha : La Voie de l’Éloquence

Nahjah al-balagha : La Voie de l’Éloquence

La vie d’ici-bas est semblable au serpent

"La vie d’ici-bas et le serpent se ressemblent. Ils sont tous deux dotés d’un toucher bien soyeux et de boyaux venimeux. D’elle s’éprend l’ignorant prétentieux mais en est bien méfiant l’homme d’esprit, l’ingénieux."  du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°120 (ou n°114)

مَثَلُ الدُّنْيَا كَمَثَلِ الْحَيَّةِ لَيِّنٌ مَسُّهَا وَ السَّمُّ النَّاقِعُ فِي جَوْفِهَا

Mathalu ad-dunyâ ka-mathali al-hayyati layyinunn massuhâ wa-s-sammu an-nâqî‘u fî jawfihâ

La vie en ce monde est comme le serpent, son toucher est doux alors que le poison s’accumule en son intérieur.

Mathalu ka-mathali : littéralement : « l’exemple de.. est comme l’exemple de.. », expression employée pour comparer deux choses, mettre en évidence les points de ressemblance.

ad-dunyâ : nom tiré du verbe  « danâ » (être proche, près, bas, au plus bas) = le monde ici-bas

al-hayyat : le serpent

layyinunn : doux , tendre

massuhâ :  nom d’action du verbe « massa » (toucher) et « hâ » pronom suffixe renvoyant au serpent

as-samu : le poison, le venin,

an-nâqi‘u : participe actif de naqa‘a  (rassembler les parties (salive, poison..) et les accumuler dans un endroit) = le poison s’accumulant

jawf : intérieur, dedans : fî jawfihâ : en son intérieur

يَهْوِي إِلَيْهَا الْغِرُّ الْجَاهِلُ وَ يَحْذَرُهَا ذُو اللُّبِّ الْعَاقِلُ

Yahwî ilayhâ al-ghirru al-jâhilu wa yahdharuhâ dhû al-lubbi al-‘âqilu

L’influençable, l’ignorant s’en éprend alors que celui qui a l’intelligence, le raisonnable s’en méfie.

Yahwî ilayhâ : de « hawâ » ou « hawiya » (pencher vers le bas) d’où : s’éprendre de, désirer (vers le bas).

al-ghirru : de « gharra » (le fait d’arriver à un état d’insouciance, de distraction suite à l’influence de quelque chose. Parmi ses corollaires, l’ignorance, la tromperie, le manque) = inexpérimenté, facile à tromper,

al-jâhilu : du verbe « jahila » (ignorer)  = l’ignorant

yahdharuhâ : de « hadhira » (se mettre à l’abri, prendre garde, être sur ses gardes par peur de quelque chose) « hâ » renvoyant à « dunyâ » ; d’où : se méfier de

dhû : nom indiquant l’appartenance, possesseur de, ayant, sujet du verbe précédent

al-lubbi : l’idée fondamentale unique : la quintessence, la substance, le fond (pur) de qqch ; de là, la raison (pure de toutes confusions), le cœur intelligent, un niveau de l’esprit purifié.

al-‘âqilu :  participe actif de ‘aqala (distinguer le bien du mal dans le domaine matériel et moral, ensuite, la maîtrise de soi. Parmi ses corollaires la bonne compréhension, la bonne gestion.. lier, attacher.) = l’intelligent, le sensé, le raisonnable, celui qui a ou agit selon la raison, l’intelligence, l’esprit, le bon sens.

L’Imam(p) compare le monde ici-bas au serpent pour sa beauté apparente et sa laideur intérieure. Tout comme le serpent, elle trompe l’ignorant qui la saisit sans prendre garde au poison mortel qu’il contient. Et quand il s’en rend compte, le Jour du Jugement Dernier, il est trop tard..

Le Coran panacée

"Le Coran recèle un remède pour les plus grandes maladies comme l’incroyance, l’hypocrisie, l’erreur et l’égarement. Alors, utilisez-le pour solliciter Dieu et vous adresser à Lui en l’aimant et non pour demander quelque chose aux créatures car il n’y a rien de semblable pour s’adresser à Dieu Très-Elevé." du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, sermon n°169 (ou 177)

فَإِنَّ فِيهِ [الْقُرْآنِ] شِفَاءً مِنْ أَكْبَرِ الدَّاءِ وَ هُوَ الْكُفْرُ وَ النِّفَاقُ وَ الْغَيُّ وَ الضَّلَالُ

Fa-inna fîhi [al-Qurân] shifâ’unn min akbari-d-dâ’i wa huwa al-kufru wa-n-nifâqu wa-l-ghayyu wa-d-dalâlu

C’est qu’il y a dans [le Coran] une guérison des plus grandes maladies que sont l’incroyance, l’hypocrisie, l’erreur et l’égarement.

Fa-inna  : « fa » particule de coordination + « inna » pour mettre en évidence, insister, confirmer

fîhi : « fî » particule indiquant le lieu et « hi » pronom personnel suffixe renvoyant au Coran

shifâ’unn min : nom d’action du  verbe  « shafâ » (guérir) = guérison

akbar : de « kabîr » au superlatif = + grand

ad-dâ’i : du verbe « da’â » (être malade, souffrir) = maladie, douleur  

al-kufru : de « kafara » (repousser, éloigner, écarter, n’avoir aucune attention, et de ses effets, désavouer, recouvrir, cacher, dissimuler) =  selon l’Imam as-Sâdeq(p), il peut prendre 4 sens : le ‘refus de reconnaître’ ce que l’on sait (comme la Seigneurie divine), l’ingratitude, l’abandon de ce que Dieu a ordonné, le désaveu.

an-nifâq  : nom d’action de la 3ème forme dérivée de « nafaqa » (dépenser, faire circuler) = la dépense de façon limitée du fait de la contradiction entre les croyances affichées et les actes, l’hypocrisie.

al-ghayyu : de « ghawâ   » (se guider vers le mal et la corruption) = égarement, erreur, le fait de se laisser aller vers la corruption, le désordre

ad-dâlu  : de « dalla  » (l’absence de guidance, matérielle ou morale) =  l’égarement, (≠ la guidance)

فَاسْأَلُوا اللَّهَ بِهِ وَ تَوَجَّهُوا إِلَيْهِ بِحُبِّهِ وَ لَا تَسْأَلُوا بِهِ خَلْقَهُ إِنَّهُ مَا تَوَجَّهَ الْعِبَادُ إِلَى اللَّهِ تَعَالَى بِمِثْلِهِ

Fa-s’alû Allâha bihi wa tawajjahû ilayhi bi-hubbihi wa lâ tas’alû bihi khalqahu innahu mâ tawajjaha al-‘ibâdu ilâ-llâhi ta‘âlâ bi-mithlihi

Alors, demandez à Dieu par lui et adressez-vous à Lui en l’aimant ; ne demandez pas aux créatures par lui, car les serviteurs ne s’adressent à Dieu Très-Elevé avec rien de semblable

Fa-as’alû  : verbe « sa’ala » (demander, interroger) à l’impératif, 3ème personne du pluriel introduit par la particule « fa » indiquant la succession et la conséquence

bihi : « bi » particule indiquant le moyen et « hi » pronom personnel suffixe renvoyant au Coran

tawajjahû ilayhi : la 5ème forme dérivée de « wajaha » (orienter, prendre comme orientation)  = s’orienter, s’adresser  + « ilâ » vers, à (indiquant la direction) et « hi » pronom personnel suffixe 3ème p. du s. renvoyant à Dieu

bi-hubbihi : « hubb » = amour et « hi » pronom personnel suffixe renvoyant au Coran

lkhalqahu : nom du verbe « khalaqa » (créer d’une façon particulière) = création, créatures et « hu » pronom personnel suffixe renvoyant à Dieu

innahu : tournure du style indirect pour rappeler quelque chose lié au sujet dont on parle (ici le Coran)

mâ  : particule de négation

ta‘âlâ : nom de la 6ème forme dérivée de « ‘alâ » (l’élévation en soi (sans comparaison avec ce qui est plus bas)) = être très-élevé, bien au-dessus

bi-mithlihi  : de « mathala » (considérer comme totalement semblables deux choses en regard de certaines qualités) = ressemblance, image, semblable, comme, pareil

La mansuétude et la raison

"La mansuétude est un voile dissimulateur et la raison un sabre tranchant. Dissimule les défauts de ton caractère par ta mansuétude et combats tes passions par ta raison." du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°419 (ou n°433 ou 424)

الْحِلْمُ غِطَاءٌ سَاتِرٌ وَ الْعَقْلُ حُسَامٌ قَاطِعٌ

Al-hilmu ghitâ’unn sâtirunn wa al-‘aqlu husâmunn qâti‘unn

La mansuétude est un voile dissimulateur et la raison est un sabre tranchant.

al-hilmu :  de « haluma » (maîtriser son âme et sa nature (ou tempérament) des tempêtes de la colère et autres sentiments et arriver à un état de calme, de tranquillité, de patience, état que la personne a durant le sommeil) = la mansuétude.

ghitâ’unn :  du verbe « ghatâ » (= couvrir  quelque chose d’un voile, d’une couverture) = tout ce qui couvre, couverture, voile

sâtirunn  : du verbe « satara » (que quelque chose soit cachée, dissimulée sous quelque chose.) = qui cache, dissimule

husamunn : sabre tranchant

qâti‘unn : du verbe « qata‘a » (est la séparation absolue, la séparation entre les parties et la rupture des liens qu’ils soient matériels ou moraux, concrets ou intellectuels.) = qui tranche, sépare.

فَاسْتُرْ خَلَلَ خُلُقِكَ بِحِلْمِكَ وَ قَاتِلْ هَوَاكَ بِعَقْلِكَ

Fa-stur khalala khuluqika bi-hilmika wa qâtil hawâka bi-‘aqlika

Alors dissimule les défauts de ton caractère par ta mansuétude et combats tes passions avec ta raison.

Fa-stur bi :  de « satara » à l’impératif (voir) « bi » avec : dissimule …         avec/de

khalala : nom d’action de « khalla » (= être dérangé, offrir des vices, des défauts) = dérangement, vice, défaut

khuluqika : la nature, le naturel, disposition, caractère, « ka » pronom personnel suffixe à la 2ème p. du s.

qâtil : la 3ème forme dérivée du verbe « qatala » (faire disparaître la vie, tuer) avec l’idée d’effort en direction de quelqu’un ou de quelque chose = combattre

hawâka : vient de « hawâ » (pencher vers le bas.) ; de là  les penchants de l’âme vers les instincts/passions et les choses matérielles, vers le bas.

Dissimuler les défauts de sa nature par la mansuétude – sans toutefois permettre aux passions de prendre le dessus – en s’appuyant sur la raison qui détermine la voie juste, combat ces penchants et prend les commandes de l’âme.

Le temps

Le temps est inconstant : un jour il te sourit, un autre il te boude.

S’il te sourit, garde-toi de l’arrogance ! S’il te boude, prends patience !

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°394 (ou n°406 ou 386)

الدَّهْرُ يَوْمَانِ يَوْمٌ لَكَ وَ يَوْمٌ عَلَيْكَ

Ad-dahru yawmâni yawmunn laka wa yawmunn ‘alayka

Le temps a deux jours, un jour en ta faveur et un jour à ton encontre

Ad-dahru :  de « dahara » (ce qui passe comme temps avec ce qu’il y a comme êtres, avoir lieu, survenir, arriver à un moment à quelqu’un) = temps, sort

yawmân : « yawm » pour indiquer un jour, un laps de temps  et « ân » à la fin pour indiquer la dualité = deux jours

laka : « li » qui devient « la »  parce que devant le pronom suffixe « ka » = pour toi, en ta faveur

‘alayka : « ‘alâ » + le pronom suffixe « ka » = contre toi, à ton encontre, en ta défaveur

فَإِذَا كَانَ لَكَ فَلَا تَبْطَرْ  

Fa idhâ kâna laka fa-lâ tabtar

S’il est en ta faveur, alors ne sois pas arrogant !

fa : particule de coordination qui indique aussi la conséquence = alors

idhâ …. fa : « idhâ » particule qui exprime la condition, l’éventualité ; la réponse est introduite par « fa »

tabtar :  de  « batara » (= dépasser la limite et la pondération dans les émotions de joie, de gaieté, de sentiment de supériorité, d’orgueil) à l’impératif = se livrer à une joie excessive, être pétulant, insolent, oublier de remercier (Dieu) pour ses bienfaits et même nier ces bienfaits.

وَ إِذَا كَانَ عَلَيْكَ فَاصْبِرْ

Wa idhâ kâna ‘alayka fa-sbir

Et s’il est à ton encontre, alors prends patience !

Asbir :  de « sabara » (protéger l’âme des troubles émotionnels, de l’angoisse par le calme et la tranquillité ) à l’impératif , d’où = patienter, prendre patience, endurer

Sagesse grandiose qui met en évidence une des règles qui régissent ce monde éphémère. Face à cet état de chose, notre comportement est déterminant. Soit nous réussissons à l’examen divin, soit nous échouons. En suivant les conseils du Prince des croyants(p), nous pouvons remporter la grande victoire.

Ne suppose pas une mauvaise interprétation d’un propos

tant que tu peux en trouver une bonne.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°359 (ou n°360 ou 366)

لَا تَظُنَّنَّ بِكَلِمَةٍ خَرَجَتْ مِنْ أَحَدٍ سُوءاً وَ أَنْتَ تَجِدُ لَهَا فِي الْخَيْرِ مُحْتَمَلًا

Lâ tazhunnanna bi-kalimatinn kharajat min ahadinn sû’ann wa anta tajidu lahâ fî-l-khayri muhtamilann

Ne pense pas mal d’un propos qui est sorti de quelqu’un tant que tu lui trouves une bonne supposition

Lâ tazhunnanna bi :  de « zhanna » (une supposition, une présomption, une conjecture, une conviction faible, sans fondement certain) = supposer, imaginer, présumer, conjecturer, croire, penser. Le « nna » ajouté à la fin pour confirmer et insister.

Kalimatinn : une parole, mot, propos, complément de « tazhunnanna » introduit par la particule « bi ».

Kharajat min :  verbe « kharaja » au passé à la 3ème p. f. s., le sujet sous-entendu renvoyant à « kalimat », = est sorti de

Sû’ann : de « sû’ » terminant avec « ann » pour préciser l’état dans lequel le sujet fait l’action = en mal

Tajidu : de « wajada » (trouver quelque chose qui est arrivé, matériel ou morale) au présent 2ème p.s.= tu trouves

Fî-l-khayri : en bien

muhtamalann : de la 8ème forme dérivée de « hamala » (dont l’idée fondamentale unique est : porter, de façon générale) = être possible, probable, plausible

Même si une parole est apparemment mauvaise ou méchante, on ne doit pas la considérer  telle quelle tant que l’on peut supposer un bon aspect. En cela résident  le repos, la détente des gens, l’établissement et le maintien de bonnes relations entre eux.

Parce que la supposition ou la conjecture n’a pas de fondement sûr et tranché, son suivi est blâmable et blâmé, voire interdit, même si elle peut avérer être conforme à la réalité par la suite

Dans un autre propos, il est dit que l’on doit considérer soixante dix hypothèses, avant de statuer sur un croyant, quelle qu’en soit l’apparence.

Un des sens de l’épreuve

Dieu met à l’épreuve celui qui agit mal, en le privant des fruits [de ses efforts],  

en retenant les bénédictions et en fermant les coffres des bienfaits, pour lui permettre de se repentir, de renoncer, de se rappeler [Dieu] et de se réprimander.  

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°136 (ou 143)

إِنَّ اللَّهَ يَبْتَلِي عِبَادَهُ عِنْدَ الْأَعْمَالِ السَّيِّئَةِ

Inna-llâha yabtalî ‘ibâdahu ‘inda-l-a‘mâli as-sayyi’ati

Certes, Dieu met à l’épreuve Ses serviteurs lors de mauvaises actions,

Inna :  particule de confirmation, de certification, de confirmation = certainement, en vérité, certes

yabtalî bi:  8ème forme dérivée du verbe « balâ » (la survenue des transformations pour atteindre des résultats attendus) = mettre à l’épreuve, éprouver

‘inda : particule indiquant le moment = au moment de, lors

al-a‘amâli : pluriel de « ‘amal » : les actes, actions

بِنَقْصِ الثَّمَرَاتِ وَ حَبْسِ الْبَرَكَاتِ وَ إِغْلَاقِ خَزَائِنِ الْخَيْرَاتِ

bi-naqsi-th-thamarâti wa habsi-l-barakâti wa ighlâqi khazâ’ini-l-khayrâti

par le manque de fruits, la  retenue des bénédictions et la fermeture des coffres des bienfaits,

bi-naqsi : nom du verbe « naqasa » (ce qui empêche d’être complet, le manque pouvant être quantitatif, qualitatif, physique ou moral) = diminution, décroissance, perte, manque

ath-thamarâti : pluriel du nom de l’unité « thamarat » (un fruit) = les fruits (des efforts, des arbres..)

habsi :  nom du verbe « habasa » (arrêter dans un endroit, empêcher la diffusion, retenir, contenir, arrêter, empêcher..) = retenue, rétention, prison

al-barakâti : les bénédictions

ighlâqi : nom de la 4ème forme dérivée du verbe « ghalaqa » (fermer) = le fait de fermer, la fermeture

khazâ’ini : pluriel interne du mot « khizânat » du verbe « khazana » (serrer, garder, conserver dans un magasin, armoire..) = les coffres, les armoires, les trésors, les dépôts.

al-khayrâti : pluriel du mot « khayrat » du verbe « khâra » (obtenir quelque chose de bon) = les bonnes choses, les bonnes actions

لِيَتُوبَ تَائِبٌ وَ يُقْلِعَ مُقْلِعٌ وَ يَتَذَكَّرَ مُتَذَكِّرٌ وَ يَزْدَجِرَ مُزْدَجِرٌ

li-yatûba tâ’ibunn wa yuqli‘a muqli‘unn wa yatadhakkara mutadhakkirunn wa yazdajira muzdajirunn

pour que celui qui se repent se repente, celui qui renonce renonce, celui qui se rappelle se rappelle et celui qui se réprimande se réprimande.

li- :  suivi d’un verbe au présent avec « a » à la fin (« mansûb ») indiquant le but, l’objectif,

yatûba tâ’ibunn : du verbe « tâba » au présent avec « a » à la fin (« mansûb ») ; et « tâ’ibunn » indéter-miné indique n’importe quelle personne qui a  fait l’action.

yaqli‘a muqli‘unn : verbe « qala‘a » (arracher, ôter, cesser, s’écarter de, au présent avec « a » à la fin (« mansûb »))  et « muqli‘unn » celui qui fait l’action de cesser

yatadhakkara mutadhakkirunn : 5ème forme dérivée du verbe « dhakara » (rappeler) indiquant la répétition ou l’intensité avec un sens réfléchi-passif = se rappeler

yazdajira muzdajirunn  :  8ème forme dérivée du verbe « zajara » (empêcher un acte par l’intermédiaire de la parole et de la preuve)  donnant un sens réfléchi-passif = s’abstenir, se réprimander et s’éloigner, chasser à force de crier (contre soi-même).

Ô vous les gens ! La vie en ce monde est la demeure d’un passage,et l’Au-delà celle d’une stabilité ! Alors prenez de votre passage pour votre lieu de séjour fixe.

 du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Propos n°203

أَيُّهَا النَّاسُ، إِنَّمَا الدُّنْيَا دارُ مَجَازٍ، وَالاْخِرَةُ دَارُ قَرَارٍ،

Ayyuhâ an-nâsu, innamâ ad-dunyâ dâru majâzinn wa al-akhiratu dâru qarârinn

Ô vous les gens, c’est que la vie en ce monde est la demeure d’un passage et l’Au-delà celle d’un séjour fixe !

Ayyuhâ :  particule d’interpellation suivie d’un nom précédé d’un article se terminant par « ou »

innamâ : locution pour marquer l’opposition ou l’exclusivité = plutôt, mais, c’est que

ad-dunyâ : nom tiré du verbe  « danâ » (être proche, près, bas, au plus bas) = le monde ici-bas

dâru : demeure

majâzinn : nom dérivé du verbe « jâz » (passer, traverser, franchir de façon particulière) = chemin, passage

al-âkhiratu : le dernier, l’extrême, fin = l’Au-delà

qarârinn : nom d’action du verbe « qarr » (rester, demeurer, établir fermement, persévérer) = séjour fixe, stabilité

فَخُذُوا مِنْ مَمَرِّكُمْ لِمَقَرِّكُمْ،

Fa-khudhû min mamarrikum li-maqarrikum

Alors prenez de votre passage pour votre lieu de séjour fixe

fa- :  particule de coordination

khudhû min : du verbe « akhadha » (prendre qqch pour soi de..) à l’impératif 2ème p.pl.

mamarrikum : nom dérivé du verbe « marra » (passer) = lieu de passage, passage

li- : pour, en faveur de

maqarrikum : nom dérivé du verbe « qarr » = lieu de séjour fixe avec le pronom personnel suffixe « kum » = votre lieu de séjour fixe

La vie en ce monde est éphémère, sans stabilité ni permanence alors que l’Au-delà est éternel, immuable. Le monde ici-bas n’est qu’un passage où l’on prend ses provisions pour l’Au-delà. Aussi, au lieu de se laisser séduire par ses vitrines alléchantes, il serait préférable à l’homme de penser à ce qui lui serait profitable dans sa dernière demeure : les bonnes actions qui  ne se trouvent que dans la boutique de ce monde. Après, il sera trop tard pour les acquérir.

Etudiez le Coran [car il est le meilleur des propos ;

Comprenez-le bien] car il est le printemps des cœurs ;

soignez-vous de sa lumière car il est guérison des poitrines ;

et faites bien attention à sa lecture

car il est la plus intéressante des narrations !

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°110

وَتَعَلَّمُوا الْقرْآن [فَإِنَّهُ أَحْسَنُ الْحَدِيثِ،

Wa ta‘allamû-l-qurâna [fa-innahu ahsanu al-hadîthi,

Etudiez le Coran [car il est le meilleur des propos ;

ta‘allamû : 5ème forme dérivée (sens réfléchi avec intensité) du verbe «‘alima » (savoir) = apprendre

fa-inna : « fa » particule de coordination + « inna » pour mettre en évidence, insister, confirmer + pronom suffixe « hu » revenant au Coran

ahsanu : superlatif de « hasan » (beau, bon) = le plus beau, le meilleur

al-hadîth : nom du verbe « hadatha » (apparaître tout récemment, advenir) = nouveau, propos

وَتَفَقَّهُوا فِيهِ] فَإِنَّهُ رَبِيعُ الْقُلُوبِ،

wa tafaqqahû fîhi] fa-innahu rabî‘u-l-qulûbi,

comprenez-le bien], car il est le printemps des cœurs ;

tafaqqahû : 5ème forme dérivée de « faqaha » (comprendre avec précision et réflexion) = étudier, comprendre avec précision et réflexion

rabî‘u : le printemps

al-qulûb : pluriel de « qalb » = des cœurs

وَاسْتَشْفُوا بِنُورِهِ فَإِنَّهُ شِفَاءُ الصُّدُورِ،  

wa-stashfû bi-nûrihi fa-innahu shifâ’u-s-sudûri

soignez-vous de sa lumière car il est guérison des poitrines ;

wa-stashfû bi : 10ème forme dérivée de « shafâ » (guérir) = demander, rechercher la guérison

nûrihi : lumière + le pronom suffixe « hi »3ème p.s. renvoyant au Coran

shifâ’u : nom d’action du verbe « shafâ » (guérir) = guérison

as-sudûr : pluriel de « sadr » = des poitrines

وَأَحْسِنُوا تِلاَوَتَهُ فَإِنَّهُ أَنْفَعُ الْقَصَصِ.

wa ahsinû tilâwatahu fa-innahu anfa‘u-l-qasasi

et rendez bonne sa lecture car il est la plus intéressante des narrations !

ahsinû :  4ème forme dérivée de  « hasana » (être beau, bon) = rendre bien, bon, beau

tilâwatahu : nom d’action de « talâ » (suivre, (de là) lire) = lecture (avec pensée et méditation)

anfa‘u : superlatif de « nafa‘a » (utile, avantageux, profitable) = le plus utile, avantageux, profitable

al-qasasi : nom du verbe « qassa » (raconter, narrer) = narration, récit, histoire,

Louange à Dieu le Connu sans être vu :

Le Créateur sans réflexion,

Qui n’a jamais cessé d’Être, Permanent

alors qu’il n’y a aucun ciel avec des tours

ni voiles avec un verrouillage,

ni nuit obscure, ni mer tranquille.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°89 (ou n°90)

[الْحَمْدُ للهِ] الْمَعْرُوفِ مِنْ غَيْرِ رُؤْيَةٍ، الْخَالِقِ مِنْ غَيْرِ رَوِيَّةٍ،

Al-hamdu li-llâhi al-ma‘rûfi min ghayri ru’yatinn, al-khâliqi min ghayri rawiyyatinn

Louange à Dieu qui est connu sans être vu, le Créateur sans examen attentif [préliminaire],

al-hamdu :  la louange véritable (qui ne revient qu’à Dieu)

al-ma‘rûf : participe passé  « ‘arafa » (connaître qqch avec ses particularités et ses effets.) = le connu

min ghayri : « ghayr » (autre) précédé de  « min » (préposition de) = sans

ru’yatinn : nom d’action du verbe « ra’â » (voir, apercevoir) = vue, vision

al-khâliq : participe actif du verbe « khalaqa » (créer d’une façon particulière) = celui qui crée, le créateur

rawiyyatinn : nom d’action du verbe « rawâ » (attacher, réfléchir) = examen attentif, réflexion

الَّذِي لَمْ يَزَلْ قَائِماً دَائِماً; إِذْ لاَ سَمَاءٌ ذَاتُ أَبْرَاجٍ، وَلاَ حُجُبٌ ذَاتُ إِرْتَاجٍ، وَلاَ لَيْلٌ دَاجٍ، وَلاَ بَحْرٌ سَاجٍ،

al-ladhî lam yazal qâ’imann dâ’imann, idh lâ samâ’unn dhâtu abrâjinn, wa lâ hujubunn dhâtu irtâjinn wa laylunn dâjinn wa lâ bahrunn sâjinn

qui n’a jamais cessé d’Être Debout, Permanent, alors qu’il n’y pas de ciel avec des tours, ni de voiles ayant un verrouillage, ni de nuit obscure, ni de mer tranquille.

lam yazal :  « zâla » (cesser d’être) + la négation « lam » = Il n’a jamais cessé d’être

qâ’imann : du verbe « qâma » (se lever, se dresser) = se dressant, étant debout, constant, inébranlable

dâ’imann : du verbe « dâma » (durer, continuer d’exister) =  permanent, continuel

idh : alors que

lâ samâ’unn : pas de ciel

dhâtu : particule indiquant la possession, f.s.

abrâjinn : pluriel de « burj » = tours, bastions

hujubunn : pluriel de « hijâb » = voiles, rideaux (tout ce qui cache)

irtâjinn : nom d’action de la 4ème forme du verbe de « rataja » (fermer, barrer) = fermeture, verrouillage

laylunn :  une nuit

dâjinn:  (« ad-dâjî ») = sombre, obscur, noir, ténébreux, voilé

bahrunn : une mer

sâjinn : (« as-sâjî ») = calme, tranquille, silencieux, paisible

Le propos commence par la louange de Dieu et le rappel de certains Attributs de Majesté et de Beauté. Il Est alors que le ciel et les voiles n’existaient pas. Contrairement aux humains qui ont besoin de planifier avant de fabriquer quelque chose, Dieu a créé le monde sans examen attentif préliminaire. Il Est perpétuellement, depuis toujours, éternellement.

Quatre choses données

Celui à qui ont été données quatre [choses] n’est pas privé de quatre [choses]:

Celui à qui a été donnée l’invocation, n’est pas privé de l’exaucement;

Celui à qui a été donné le repentir, n’est pas privé de l’acceptation;

Celui à qui a été donnée la demande de pardon, n’est pas privé du pardon;

Celui à qui a été donné le remerciement, n’est pas privé de l’augmentation.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°130 (ou n°135) p806

مَنْ أُعْطِيَ أَرْبعاً لَمْ يُحْرَمْ أَرْبَعاً:

Man u‘tiya arba‘ann lam yuhram arba‘ann

Celui à qui ont été données quatre [choses] n’est pas privé de quatre [choses] :

man :  pronom relatif indéfini pour les personnes = qui, celui qui, ceux qui (ou à qui..)

u‘tiya : 4ème forme dérivée du verbe « atâ » (prendre de la main, donner) au passé à la forme passive (« majhûl » ou ‘inconnu’) = donner, accorder, faire don de quelque chose à quelqu’un

arba‘ann : = quatre se terminant par « ann » parce qu’indéterminé et complément du verbe

lam yuhram : verbe « harama » (interdire, priver) au présent avec un « silence » à la fin (majzûm) du fait de la négation du passé « lam » = n’est pas privé

مَنْ أُعْطِيَ الدُّعَاءَ لَمْ يُحْرَمِ الاِْجَابَةَ،

man u‘tiya ad-du‘â’a lam yuhram al-ijâbata

celui à qui a été donnée l’invocation, n’est pas privé de l’exaucement ;

ad- du‘â’a : nom d’action du verbe « dâ‘a » (invoquer, prier) = l’invocation, la prière

al-ijâbata : nom d’action de la 4ème forme dérivée du verbe « jâba » (fendre, déchirer, répliquer) = répondre (favorablement), répliquer, agréer, exaucer

وَمَنْ أُعْطِيَ التَّوْبَةَ لَمْ يُحْرَمِ الْقَبُولَ،

wa man u‘tiya at-tawbata lam yuhram al-qabûla

celui à qui a été donné le repentir, n’est pas privé de l’acceptation ;

at-tawbata : nom d’action du verbe « tâba » (revenir, se repentir) = le retour (à Dieu), le repentir

al-qabûla : nom d’action du verbe « qabila » (accepter) = l’acceptation, consentement, assentiment

وَمَنْ أُعْطِيَ الاِْسْتِغْفَارَ لَمْ يُحْرَمِ الْمَغْفِرَةَ،

wa man u‘tiya al-istighfâra lam yuhrami-l-maghfirata

celui à qui a été donnée la demande de pardon, n’est pas privé du pardon ;

al-istighfâra :  nom d’action de la 10ème forme dérivée du verbe « ghafara » (effacer les traces, conséquences de qqch ; pardonner) = demander pardon

al-maghfirata : nom d’action du verbe « ghafara » = le pardon, l’indulgence

وَمَنْ أُعْطِيَ الشُّكْرَ لَمْ يُحْرَمِ الزِّيَادَةَ.

wa man u‘tiya ash-shukra lam yuhrami-z-ziyâdata

celui à qui a été donné le remerciement, n’est pas privé de l’augmentation.

ash-shukra :  nom du verbe « shakara » (remercier) = remerciement, reconnaissance, gratitude

az-ziyâdata : nom du verbe « zâda » (augmenter, accroître) = augmentation, accroissement, abondance, majoration, intensification

Dieu ne nous a pas donné l’invocation, le repentir, la demande de pardon et le remerciement pour nous priver de l’exaucement, de l’acceptation, du pardon, de l’augmentation. Aussi, si, grâce à la « réussite » ( tawfîq ) de Dieu, nous L’invoquons, revenons à Lui, Lui demandons pardon, Le remercions, en toute sincérité, Il nous accordera sûrement l’exaucement, l’acceptation, le pardon, l’augmentation.

Faites la prière au moment fixé pour elle ! Ne l’avancez pas avant son temps parce que désœuvré, ni ne la retardez après son temps parce qu’occupé  !

Sachez que chacune de vos actions suit votre prière !

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, ‘Ahad n°27 p603 (ou p617)

صَلِّ الصَّلاَةَ لِوَقْتِهَا الْمُوَقَّتِ لَهَا،  

Salli as-salâta li-waqtihâ al-muwaqqati lahâ

Fais la prière au moment fixé pour elle

salli :  2ème forme (indiquant la répétition ou l’intensité) du verbe « salâ » à l’impératif = prie, fais la prière

as-sallât : nom du verbe « sallâ » = la prière

li - : pour, à

waqtihâ : nom d’action du verbe « waqata » (fixer, déterminer l’heure, le moment) = le temps, le moment  et le pronom suffixe « hâ » (3ème p.f.s.) se rapportant à la prière

muwaqqati : participe passif de la 2ème forme  dérivée de « waqata » = fixé, indiqué

la-hâ : « li » qui devient « la »  devant un pronom suffixe « hâ » = pour elle, en sa faveur

وَلاَ تُعَجِّلْ وَقْتَهَا لِفَرَاغٍ، وَلاَ تُؤْخِّرْهَا عَنْ وَقْتِهَا ِلاشْتِغَالٍ،  

Wa lâ tu‘ajjil waqtahâ li-farâghinn wa lâ tu’khkhirhâ ‘an waqtihâ li-ishtighâlinn

Ne l’avance pas avant son temps parce que désœuvré, ni ne la retarde après son temps parce qu’occupé  !

Tu‘ajjil :  2ème forme dérivée du verbe de « ‘ajala » (se hâter, s’empresser) à l’impératif = anticiper, avancer

farâghinn : nom d’action de « farigha» (être versé, couler, être vidé) = vide, désœuvré, oisif, avoir du temps libre

Tu’khkhir ‘an :  2ème forme dérivée de « akharunn » (autre) à l’impératif = tarder, retarder, remettre à plus tard

ishtighâlinn : nom d’action de la 8ème forme dérivée de « shaghala » (occuper) = Etre occupé de/par, occupation

وَاعْلَمْ أَنَّ كُلَّ شَيْء مِنْ عَمَلِكَ تَبَعٌ لِصَلاَتِكَ.

Wa-‘lam anna kulla shay’inn min ‘amalika taba‘unn li-salâtika

Sache que toute chose de tes actions suit ta prière !

a‘lam :  de «‘alima » (savoir) à l’impératif = sache

anna : après « a‘lam » pour introduire une complétive, le nom qui suit devant se terminer par « a » (« mansûb »)

kulla shay’inn min : toute chose de

‘amalika :  nom d’action du verbe « ‘amala » (travailler) avec un pronom suffixe « ka » = ton  acte, ton action

taba‘unn li : nom du verbe « tabi‘a » (suivre) = qui suit qqun, qqch, vient derrière, après, lui obéit

Une invitation à porter une  attention particulière à la prière, notamment au respect du moment de la faire, car c’est de l’acceptation de la prière que dépend l’acceptation des autres actes. Si elle n’est pas acceptée, les autres actes ne le sont pas. Sans prière, ils deviennent vains, nuls, même pas regardés !

Savoir et agir et non agir sans savoir

Celui qui agit sans savoir

est comme celui qui marche en dehors du chemin.

Son éloignement du chemin clair

ne fait qu’augmenter l’éloignement [de la satisfaction] de son besoin.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, kalam n°154

فَإِنَّ الْعَامِلَ بِغَيْرِ عِلْمٍ كَالسَّائِرِ عَلَى غيْرِ طَرِيقٍ،

Fa-inna al-‘âmila bi-ghayri ‘ilminn ka-s-sâ’iri ‘alâ ghayri  tarîqinn

Celui qui agit sans savoir est comme celui qui marche en dehors du chemin

al-‘âmila :  participe actif de « ‘amala » = qui agit, fait

bi-ghayri : « ghayr » (autre) précédé de  « bi » (préposition « de ») = sans

‘ilminn : nom du verbe « ‘alima » = savoir

ka : particule de comparaison : comme

as-sâ’iri: participe actif de « sâra » (marcher , aller) = qui marche, va, voyage

‘alâ : sur, dessus, au-dessus

ghayri tarîqinn : autre qu’un chemin

فَلاَ يَزِيدُهُ بُعْدُهُ عَنِ الطَّرِيقِ الْوَاضِحِ إِلاَّ بُعْداً مِنْ حَاجَتِهِ،

Fa-lâ yazîduhu bu‘duhu ‘ani-t-tarîqi al-wâdihi illâ bu‘dann min hâjatihi

Son éloignement du chemin clair ne fait qu’augmenter l’éloignement de son besoin.

Lâ … illâ : particules de négation et de restriction = ne … que

Yazîduhu :  de « zâda » (augmenter, accroître) = augmente ; le pronom suffixe « hu » pour lui

bu‘duhu : nom d’action du verbe « ba‘ida » (être éloigné) = éloignement, distance

‘ani : particule qui marque l’éloignement, la séparation ou le détachement

al-wâdihi : participe actif de « wadaha » (être manifeste, clair, évident) = clair, évident, manifeste

min : particule qui indique la provenance ou la matière, l’origine

hâjati-hi : nom dérivé du verbe « hâja » (avoir besoin de) = besoin, nécessité ; le pronom suffixe « hi » renvoyant à propos duquel on parle.

Le Coran

Le Coran est d’une jolie apparence et d’une très grande profondeur.

Ses prodiges sont impérissables et ses étrangetés infinies.

Les ténèbres ne se dissipent que par lui.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°17 (ou n°18)

وَإِنَّ القُرآنَ ظَاهِرُهُ أَنِيقٌ، وَبَاطِنُهُ عَمِيقٌ،  

Wa inna-l-qurâna zhâhiruhu anîqunn wa bâtinuhu ‘amîqunn

Le Coran a une jolie apparence et un intérieur profond.

zhâhiru-hu :  de « zhahara » (paraître, apparaître) = apparence et « hu » un pronom suffixe m.s. renvoyant au Coran

anîqunn : joli, élégant, éloquent

bâtinu : de « batana » (entrer à l’intérieur, profondeur) =  intérieur

‘amîqunn : de « ‘amiqa » ou « ‘amuqa » (achever vers le bas, enfoncer, approfondir ) = profond

لاَ تَفْنَى عَجَائِبُهُ، وَلاَتَنْقَضِي غَرَائِبُهُ، وَلاَ تُكْشَفُ الظُّلُمَاتُ إلاَّ بِهِ.

Lâ tafnâ ‘ajâ’ibuhu wa lâ tanqadî gharâ’ibuhu, wa lâ tukshafu azh-zhulumâtu illâ bihi

Ses prodiges sont impérissables et ses étrangetés incessantes, les ténèbres ne se dissipent que par lui.

tafnâ :  de « fanâ » (disparition de particularités avant la néantisation totale) = disparaître, être périssable

‘ajâ’ibu : pluriel de « ‘ajîbat » venant du verbe «‘ajiba » (Etre étonné, saisi d’étonnement) = choses étonnantes, merveilles

tanqadî : 7ème forme dérivée du verbe « qadâ » (achever une parole, un acte) (lui donnant un réfléchi passif) = se finir, cesser

gharâ’ibu : pluriel de « gharîbat » venant du verbe « gharaba » (s’éloigner, partir, disparaître – puis, par extension, en dehors de ce qui est connu ou compris) = chose extraordinaire, inouïe, étrange

lâ … illâ : particules de négation et de restriction = ne … que

tukshafu : forme passive (« majhûl ») du verbe « kashafa » (découvrir pour  faire apparaître l’intérieur, d’un point de vue moral ou matériel) =  se dissiper

bihi : « bi » par et « hi » pronom suffixe « hu » devenu « hi » parce que précédé par « bi » renvoyant au Coran.

Chaque fois que l’homme découvre quelque chose de grandiose dans le Coran, il en découvre d’autres, tant son intérieur est très profond. Il combat toutes les ténèbres du doute, des ambiguïtés et fait  apparaître les lumières de la Vérité.

La Sagesse

Prends la sagesse partout où elle se trouve !

Car la sagesse, dans la poitrine de l’hypocrite,

se retourne jusqu’à sortir vers ses détenants

et se loger dans la poitrine des croyants !

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°74 (ou n°79)

خُذِ الْحِكْمَةَ أَنَّى كَانَتْ، فَإِنَّ الْحِكْمَةَ تَكُونُ في صَدْرِ الْمُنَافِقِ  

Khudhi-l-hikmata annâ kânat fa-inna al-hikmata takûnu fî sadri-l-munâfiqi

Prends la sagesse partout où elle se trouve, car elle peut être dans la poitrine de l’hypocrite ;

khudh :  de « akhadha » (prendre qqch pour soi) à l’impératif, 2ème p. m. s. = prends

al-hikmata : nom du verbe « hakama » (prononcer un juste jugement certain) = la sagesse

annâ : où que , partout où, de quelque manière que, de quel côté

fa-inna : « fa » particule de coordination + « inna » pour mettre en évidence, insister, confirmer, suivi d’un nom se terminant avec un « a » (mansûb)

sadr : poitrine

al-munâfiqi : participe actif du verbe « nafaqa » (dépenser, faire circuler) = hypocrite

فَتَتَلَجْلَجُ فِي صَدْرِهِ حَتَّى تَخْرُجَ فَتَسْكُنَ إِلَى صَوَاحِبِهَا فِي صَدْرِ الْمُؤْمِنِ.

Fa-tatalajlaju fî sadrihi hattâ takhruja fa-taskuna ilâ sawâhibihâ fî sadri-l-mu’mini

alors elle se retourne dans sa poitrine jusqu’à ce qu’elle sorte et qu’elle se stabilise vers ses détenants dans la poitrine du croyant.

tatalajlaju :  2ème forme dérivée de « lajlaja » (retourner ds la bouche) = se retourne

hattâ : particule de but, suivi d’un verbe au présent se terminant avec un « a » (« mansûb ») = jusqu’à ce que

fa-taskuna : verbe « sakana » (se stabiliser) au présent se terminant avec un « a » (« mansûb »)

ilâ : particule de lieu indiquant une direction

sawâhibi-hâ : pluriel de « sâhibat » (compagne, amie) du verbe « sahaba » (accompagner, fréquenter) et « hâ », pronom personnel suffixe renvoyant à la sagesse = ses compagnes

al-mu’mini : nom du verbe « ‘amana » (Avoir confiance en qqun, se fier à qqun, croire en) = le croyant

La sagesse peut exister dans le cœur d’un hypocrite, mais elle n’y reste pas, parce ne lui convenant pas, alors qu’elle se stabilise dans le cœur du croyant.

Le monde ici-bas

C’est que la vie en ce monde est la limite extrême de la vue de l’aveugle ! Il ne voit rien de ce qu’il y a derrière elle.

Alors que le regard du clairvoyant la transperce et il sait que la demeure est derrière elle.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°133

وَإِنَّمَا الدُّنْيَا مُنْتَهَى بَصَرِ الاَْعْمَى، لاَ يُبْصِرُ مِمَّا وَرَاءَهَا شَيئاً،  

Innamâ ad-dunyâ muntahâ basari-l-a‘mâ, lâ yubsiru mimmâ warâ’ahâ shay’ann

C’est que la vie en ce monde est la limite extrême de la vue de l’aveugle, il ne voit rien de ce qu’il y a derrière elle.

wa innamâ : « inna » + « mâ » = pour marquer l’exclusivité  = plutôt, mais, c’est que

ad-dunyâ : nom tiré du verbe  « danâ » (être proche, près, bas, au plus bas) = le monde ici-bas

muntahâ : nom tiré de la 8ème forme dérivée du verbe « nahâ » (la demande d’abandonner qqch) = fin terme, dernière extrémité

basari : nom d’action du verbe « basara » (voir clair, comprendre) = vue, regard

al-a‘mâ : de « ‘amâ » (être privé du regard de l’œil ou du cœur) = l’aveugle

yubsiru : 4ème forme dérivée du verbe « basara » =

mimmâ : = « min » (préposition partitive) + « mâ » relatif indéfini = de ce que

warâ’ahâ : = derrière + le pronom suffixe « hâ » renvoyant à la vie en ce monde

وَالْبَصِيرُ يَنْفُذُهَا  بَصَرُهُ، وَيَعْلَمُ أَنَّ الدَّارَ وَرَاءَهَا،

Wa-l-basîru yanfudhuhâ basaruhu wa ya‘lamu anna ad-dâra warâ’ahâ

Alors que pour le clairvoyant, son regard la transperce et il sait que la demeure est derrière elle.

Al-basîru :  participe actif de « basara » = le clairvoyant

yanfudhuhâ : de « nafadha » = pénétrer, passer à travers, transpercer,  le sujet étant « basaruhu »  le regard du clairvoyant et le pronom suffixe « hâ » renvoyant à « ad-dunyâ » (le monde ici-bas)

ya‘lamu an : verbe « ‘alima » au présent 3ème p.m.s. renvoyant au « clairvoyant » = il sait que

ad-dâra : = la demeure, avec un « a » à la fin parce que précédée par  « anna »

warâ’ahâ : = derrière + le pronom suffixe « hâ » renvoyant à « ad-dunyâ » (le monde ici-bas)

L’aveugle (du cœur) ne voit pas plus loin que la vie en ce monde et ne voit pas l’Au-delà. Aussi passe-t-il tout son temps préoccupé par ce monde ici-bas, alors que le clairvoyant voit derrière ce monde et sait que c’est là sa vraie demeure pour laquelle il doit se préparer en ce monde. Le Prince des croyants dit par ailleurs : «  Le monde d’ici-bas éclaire celui qui regarde par lui et aveugle celui qui le regarde. »

L’Islam

Louange à Dieu qui a établi clairement l’Islam, qui en a alors facilité les voies droites pour celui qui y arrive, et a rendu puissants les piliers à l’encontre de celui qu’il a vaincu ! Il l’a alors rendu une sécurité pour celui qui s’y est accroché, un salut pour celui qui y est entré,et une preuve évidente pour celui qui parle par lui.

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°106 (ou n°105)

الْحَمْدُ للهِ الَّذِي شَرَعَ الاِْسْلاَمَ فَسَهَّلَ شَرَائِعَهُ لِمَنْ وَرَدَهُ، وَأَعَزَّ أَرْكَانَهُ عَلَى مَنْ غَالَبَهُ،  

Al-hamdu-li-llâhi al-ladhî shara‘a al-islâma fa-sahhala sharâ’i‘ahu li-man waradahu, wa a‘azza arkânahu ‘alâ man ghâlabahu,

Louange à Dieu qui a établi l’Islam, qui a alors facilité ses voies droites pour celui qui y arrive et a rendu puissants ses piliers à l’encontre de celui qu’il a vaincu.

al-hamdu :  la louange véritable (qui ne revient qu’à Dieu)

shara‘a : tracer un chemin clair, matériellement ou moralement (d’où établir une loi, un code)

sahhala :  2ème forme dérivée du verbe « sahala » (faciliter) = aplanir, rendre facile, faciliter

sharâ’i‘a-hu : pluriel de  « sharî‘at »+ le pronom suffixe « hu » renvoyant à l’islam = ses lignes droites, chemins percés droits et frayés

warada : dernière approche avant d’entrer, arriver à

a‘azza : 4ème forme dérivée du verbe « ‘azza » (être puissant, supérieur, glorieux)  = rendre puissant, fort, glorieux

arkâna-hu : pluriel de « ruknunn » du verbe « rakana » (s’incliner pour s’appuyer sur qqch) + le pronom suffixe « hu » = ses côtés les plus solides,  ses appuis, soutiens, colonnes, piliers

ghâlaba : 3ème forme dérivée du verbe « ghalaba » (vaincre, l’emporter sur) = a vaincu

فَجَعَلَهُ أَمْناً لِمَنْ عَلِقَهُ، وَسِلْماً لِمَنْ دَخَلَهُ، وَبُرْهَاناً لِمَنْ تَكَلَّمَ بِهِ،

Fa-ja‘alahu amnann li-man ‘aliqahu wa silmann li-man dakhalahu, wa burhânann li-man takallama bihi

Il l’a alors rendu une sécurité pour celui qui s’y est accroché, une paix pour celui qui y est entré et une preuve évidente pour celui qui parle par lui.

amnann : nom du verbe « amina » (être en sûreté, en confiance) = sécurité, sûreté

‘aliqahu : s’accrocher à et « hu » pronom suffixe 3ème p.m.s. renvoyant à l’Islam

silmann : nom du verbe « salama » (être en profond accord entre l’apparence et à l’intérieur, en paix) = paix, calme, placidité, sérénité

li-man : « li » suivi du pronom relatif « man » = pour qui

dakhala-hu : entrer, pénétrer  à et « hu » pronom suffixe 3ème p.m.s. renvoyant à l’Islam

burhânann : nom du verbe « barhana » (démontrer, prouver, appuyer par des arguments) = un ordre, une preuve, un argument irréfutable, sans doute ni ombre

takallama bihi : 5ème forme dérivée de « kalimat » (mot, parole) = parler, dire de/par

L’Islam est facile d’accès et d’application, solide, fondé sur des arguments clairs, irréfutables, authentiques. Il est paix en ce monde et sécurité contre les châtiments dans l’Au-delà.

Le jihâd

Le jihâd est une des portes du Paradis

que Dieu a ouverte pour les particuliers de Ses Proches-Elus.

Il est l’habit de la piété, la solide cotte de mailles de Dieu

et son armure sûre

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Sermon n°27

فَإِنَّ الجِهَادَ بَابٌ مِنْ أَبْوَابِ الجَنَّةِ، فَتَحَهُ اللهُ لِخَاصَّةِ أَوْلِيَائِهِ،

Fa-inna al-jihâda bâbunn min abwâbi-l-jinnati, fatahahu-llâhu li-khâssati awliyâ’ihi

Le jihâd est une des portes du Parafis que Dieu a ouverte pour les particuliers de Ses Proches-Amis.

Fa-inna : « fa » particule de coordination + « inna » pour mettre en évidence, insister, confirmer

al-jihâd :  nom d’action du verbe « jahada » (déployer de gros efforts au maximum jusqu’à atteindre le but) = la lutte, le combat

bâb : pl. « abwâb » = porte

fataha-hu : ouvrir et « hu » pronom suffixe renvoyant à la porte

khâssat : nom du verbe « khassa » (attribuer qqch à qqch de façon unique à l’exclusion des autres, particulièrement) = particuliers

awliyâ’ihi : pluriel de « walî » du verbe « walâ » (lier entre 2 choses. l’une étant derrière l’autre, être très proche) = proches-amis

وَهُوَ لِباسُ التَّقْوَى، وَدِرْعُ اللهِ الحَصِينَةُ، وَجُنَّتُهُ الوَثِيقَةُ،

Wa huwa libâsu-t-taqwâ wa dir‘u-llâhi al-hasînatu, wa junnatuhu al-wathîqatu

Il est l’habit de la piété, la solide cotte de mailles de Dieu et son armure sûre

libâsu :  nom du verbe « labasa » (couvrir, recouvrir) = vêtement, habit

at-taqwâ : nom de la 2ème forme dérivée de « waqâ » (garder, protéger, préserver de) = la piété, la crainte de Dieu

dir‘u : cuirasse, cotte de mailles

al-hasînatu : participe passif du verbe « hasana » (protéger de façon absolue; être fortifié, garder) = fort, solide, protecteur

junnatu-hu : nom du verbe « janna » (être enveloppé, couvert) = armure et « hu » pronom suffixe renvoyant à Dieu

al-wathîqatu : participe passif du verbe « wathaqa » (Avoir confiance, mettre sa confiance en/ds) = ferme, solide, sûre, fiable

Le jihad est réservé aux gens proches de Dieu qui ont voué leur vie à Dieu pour défendre l’Islam, à qui Dieu a promis une récompense grandiose : le Paradis. Le jihad est l’habit de la piété, de la crainte de Dieu. C’est-à-dire, pas de jihad sans crainte de Dieu, obéissance à Lui et recherche de Sa Satisfaction. Et c’est par le Jihad que l’homme se protège de ses fautes et que la nation se préserve des corruptions intérieures et des ennemis extérieurs. Il est la meilleure des protections et la meilleure des assurances pour la vie de la nation islamique.

Ami ou ennemi ?!

Aime ton ami avec une certaine retenue, au risque qu’il devienne un jour ton ennemi !  Et ménage ta haine envers ton ennemi, peut-être deviendra-t-il un jour ton ami !

du Prince des croyants(p) in Nahjah al-Balâgha, Hikam n°268 (ou n° 270 ou n°259)

أَحْبِبْ حَبِيبَكَ هَوْناً مَا عَسَى أَنْ يَكُونَ بَغِيضَكَ يَوْماً مَا،

Ahbib habîbaka hawnann mâ ‘asâ an yakûna baghîdaka yawmann mâ

Aime ton ami avec légèreté, peut-être qu’il deviendra un jour objet de ta haine.

ahbib :  de « habba » (aimer) à l’impératif = aime

habîba-ka : nom du verbe « habba » = ton bien-aimé, ton ami avec « ka » le pronom suffixe 2e p.m.s.

hawnann mâ : nom d’action du verbe « hâna » (être léger, facile, jouir de peu de considération) = avec une certaine modestie, réserve

‘asâ an : pour exprimer une probabilité souhaitée introduisant une phrase où le verbe est au présent se terminant par « a » (« mansûb »)

baghîda-ka : nom du verbe « baghada » (être haï, détesté) et « ka » pronom suffixe renvoyant à l’inter-locuteur  = celui qui est haï et détesté par toi, ton ennemi

وَأَبْغِضْ بَغِيضَكَ هَوْناً مَا عَسَى أَنْ يَكُونَ حَبِيبَكَ يَوْماً مَا.

Wa abghid baghîdaka hawnann mâ ‘asâ an yakûna habîbaka yawmann mâ

Et ménage ta haine envers ton ennemi, peut-être qu’il deviendra ton ami un jour

Abghid :  de la 4ème forme dérivée de « baghada » (être haï, détesté) à l’impératif = hais, prends en haine

Appel à la mesure et à la modération dans les relations d’amour et de haine avec les autres. Ainsi, même si on aime beaucoup quelqu’un, il ne faut pas lui confier tous ses secrets ni lui dévoiler tous ses défauts, car ces sentiments peuvent se retourner  et la haine remplacer  l’amour et  l’amitié. Cette personne pourra exploiter ce qu’il sait aux dépens de l’autre. De même, pour les sentiments de haine. Cette personne détestée pourra devenir un ami, alors on regrettera  ce qu’on a ressenti et fait contre lui et on devra s’en excuser.

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