Figure énigmatique du Coran et de l’ensemble de la tradition musulmane, Khizr, appelé Khezr en persan et Khidhr en arabe, a été au centre de nombreuses légendes et récits mystiques et a parfois été assimilé au prophète Elie, à Saint Georges ou encore à Alexandre le Grand. Son nom est dérivé de la racine "Khdhr" (خضر) faisant référence à la couleur verte [1], étant donné qu’il est souvent associé à la nature et que, selon certains récits, la terre devenait verdoyante à son passage.
Khezr aurait bu à la "Source de la vie", symbolisant les hautes connaissances spirituelles acquises non pas au travers du raisonnement, mais grâce à un lien direct avec Dieu. Il est à ce titre considéré comme le détenteur d’un savoir mystique situé au-delà de tous les cadres référentiels de l’intellect humain. Parfois surnommé le prophète caché, l’homme vert, le roi de l’Hyberborea, ou encore le serviteur de Moïse, il compte parmi les quelques 124 000 prophètes (anbiyâ) évoqués dans la tradition musulmane, et est également l’un des quatre prophètes "éternels" ou "vivants" reconnus par l’Islam. [2] Son statut n’en demeure pas moins discuté, certains le considérant comme un saint, d’autres comme un prophète ou encore un "guide spirituel atemporel" dont l’esprit insufflerait les vérités divines aux âmes des croyants. Cité dans le Coran où il incarne l’initiateur de Moïse, il occupe une place centrale dans de nombreux courants mystiques de l’Islam et, de par sa ressemblance avec certaines figures des traditions judaïque et chrétienne peut, en soulignant l’existence de motifs communs eux-mêmes révélateurs d’aspirations profondes partagées, constituer le support d’une réflexion plus globale dans le domaine des religions comparées.
Biographie
Il apparaît difficile, voire impossible, de retracer avec précision la généalogie "terrestre" de Khezr : selon certains récits, il serait un descendant de la cinquième génération de Noé, ou aurait vécu à la même époque que Moïse. Selon d’autres versions, il ne se serait jamais incarné dans l’histoire et ne serait qu’un archétype spirituel et donc immortel au regard des réalités de ce monde. Il résiderait au sein du monde imaginal, "point de rencontre des océans célestes et terrestres" où, selon les versions, dans une île verte ou sur un tapis vert au cœur de l’océan…
Khezr aurait réussi à atteindre la "Source de la Vie" et se serait abreuvé de l’"Eau de l’Immortalité". Il échapperait donc à la vieillesse et à la mort et est à ce titre souvent décrit comme un jeune homme à la beauté inaltérable, d’où son titre de "prophète éternel" évoqué plus haut. Ce serait également suite à cela que son manteau se serait coloré de vert. Le vert symbolise également la fraîcheur de la connaissance, le cycle perpétuel de la vie, ainsi que la "renaissance" du pèlerin à lui-même à l’issue de sa rencontre avec Khezr. Plus généralement, le vert est, en islam, la couleur spirituelle par excellence symbolisant la sagesse divine que reçut également le prophète Mohammad. Elle revêt également des significations mystiques diverses. [3]
Khedr dans le Coran
Khedr et Elie s’émerveillant à la vue d’un poisson ayant repris vie après avoir été immergé dans la Source de la vie, dynastie timouride, XVe siècle.
Le personnage de Khezr [4] intervient dans la sourate 18 intitulée "La caverne" (al-Kahf) [5], où il apparaît comme l’initiateur de Moïse et le détenteur d’une science divine dépassant les lois de l’entendement humain. Le récit commence avec la déclaration de Moïse à Josué, alors qu’ils sont en mer : "Je n’arrêterai pas avant d’avoir atteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années" [6]. Selon les commentateurs, ce "confluent" fait ici référence aux hautes connaissances divines, et plus précisément à la rencontre de deux types de connaissance : l’une d’ordre exotérique et l’autre ayant une dimension plus ésotérique et mystique. La mer en soi symbolise également l’immensité illimitée de la science divine, alors que son "confluent", point de rencontre des deux types de savoir, marque l’apparition de la connaissance au sens vrai et l’accès à la compréhension de la sagesse divine.
En outre, peu avant la rencontre de Moïse avec Khezr, le Coran fait mention d’un poisson, symbole de la connaissance et de la sagesse, que Josué laisse malencontreusement s’échapper.
La disparition du poisson-sagesse qui devait être leur repas signale la perte de ce qui aurait permis à Moïse la compréhension subtile des événements qu’il va vivre avec Khezr : "lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer". [7] Le poisson, qui était mort, reprit vie lorsque Josué l’oublia, ce qui suggère également la nécessité de mourir à soi-même [8] pour atteindre la vraie connaissance, ainsi que la nécessité de s’y immerger de tout son être pour en saisir le sens profond. Le poisson incarne donc ici la voie par excellence de l’accès à la connaissance. L’étape suivante est celle de la rencontre avec Khezr, qui accomplit une série d’actions semblant contredire la Loi divine révélée, et qui choquent profondément Moïse (voir le récit ci-contre).
Selon certaines versions [9], cette rencontre aurait eu lieu après que Moïse ait affirmé être l’un des hommes les plus savants en matière de religion. Dieu aurait donc provoqué la rencontre avec Khezr pour lui montrer que les "sciences religieuses" ne se limitent pas à leur aspect purement légaliste. Khezr est donc l’initiateur de Moïse qui lui apprend, au-delà de l’apparence, à saisir le sens profond de certains événements de l’existence, au-delà de leur apparence néfaste ou illogique. Il suggère également l’existence d’une sagesse divine insondable transcendant la loi révélée (shari’a) et la religion littérale. Ces versets ont occupé l’esprit de nombreux commentateurs du Coran, de mystiques, de philosophes et de théologiens qui se sont efforcés d’en saisir le sens profond : qui fut réellement Khezr ? Un personnage historique ou un symbole ? Est-il un prophète, un messager, ou un "walî" (ami de Dieu) ?
Khedr et Moïse dans le Coran
Rappelle-toi quand Moïse dit à son valet [Josué] : "Je n’arrêterai pas avant d’avoir atteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années". Puis, lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer. Lorsque tous deux eurent dépassé cet endroit, il dit son valet : "Apporte-nous notre déjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage".
Le valet lui dit : "Quand nous avons pris refuge près du rocher, vois-tu, j’ai oublié le poisson - le Diable seul m’a fait oublier de te le rappeler - et il a curieusement pris son chemin dans la mer".
Moïse dit : "Voilà ce que nous cherchions". Puis, ils retournèrent sur leurs pas, suivant leurs traces.
Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous. Moïse lui dit : "Puis-je suivre, à la condition que tu m’apprennes de ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction ?".
L’autre dit : "Vraiment, tu ne pourras jamais être patient avec moi. Comment endurerais-tu sur des choses que tu n’embrasses pas par ta connaissance ?".
Moïse lui dit : "Si Dieu le veut, tu me trouveras patient ; et je ne désobéirai à aucun de tes ordres".
"Si tu me suis, dit l’autre, ne m’interroge sur rien tant que je ne t’en aurai pas fait mention".
Alors les deux partirent. Et après qu’ils furent montés sur un bateau, l’homme y fit une brèche. Moïse lui dit : "Est-ce pour noyer ses occupants que tu l’as ébréché ? Tu as commis, certes, une chose monstrueuse ! ".
L’autre répondit : "N’ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ?".
"Ne t’en prend pas à moi, dit Moïse, pour un oubli de ma part ; et ne m’impose pas de grande difficulté dans mon affaire".
Puis ils partirent tous deux ; et quand ils eurent rencontré un enfant, l’homme le tua. Alors Moïse lui dit : "As-tu tué un être innocent, qui n’a tué personne ? Tu as commis certes, une chose affreuse ! "
L’autre lui dit : "Ne t’ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ?"
"Si, après cela, je t’interroge sur quoi que ce soit, dit Moïse, alors ne m’accompagne plus. Tu seras alors excusé de te séparer de moi".
Ils partirent donc tous deux ; et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants ; mais ceux-ci refusèrent de leur donner l’hospitalité. Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s’écrouler. L’homme le redressa. Alors Moïse lui dit : "Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire".
"Ceci marque la séparation entre toi et moi, dit l’homme, Je vais t’apprendre l’interprétation de ce que tu n’as pu supporter avec patience.
Pour ce qui est du bateau, il appartenait à des pauvres gens qui travaillaient en mer. Je voulais donc le rendre défectueux, car il y avait derrière eux un roi qui saisissait de force tout bateau.
Quant au garçon, ses père et mère étaient des croyants ; nous avons craint qu’il ne leur imposât la rébellion et la mécréance.
Nous avons donc voulu que leur Seigneur leur accordât en échange un autre plus pur et plus affectueux.
Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait dessous un trésor à eux ; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu’ils extraient, eux-mêmes leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur. Je ne l’ai d’ailleurs pas fait de mon propre chef. Voilà l’interprétation de ce que tu n’as pas pu endurer avec patience".
Coran, Sourate al-Kahf (La caverne), versets 60-82
Le détenteur d’un savoir ésotérique situé au-delà de la Loi révélée
Khezr et Elie à la fontaine de la vie, Amîr Khosrow, Khamseh, XVe siècle
Khezr n’occupe pas le même rang que Moïse étant donné qu’il ne fut pas chargé de révéler une Loi divine (nubûwwat al-tashrî’) ; il a donc une importance historique moindre - pour peu qu’il ait réellement existé. Cependant, au niveau spirituel, il occupe un rang éminent en ce qu’il représente l’aspect ésotérique de la prophétie (bâtin al-nubûwwa) et est chargé d’en dévoiler le sens vrai et caché. [10] Ainsi, dans l’épisode que nous venons d’évoquer, Khezr détient la connaissance profonde du sens des événements terrestres, contrairement à Moïse dont l’horizon est limité à celui de la Loi. Moïse incarne donc l’aspect littéral de cette dernière, alors que Khezr semble appartenir à un ordre de réalité supérieur, situé au-delà des critères de discernement usuels. Ces deux personnages incarnent la double dimension de tout message divin : un aspect exotérique et apparent, symbolisé par Moïse, et un sens profond et ésotérique à déchiffrer, incarné par Khezr. Loin de se contredire, le premier se présente sous une forme plus accessible à l’homme, et constitue une première étape essentielle lui permettant par la suite de s’élever à la compréhension du second.
Une figure centrale de la mystique musulmane : de l’investiture du "manteau" à la "Source de la Vie"
Le personnage de Khezr est très présent dans l’ensemble de la mystique musulmane, et y assume le plus souvent le rôle de guide et d’initiateur reliant les hommes au divin. Il est également évoqué dans les œuvres des plus grands mystiques dont Mowlânâ, Sohrawardî, Ibn ’Arabî, al-Hallâj, ’Attâr, ’Abd al-Karîm al-Jîlî…
La notion de "maître spirituel" n’est cependant pas à entendre ici dans son sens historique mais renvoie davantage, comme l’a évoqué Henry Corbin, à "une affiliation céleste personnelle, directe et immédiate" [11]- et donc fondamentalement transhistorique. Etre disciple de Khezr renvoie donc à un type particulier d’initiation : celle qui se réalise sans l’intermédiaire de maîtres "temporels" appartenant à telle ou telle confrérie concrète, mais au travers d’un guide spirituel invisible apparaissant à l’horizon de l’âme. Il est à ce titre la personnification même de la quête spirituelle, et aurait été lui-même l’initiateur d’Ibn ’Arabî, l’un des plus grands mystiques de l’Islam. Khezr fut ainsi très présent tout au long de sa quête mystique [12] qui atteint son sommet lorsque, dans un jardin de Mossoul, en 1204, à la suite d’un rituel dont le sens profond paraît devoir rester secret, il fut investit du manteau (khirqa, faisant référence au vêtement des soufis) de Khezr par un "ami" qui avait auparavant été revêtu du même vêtement par Khezr lui-même. [13] Cet événement prend le sens d’une véritable investiture mystique et sera évoqué dans son œuvre à plusieurs reprises : dans le lexique d’Ibn ’Arabî, l’investiture du "manteau" de Khezr fait référence à l’atteinte d’un certain état spirituel correspondant à celui qui opère cette investiture. Il implique donc non seulement une filiation spirituelle, mais également une identification avec l’état spirituel de Khezr lui-même ou de son intermédiaire. Cette filiation s’opère selon un ordre vertical relevant du divin et de l’invisible. Elle introduit donc une vision de la temporalité située au-delà du temps irréversible et quantitatif au sein duquel nous vivons ; le synchronisme et les rencontres de personnalités ayant vécues à des époques différentes étant rendues possibles au niveau de l’âme, temps qualitatif pur.
Elie donnant son manteau à Elisée avant de monter au ciel sur un char de feu
De nombreux récits, notamment certains contes initiatiques de Sohrawardî, font intervenir le personnage de Khezr qui représente l’initiateur suprême et le guide de l’âme dans son retour vers sa patrie originelle. Dans "L’archange empourpré" (’Aql-e Sorkh), un ange dévoile au pèlerin mystique la voie pour atteindre la Source de la Vie. Lorsque ce dernier craint les difficultés du chemin, son ange lui suggère de "chausser les sandales de Khezr" pour y parvenir. [14] La fin du récit évoque également que l’atteinte de cette Source équivaut à "trouver le sens de la Vraie réalité", c’est-à-dire à accéder à la vérité ésotérique de la religion au-delà de son aspect littéral. [15]
Au sein de la tradition soufie traditionnelle, Khezr figure souvent au sommet de la hiérarchie des "amis de Dieu" (awliyâ) dont la mission est notamment d’aider les pèlerins mystiques en détresse, de les guider dans leur initiation, et parfois de les revêtir de son "manteau". Il pourrait ainsi être qualifié de sorte de "saint patron des derviches" et de tous ceux recevant une illumination divine sans passer par une médiation humaine.
Jean-Baptiste, Théophane le Grec, XIVe siècle
Cependant, dans Mantiq al-Tayr (Le Langage des oiseaux), ’Attâr nous montre que paradoxalement, le personnage de Khezr se trouve être à l’opposé de ce que le soufi désire. Ainsi, à l’issu d’un dialogue entre Khezr et un mystique, ce dernier conclut : "Toi et moi sommes incompatibles, car tu as bu l’Eau de l’immortalité qui te fera exister éternellement, alors que moi, je ne souhaite qu’abandonner ma vie [pour rejoindre Dieu]" [16].
La figure de Khezr dans le chiisme
La fonction de Khezr ressemble en de nombreux points à celle de l’Imâm (dans son sens spirituel) dans le chiisme. En effet, après la mission prophétique de Mohammad qui fut de révéler une loi divine aux hommes (shari’a ou exotérique de la prophétie, "zâhir al-nubûwwa"), la religion chiite considère que la tâche de l’Imâm est de guider tout croyant à la compréhension de son sens profond (bâtin al-nubûwwa). Khezr incarne en ce sens une des inspirations profondes du chiisme. En outre, le dernier imâm du chiisme duodécimain ou "l’imâm caché" résiderait dans l’Ile Verte, au centre de la mer de blancheur - référence explicite à la couleur et au lieu de résidence de Khezr évoqués précédemment. Les deux détiennent également les clés ultimes du savoir divin, mais seul l’ "imâm du temps" [17] est destiné à revenir au jour de la résurrection (qiyâma). Certains commentateurs chiites ont également interprété la rencontre de Moïse avec Khezr comme la rencontre de ce dernier avec l’ "Imâm de son être".
Une réflexion sur les dimensions infinies de la "connaissance"
Le personnage de Khezr souligne également la nature essentiellement limitée de nos connaissances, tout en suggérant que la sagesse divine se situe au-delà de tous les cadres de référence, raisonnements, et même parfois de la notion de "bien" définie par l’homme. [18]
La relation entre Moïse et Khezr fait référence à une autre invitation globale du Coran bien souvent bafouée : celle de ne pas se confiner à une imitation (taqlîd) aveugle et à une application littérale de la Loi sans chercher à en percevoir le sens, mais, au travers de sa propre réflexion et cheminement spirituel intérieur, s’élever au-delà des pratiques communément acceptées pour atteindre le sens profond de l’enseignement prophétique et de l’ensemble des révélations. Cependant, l’accès au sens véritable de la Loi ne signifie en aucun cas son abolition, mais l’accomplissement de sa raison d’être et de sa Vérité (haqîqa). Cette rencontre suggère également, à l’adresse de tout philosophe ou logicien, que l’on ne peut prétendre accéder au divin avec les seules armes de la dialectique et de la logique, étant donné que ces dernières sont fondées sur les lois dont l’application est restreinte à notre univers physique limité. La rencontre de Moïse avec Khezr ouvre également la voie à une réflexion plus vaste sur les relations entre raison, foi et patience, mais aussi sur le rôle de la négligence humaine dans le maintien d’un état d’ignorance ; responsabilité suggérée par l’ "oubli" du poisson qui lui aurait permis de saisir les mystères divins.
Khedr et ses multiples "frères spirituels"
Certains ont rapproché ou même parfois identifié Khezr aux prophètes Enoch [19] (Idrîs) Jérémie et Elie (Ilyâs), avec qui il aurait bu à la Source de la Vie, ou encore à Saint Georges. Il a également été comparé à la figure du "Pîr-e sabz" (Vieux sage vert) du zoroastrisme, à Hermès Trismégiste, Seth, Phinéas… [20]
La rencontre de Moïse et Khezr évoquée dans le Coran a également été rapprochée de deux histoires plus anciennes : l’épopée de Gilgamesh, l’un des plus anciens textes sumériens [21], et l’histoire de Zûl-Qarnayn ou Sikandar (qui correspond au personnage d’Alexandre le grand), dont Khezr aurait été le vizir et l’aurait guidé dans sa quête de la Fontaine de la Vie. Cette quête est notamment évoquée dans le Shâhnâmeh de Ferdowsî et dans le Eskandar nâmeh de Nezâmî. [22] Dans d’autres récits, tel que celui d’Amir Khosrow, Khezr et Elie recherchent ensemble la Source de la vie. S’arrêtant près d’une source pour manger leur repas - un poisson séché-, celui-ci tombe accidentellement dans l’eau et reprend vie. Ces derniers comprennent alors qu’ils ont découvert la Fontaine de la Vie, boivent de son eau et deviennent immortels. Dans la majorité de ces versions, la mystérieuse source se trouve également dans un endroit ténébreux, au confluent de deux mers. [23]
Jean-Baptiste, Théophane le Grec, XIVe siècle
Dans la littérature européenne, il a souvent été rapproché du mystérieux "chevalier vert" du conte "Sir Gauvain [l’un des chevaliers de la table ronde du Roi Arthur] et le chevalier vert", où la foi de Gauvain est éprouvée à plusieurs reprises par ce dernier. Dans Zadig ou la destinée, Voltaire reprend dans sa quasi-intégralité l’histoire la rencontre de Moïse avec un "sage" telle qu’elle est présentée dans le Coran.
Une dévotion multiforme
De nombreux sanctuaires en Turquie, Syrie (notamment dans la ville de Mahis), Iraq ou encore en Asie Mineure, en Albanie, et en Lybie lui ont été consacrés, sans compter les innombrables mosquées et lieux ayant été baptisés de son nom, parmi lesquels figure notamment la "montagne de Khezr" à Qom.
Khezr est également une figure centrale de l’alévisme, où trois jours de jeûne doivent être effectués chaque année en l’honneur du "Prophète Hizir". Il fait l’objet de cultes particuliers en Syrie - où il tend souvent à être assimilé à Saint Georges-, ou encore en Iraq où, une fois par an, des fidèles musulmans se rassemblent autour du couvent chrétien des Carmes Déchaux à Bagdad en son honneur. En outre, Khezr est connu en Inde et au Pakistan sous le nom de Khwâdja Khidr, et incarne une sorte de divinité associée à l’eau profondément respectée des pêcheurs et marins. [24]
En Inde, Khezr fait l’objet d’un culte commun entre musulmans et indous, notamment au sein d’un sanctuaire près de Bakhar. Il est le plus souvent représenté entièrement vêtu de vert et se déplaçant sur l’eau, debout sur le dos d’un poisson le conduisant vers la Source de la Vie. Enfin, dans de nombreux pays moyen-orientaux, il est de facto devenu une sorte de "saint patron des marins" dont le nom est invoqué lors du départ d’un bateau.
Khedr et Elie
Dans la tradition musulmane, Khezr est souvent évoqué aux côtés du Prophète Elie et est même parfois, dans certains récits, totalement identifié à ce dernier. Elie, qui fait également partie des prophètes dits "éternels", est mentionné à deux reprises dans le Coran où il apparaît sous le nom d’ "Ilyâs" ou "Ilyasîn" [25]. Il y incarne notamment le redresseur de la religion face à ceux prétendant en dénaturer le message. Certains commentateurs ont affirmé qu’il était également le mystérieux initiateur de Moïse dans la sourate de la Caverne.
Dans la tradition juive, Elie est également considéré comme un prophète immortel, [26] et est évoqué en multiples occasions dans les livres de Kabbale dont le Zohar. Il y est souvent présenté comme le gardien de la foi, rôle qui n’est pas sans ressemblance avec la mission qui lui incombe dans la tradition musulmane. Le fondateur même de la Kabbale, Rabi Schiméon Bar Yochaï, ou encore ses grands maîtres comme Rabi Isaac Luria Ashkenazi, ont affirmé avoir été directement initiés par Elie. [27]
Il est aussi intéressant de constater que les écritures hébraïques établissent la même distinction que le Coran concernant les fonctions respectives de Moïse et Elie : le premier y est présenté avant tout comme le législateur, alors que le second appartient à un ordre plus mystique, s’opposant parfois au pur littéralisme et surtout à l’entrée de la religion dans la sphère politique. Son rôle de "redresseur de la religion" ainsi que le parcours initiatique suivi par Elie est également évoqué de manière symbolique dans le Premier livre des Rois, où le motif de la source est notamment présent. [28]
Enfin, le Second livre des Rois évoque le motif du "manteau d’Elie" qui n’est pas sans résonnance avec l’investiture du manteau de Khezr évoquée précédemment : avant qu’Elie ne monte aux cieux sur un char de feu, Elisée le supplie de lui laisser "une double portion de son esprit". Il prend alors le manteau qu’Elie a laissé à terre et est alors investi de l’esprit du prophète [29] .
La figure d’Elie occupe également une place centrale dans la tradition chrétienne. Il apparaît à plusieurs reprises dans les Evangiles, notamment lorsque l’ange annonce à Zacharie la venue de son fils Jean Baptiste et lui indique que ce dernier sera "revêtu de l’esprit d’Elie" [30]. Le comportement de Jean Baptiste sera également maintes fois rapproché de celui d’Elie : prêchant constamment dans le désert, et destiné, comme Elie l’a fait pour les rois d’Israël, à oindre Jésus. [31] L’onction en elle-même symbolise le début de l’initiation, motif inséparable de la personnalité de Khezr. En outre, Moïse et Elie apparurent à Jésus lors de sa transfiguration ; ceci ayant parfois été interprété comme un signe de la perfection de la connaissance du Christ étant parvenu à cumuler les deux aspects de la science divine. [32]
Elie est abondamment cité dans les écrits des pères de la tradition chrétienne, dont Saint Clément, Saint Irénée, ou encore Saint Jean Chrysostome. Il est également considéré comme le fondateur de l’Ordre religieux des Carmes [33], auxquels appartenaient notamment Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse d’Avila. Enfin, le sacrifice ultime d’Elie au Mont Carmel est le symbole, pour de nombreux auteurs spirituels chrétiens des IVe et Ve siècles, de la venue de l’Esprit du pèlerin engagé dans la voie de l’ascèse spirituelle et de la foi.
Prophète et ange personnel, "maître de tous les sans-maîtres" et symbole d’une spiritualité dégagée des carcans littéralistes et sociaux, Khezr est l’initiateur par excellence permettant d’accéder au véritable "esprit" des révélations divines. Il n’en demeure pas moins un personnage peu connu, très complexe, que même les plus grands commentateurs et mystiques n’ont su cerner dans sa totalité. Dans la tradition mystique musulmane, Khezr n’en demeure pas moins une figure spirituelle vivante, susceptible de guider chaque croyant l’invoquant de manière sincère. Selon ’Alî Wafâ (XVIe siècle), Khezr serait pour chaque pèlerin ce que fut l’ange Gabriel pour les prophètes : l’Esprit de sa vocation et de sa foi, se révélant à lui selon ses propres dispositions et aspirations, et dont l’esprit est présent au sein des trois grands monothéismes et incarne le même appel fondamental : "Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Eternel est Dieu, allez après lui…" [34]
Références
* Le Coran, traduction de Kasimirski, Flammarion, 1993.
* La Sainte Bible, traduction de l’Ecole Biblique de Jérusalem, Desclé de Brouwer,
* ’Attâr, Farîd al-Dîn, Le langage des oiseaux, Albin Michel, Spiritualités vivantes, 1996.
* Corbin, Henry, En islam iranien, aspects spirituels et philosophiques, Gallimard, Tel, 1991.
* Corbin, Henry, L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn ’Arabî, Entrelacs, 2006.
* Healy, Kilian, Bigorie, Monique, Elie, prophète de feu, Grands Carmes, Parole et Silence, 2006.
* Masson, Michel, Elie ou l’appel du silence, Paris, Cerf, 1992.
* Netton, Ian Richard, "Theophany as Paradox : Ibn ’Arabi’s Account of al-Khadir in his Fusus al-Hikam" in the Journal of the Muhiyiddin Ibn ’Arabi Society XI, 1992.
* Nicholson, Reyno, Studies in Islamic Mysticism, Routledge, Curzon Press, 2001.
* Poirot, Eliane, Elie et Elisée, prophètes du Carmel, Existenciel, 2007.
* Shafi, Muhammad, Ma’arif al-Qur’ân, Karachi, Dar al-Ma’arif, 1978, vol. V.
* Schimmel, Annemarie, Le soufisme, ou les dimensions mystiques de l’islam, Cerf, Patrimoines, 1996.
* Schwarzbaum, Haim, Biblical and Extra-Biblical Legends in Islamic Folk-Literature, Verlag fur Orientkunde, 1982.
* Sohravardî, ShihâboddînYahyâ, L’archange empourpré, Quinze traités et récits mystiques, traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.
* Wensinck, A. J., "Khadir" in The encyclopedia of Islam, No. 29
* Abd al-Haqq, "Elie dans la tradition judaïque" ; "Elie dans la tradition chrétienne", www.bldt.net
Notes
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[1] Louis Massignon avait quant à lui opté pour "al Khâdir", c’est-à-dire "celui qui verdit, qui prend une couleur verte". Selon les pays, il est appelé Khedr, Khadr, Khadar, Khadir, Hizir, Khizir, ou encore Khidroun.
[2] Les trois autres étant Idris (Enoch), Ilyâs (Elie) et ’Issâ (Jésus).
[3] Voir notamment les travaux du grand mystique iranien Semnânî et son étude consacrée aux "sept prophètes de ton être" évoquée par Henry Corbin dans le tome 3 de En islam iranien (Chap. 7, "Les sept organes subtils de l’homme selon ’Alâoddawleh Semnânî (736/1336)). Il y évoque notamment que chaque prophète est symbolisé par une couleur particulière ayant elle-même de multiples significations spirituelles ; celle du prophète Mohammad étant la couleur verte.
[4] Bien qu’un ne soit pas mentionné nommément dans le Coran, la grande majorité des commentateurs et des recueils de Hadîths se sont accordés pour reconnaître dans ce mystérieux initiateur la figure du "Khezr éternel".
[5] Qor’ân, sourate "al-Kahf", versets 65-82.
[6] Ibid, verset 60.
[7] Ibid, verset 61.
[8] C’est-à-dire de se dégager de tout ses préjugés et attaches matérielles, et de ne désirer la connaissance que pour elle-même, et non pour satisfaire des ambitions personnelles.
[9] Cette version est notamment citée par Sahîh al-Boukharî (dans son ouvrage rassemblant de nombreux hadîths) ainsi que par Ibnou Kouthayr (dans son commentaire du Coran). Elle est également évoquée dans les ouvrages de Muhammad Shafî, Ma’arif al-Qur’ân, Karachi, Dar al-Ma’ârif, 1978, ainsi que de J.M.S. Baljon, A mystical Interpretation of Prophetic Tales by an Indian Muslim : Shah Wali Alla’s Tawil al-Ahadith, Leiden, 1973.
[10] A ce titre, Nicholson a évoqué que sa prophétie se situait davantage au stade de "prophétie de sainteté (nubûwwat al-wilâya) et non, comme celle de Moïse, de "prophétie institutionnelle" (nubûwwat al-tashrî’), Nicholson, R. A., Studies in Islamic Mysticism, Cambridge University Press, 1921.
[11] Corbin, Henry, L’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn ’Arabî, Entrelacs, 2006. Dans cet ouvrage, l’auteur aborde notamment la question centrale de la relation entre l’âme individuelle et l’intelligence agente. Il analyse également la fonction et la nature de Khezr en tant que guide spirituel, qui s’apparenterait sous de nombreux aspects à celles de l’Esprit Saint. Selon lui, Khezr incarne la dimension foncièrement personnelle et individualisante de l’initiation, soulignant qu’il n’y a pas de "voie" uniforme à suivre, mais un "soi propre" ou une "vérité de son être" à trouver et qui se manifestera sous autant de formes qu’il y a de disciples.
[12] Khezr lui serait également apparût une fois, à la suite d’un désaccord entre lui et son maître Abû-l-Hasan al-Oryanî, pour l’inviter à avoir confiance dans les opinions de ce dernier. Il revint chez son maître pour lui dire qu’il s’était repenti, mais avant qu’il ne prononce le moindre mot, al-Oryanî se serait exclamé "Sera-t-il encore nécessaire que t’apparaisse Khezr à chaque fois que tu devras écouter et te fier à la parole de ton maître ?"
[13] A propos de cet événement, Ibn ’Arabî relate lui-même : "Cette association avec Khezr fut expérimenté par un de nos Sheikhs, ’Alî ibn ’Abdollah ibn Jâmi’, lui-même disciple de ’Alî al-Motawakkil et de Abû ’Abdallah Qadîb Albân. Il vivait dans un verger lui appartenant, aux environs de Mossoul. C’est à cet endroit que Khezr l’avait investit du manteau, en présence de Qadîb Albân. Et ce fut également en ce même lieu que le Sheikh m’investit à son tour, en suivant le même cérémonial que Khezr avait observé avec lui. […] Ce manteau est pour nous, en effet, un symbole de fraternité ; le signe que nous partageons la même culture spirituelle, la pratique du même éthos… Il s’est ainsi étendu une coutume entre les maîtres mystiques : lorsqu’ils constatent une quelconque déficience chez l’un de leurs disciples, le Sheikh s’identifie mentalement avec l’état de perfection qu’il souhaite lui transmettre. Une fois cette identification opérée, il prend le manteau qu’il portait au moment où il a atteint cet état spirituel et en revêt le disciple dont il souhaite perfectionner le degré d’avancement spirituel. C’est ainsi que le Sheikh communique à son disciple l’état spirituel produit en lui, de sorte que sa propre perfection s’actualise dans son disciple. Ainsi en est-il du rituel de l’investiture, que nous connaissons bien, et qui nous a été transmis par les Sheikhs ayant atteint un degré spirituel supérieur à nous".
[14] "Si tu veux partir à la quête de cette Source, chausse les mêmes sandales que Khezr (Khadir) le prophète, et progresse sur la route de l’abandon confiant", "Le récit de l’archange empourpré" (’Aql-e Sorkh) in Sohravardî, Shihâboddîn Yahyâ, L’archange empourpré, Quinze traités et récits mystiques, traduits du persan et de l’arabe, présentés et annotés par Henry Corbin, Fayard, 1976.
[15] Ibid. Sohrawardî compare également le dépassement de la lettre de la révélation laissant place à l’apparition du sens caché "au baume dont tu distilles une goutte dans le creux de ta main en la tenant face au soleil, et qui alors transpasse au revers de ta main." Pour ensuite conclure : "Si tu es Khezr, à travers la montagne de Qâf, toi aussi, tu peux passer". L’invitation finale à "devenir" Khezr fait référence à une élévation au-delà de l’apparence de la lettre pour accéder au sens caché et profond du message divin. Khezr vient pour libérer l’homme des carcans légalitaires. Dans ce sens, il peut également être rapproché du personnage de Hayy ibn Yaqzân dans les récits visionnaires d’Avicenne. Cependant, certains ont vu dans la peur des conséquences liées à ce "magistère individuel" de Khezr une des raisons du rejet de l’avicennisme latin par les religieux orthodoxes en Occident, l’idée d’un ange individuel demeurant étrangère aux préceptes de bases de la scolastique orthodoxe.
[16] Attâr, Farîd al-Dîn, Le langage des oiseaux, Albin Michel, Spiritualités Vivantes, 1996.
[17] "Emâm-e zamân", autre nom donné au douzième imâm.
[18] Cependant, l’interprétation de cette rencontre a parfois fait le jeu de courants fondamentalistes, leur permettant de justifier des actes profondément iniques en alléguant avoir agi au travers d’une supposée "volonté divine" située au-delà de tout référent humain. Il faut donc ici rappeler que le but de ces versets n’est que de suggérer la dimension insaisissable de la sagesse divine au travers des actions de Khezr, qui est en quelque sorte exceptionnellement "mandaté par Dieu" pour en dévoiler le sens ; cela n’implique cependant aucunement que les êtres humains soient invités à l’imiter en commettant des actes à l’apparence injuste, étant donné qu’ils ne détiennent en aucun cas la "sagesse" de Khezr.
[19] "Enoch" vient de l’hébreu Hanoch signifiant "initiateur" ou encore "celui qui ouvre l’œil de l’intérieur".
[20] Selon certaines interprétations, Khezr ne serait en réalité qu’une âme unique qui serait passée, par métempsychose, au travers de l’ensemble des prophètes évoqués.
[21] Je remercie M. Jacques Laffitte de m’avoir signalé le fait que ce traité n’est pas d’origine talmudique contrairement à ce qui avait été indiqué dans la première version de l’article, mais l’un des plus anciens textes sumériens. Voici un extrait de son commentaire à propos des origines sumériennes de ce traité : "[…] c’est de cette culture, une, sinon la plus ancienne puisqu’ayant créé la première écriture qu’est tirée la Genèse biblique (provenant de l’Enuma Elish récit babylonien de la création). L’épopée de Gilgamesh étant un des textes les plus anciens, il convient donc de se demander si les textes et personnages tels ceux de Kehzr ne sont pas des reprises de personnages reformatés par chaque nouvelle religion quand elle se constitue (cf également les 7 dormants). Dans ces domaines religieux les emprunts sont courants ainsi que les amalgames de personnages ou les associations de traits les caractérisant. Ou regroupement de caractéristiques telle que la non-mort ou enlèvement direct aux cieux qui caractérisent respectivement Enoch, Moïse dont on ne connait pas la tombe, Elie. Ce thème de l’enlèvement a bien sûr à voir avec l’immortalité, rêve taraudant l’humanité et qui est comme tel le but de Gilgamesh en même temps que de sauver son ami. Voir le livre Quand les dieux faisaient l’homme de Kramer et Bottéro Gallimard. Sur Elie comme représentant le courant spiritualiste différant radicalement du courant mosaïste du dieu interventionniste, voir Elie ou l’appel du silence de Michel Masson au Cerf."
[22] L’origine de cette histoire se situe dans le texte grec ancien intitulé le Roman d’Alexandre du Pseudo-Callisthène.
[23] Des vieux textes suméro-babyloniens font également état de l’existence d’une source où pousse une plante rendant immortel celui qui la consommera, et située au-delà d’un océan de ténèbres, au lieu de "rencontre des fleuves".
[24] Friedlander, "Khidr", Encyclopedia of Religions and Ethics.
[25] Sourates "as-Sâffât", 37:123-132 et "al-An’âm", 6:85.
[26] Il aurait été enlevé aux cieux par un "char de feu", échappant ainsi à la mort terrestre.
[27] Il en est de même concernant les grands maîtres de l’Hassidisme, autre grand courant mystique judaïque.
[28] "Alors, au temps du roi d’Israël Achab, Dieu envoya un prophète qui s’appelait Élie. Achab pécha contre Dieu encore plus que les autres rois avant lui. […] Élie vint rencontrer Achab et lui dit : - Par le Dieu vivant d’Israël, voici ce que je te déclare : il n’y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sauf si je le demande. Puis le Seigneur parla ainsi à Élie : - Pars te cacher vers l’orient. Cache-toi près du torrent de Kerit. Tu boiras l’eau du torrent et Je donnerai l’ordre aux corbeaux de t’apporter ta nourriture. Élie obéit. Les corbeaux lui apportèrent du pain et de la viande matin et soir, et il but l’eau du torrent.", Premier livre des Rois, (4/5), chap. 17.
[29] Second livre des Rois, 2:8-15. "Les fils des prophètes qui étaient à Jéricho, vis-à-vis, l’ayant vu, dirent : L’esprit d’Élie repose sur Élisée ! Et ils allèrent à sa rencontre, et se prosternèrent contre terre devant lui."
[30] "L’ange [Gabriel] lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t’enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Elie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé." Evangile selon Saint Luc, 1:13-17
[31] Evangile selon Saint Matthieu, 11:7-10 et 11:13-15 : "C’est lui qui est l’Elie qui devait venir."
[32] "Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; ses vêtements devinrent resplendissants, et d’une telle blancheur qu’il n’est pas de foulon sur la terre qui puisse blanchir ainsi. Élie et Moïse leur apparurent, s’entretenant avec Jésus. Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : "Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie." Car ils ne savaient que dire, l’effroi les ayant saisis." (Évangile selon Saint Marc, 9:2-6).
[33] Avant le début des premières croisades, les membres de cet Ordre revêtaient le même manteau que les soufis et reçurent jusqu’au XIIIe siècle des subsides des califes de l’époque.
[34] "Alors Élie s’approcha de tout le peuple, et dit : Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, allez après lui ; si c’est Baal, allez après lui ! Le peuple ne lui répondit rien." Bible, Premier Livre des Rois, 18:21.